C’est au cours d’une session découverte sur Bandcamp que nous sommes tombés sur une pépite musicale attisant notre curiosité. PoiL Ueda, c’est l’alliance d’un groupe de rock Français, PoiL, et d’une chanteuse musicienne japonaise, Junko Ueda. Ensemble, ils nous emmenent sur les traces du samouraï Yoshitsune au travers de leur album du même nom, sorti via Dur et Doux ce vendredi 3 novembre. Ambiance survoltée, curiosité musicale mais surtout récit épique.
par Marye Davenne
English version below
Dans une orchestration presque zizanique, nous faisons connaissance avec chaque membre compteur de notre récit du jour. Zizanie ai-je dit ? Rien n’est fait au hasard. Sous une rythmique très progressive, claviers, guitare, basse, batterie et satsuma biwa forment avec « Kumo » une aventure déjà pleine de péripéties. La voix de Junko Ueda nous raconte le début du voyage de Yoshitsune. Celui ci navigue à Daimotsu-no-Ura (une baie près d’Osaka dans la mer intérieure de Seto) escorté par Benkei, son fidèle vassal. Dans la tempête, des fantômes du clan Heike apparaissent autour du bateau de Yoshitsune et Benkei. Ces fantômes se manifestent dans un choeur de voix masculines par les musiciens du groupe. Le fantôme de Taira-no-Tomomori, commandant du clan Heike et tué par Yoshitsune lors de la bataille de Dan-no-Ura, tente d’entraîner Yoshitsune et Benkei au fond de la mer. Cependant, lorsque Benkei récite ses prières et utilise ses perles, le fantôme se calme et s’éloigne. Prières et percussions sont en alliance pour une bataille prenante. Cette ouverture d’album, de 13 minutes ne laissent aucun répit à l’auditeur. Une fois sorti d’affaire, Yoshitsune arrive enfin à Yoshino pour retrouver sa maîtresse, Shizuka. Dans le titre « Omine San », Yoshitsune lui fait part de la terrible situation à laquelle il est confronté et doit lui demander de supporter une nouvelle fois leur séparation. Le bruit des fûts qui claquent assombrissent ce dur moment. Notre personnage récitera un poème sur « Yoshino », dans un pur moment entre présent et passé. Toutes les sonorités se mélangent, se confrontent et n’attendent qu’à laisser votre imagination les illustrer. L’expérience Live nous semble devenir une priorité dans une telle écoute.
« Solo » nous conte l’arrivée de Yoshitsune, Benkei et leurs porteurs au poste frontière d’Ataka déguisés en moines bouddhistes. Dans un silence très religieux, la voix de Junko illustre discussion qui commence à s’echauffer de plus en plus sous son satsuma biwa est frappé. Le chef des gardes, Togashi, soupçonne que l’un des moines (qui est en fait Yoshitsune) n’est pas ce qu’il semble être. Benkei fait diversion en criant à son maître Yoshitsune : « Allez, porteur, fainéant, passe par là ! » et le frappe avec un lourd bâton. Bien que le garde ait compris la ruse, il est tellement ému par le cœur fidèle de Benkei qu’il leur permet de passer la frontière. Le moment de répit et de remerciement se fait sur la guitare de « Koko ». Yoshitsune prend la main de Benkei, le remercie de lui avoir sauvé la vie et s’excuse de l’avoir forcé à se mettre dans une situation difficile. C’est sous un hiver pluvieux et venteux que l’on peut entendre souffler dans nos oreilles que Benkei reprends sa route.
PoiL Ueda savent nous embarqué dans une expérience auditive sans précédent. « Yoshitsune » et un très beau récit, qui s’illustre parfaitement aux travers de sons jazzy, profondément rock et porté par la voix de Junko Ueda.

Tracklist :
- Kumo
- Omine San
- Yoshino
- Solo
- Kokô
It was during a discovery session on Bandcamp that we came across a musical nugget that aroused our curiosity. PoiL Ueda is the alliance of a French rock band, PoiL, and a Japanese singer-musician, Junko Ueda. Together, they take us on a journey in the footsteps of the samurai Yoshitsune on their album of the same name, released via Dur et Doux on Friday the 3rd November. It’s an over-the-top atmosphere, a musical curiosity and, above all, an epic tale.
In an almost zizanic orchestration, we get to know each counter member of our story for the day. Zizanie did I say? Nothing is left to chance. Under a very progressive rhythm, keyboards, guitar, bass, drums and satsuma biwa form with « Kumo » an adventure already full of adventures. Junko Ueda’s voice tells us the beginning of Yoshitsune’s journey. He sails to Daimotsu-no-Ura (a bay near Osaka in the Seto Inland Sea) escorted by Benkei, his loyal vassal. In the storm, ghosts of the Heike clan appear around Yoshitsune and Benkei’s boat. These ghosts are manifested in a chorus of male voices by the band’s musicians. The ghost of Taira-no-Tomomori, commander of the Heike clan and killed by Yoshitsune at the battle of Dan-no-Ura, tries to drag Yoshitsune and Benkei to the bottom of the sea. However, when Benkei recites his prayers and uses his beads, the ghost calms down and moves away. Prayers and percussion combine for a gripping battle. This 13-minute album opener leaves no respite for the listener. Once out of the woods, Yoshitsune finally arrives in Yoshino to find his mistress, Shizuka. In the track « Omine San », Yoshitsune tells her of the terrible situation he is facing and has to ask her to put up with their separation once again. The sound of banging drums overshadows this difficult moment. Our character recites a poem about « Yoshino », in a pure moment between present and past. All the sounds mix and clash, just waiting for your imagination to illustrate them. Live experience seems to us to become a priority in such listening.
« Solo » tells of the arrival of Yoshitsune, Benkei and their porters at the Ataka border crossing disguised as Buddhist monks. In a very religious silence, Junko’s voice illustrates a discussion that is beginning to heat up more and more under her satsuma biwa. The head of the guards, Togashi, suspects that one of the monks (who is in fact Yoshitsune) is not what he seems. Benkei distracts the guard by shouting at his master Yoshitsune: « Come on, carrier, lazybones, go that way! » and hits him with a heavy stick. Although the guard has understood the ruse, he is so moved by Benkei’s faithful heart that he allows them to cross the border. The moment of repentance and thanksgiving comes to the sound of « Koko » guitar. Yoshitsune takes Benkei’s hand, thanks him for saving his life and apologises for forcing him into a difficult situation. Benkei resumes his journey in a rainy, windy winter that can be heard blowing in our ears.
PoiL Ueda knows how to take us on an unprecedented auditory experience. « Yoshitsune » is a beautiful tale, perfectly illustrated by the jazzy, deeply rocking sounds of Junko Ueda’s voice.