L’année est entamée depuis maintenant 11 jours, et les choses sérieuses reprennent ! Ce 11 janvier, Khawaii Molotov et Anticore Shows nous proposent une « soirée 100% DIY et amateur », à coup de rap et punk, faisant venir sur la scène de The Black Lab, le projet du lillois Sinoque et les Toulousains/marocains/grecques de Krav Boca. Nous sommes également accueillis puis invités à jouer les prolongations avec DJ Stamiff. Une grande partie de l’équipe de Sounding Shivers était sur place, autant pour profiter que pour vous raconter cette folle soirée !
Report par Mégane Canis
Photos par Zo’
English version below
Le son est déjà bien fort lorsque nous arrivons, DJ Stamiff étant déjà derrière ses platines, dégainant ce que l’on peut trouver de meilleur du rap au punk. Nous le retrouvons avec plaisir à The Black Lab, après sa performance au Grand Mix en compagnie de Zeuzloo. Cette fois sa mission est différente et il la remplira avec brio, chauffant tranquillement le public, arrivant progressivement et profitant des breuvages du bar, avant de voir arriver Sinoque sur la scène.
On arrive donc dans le vif du sujet avec le projet rap de Sinoque. Il est accompagné sur scène par Siwak et Busta Flemme. Ce dernier arrive avec une écharpe Palestine sur la tête, nous donnant le ton de la soirée. Les trois rappeurs arrivent dans le noir de la salle, éclairés uniquement grâce à leurs lampes torches, et à la casquette/lumière frontale de Sinoque. Les paroles sont engagées, tantôt antiflics, tantôt antiriches, soutenant les plus démunis, fragiles et brimés. Évidemment Sinoque occupe le rôle central, ce projet étant le sien, mais il ne manquera pas de mettre en avant Busta Flemme et Siwak. Celle-ci parle des même types de sujet, avec le point de vue d’une femme, ce qui amène un ton intéressant aux titres proposés. Certains titres portés par Sinoque comme « Flaquons » abordent des sujets plus sérieux comme les addictions. Après un petit « Coup de tête balayette » sur l’air de « Pirouette cacahuète » qu’on n’apprendra clairement jamais dans les écoles privées des beaux quartiers, Busta Flemme prend le lead pendant quelques minutes, lui permettant de mettre des mots sur l’écharpe qu’il porte. Chacun des trois protagonistes amène sa vision, toujours dans un combat et des valeurs communes. La présence de Busta Flemme et Siwak apporte un relief à la formation et un aspect scénique beaucoup plus collectif. Le public répond présent aux sollicitations, participe par des applaudissements nourris, des cris d’approbations aux messages véhiculés et des doigts levés lorsque le sujet policier est amené. Sur fond de « Tout le monde déteste la police », la salle se transforme en lieu manifestation géante, les gaz lacrymo en moins, les flics, les racistes, les homophobes, les machistes et autres choses du genre qui auraient pu être là (par accident) ayant été déjà priées de ne pas rester. On termine le show de manière explosive avec « High kick dans la tête d’un flic » repris en chœur par une foule devenue assez imposante.
Sinoque nous a offert un bon début de soirée à consonance ACAB qui ne déplait clairement pas au fans de Krav Boca, sensibles à la cause également. Pour les fans ou les curieux, ils seront à Mouscron le 23/02, à Calais le 24/02 et le 30/04 à Amiens, avant d’entamer un périple en Allemagne.
Après un entracte durant lequel on ne se refroidit pas grâce à DJ Stamiff et le son notamment de Stupeflip, on s’apprête à accueillir Krav Boca, en compagnie de plusieurs têtes croisées au Zikenstock où s’est produit le groupe en mai. Une partie de la troupe entre en scène rapidement rappelant le public encore amassé dehors. Le batteur, le bassiste sont seuls sur scène, accompagnés par le guitariste qui démarre à la mandoline électrique. On sent déjà l’aspect melting pot du groupe, entre jogging et crop top. L’arrivée des deux chanteurs cagoulés et leur rap sur la musique punk nous accrochent instantanément. « Kétamine » voit l’arrivée de deux performeurs masqués, membres à part entière de cette troupe. Leur danse enflammée (au sens littéral) subjugue la salle, y compris ceux qui avaient déjà assisté au show. Les masques tombent dès la fin du titre et la performeuse rejoint le micro tandis que l’autre s’arrache sa seconde peau dans des mouvements frénétiques, telle une mue de serpent, lançant les morceaux sur les premiers rangs. Les deux chanteurs sont déjà front à front dans la fosse, et ce ne sera pas leur dernière visite… Les danses et effets pyrotechniques se font de plus en plus démonstratifs, avec la présence d’une meuleuse particulièrement étincelante sur scène. Dans le pit c’est la folie, à l’image de ce qui se passe sur scène. Un des chanteurs va descendre accompagné du performeur, s’allongeant pendant que son acolyte le soumet, passant ses flammes sur son corps. L’ambiance ne redescend pas et monte même encore d’un cran pendant « Canette », durant laquelle le groupe demande au public de lancer des choses sur scène, notamment des gobelets, invoquant une tradition grecque qui voit les gens se lancer des objets dessus lorsqu’ils aiment. Krav Boca rassemble les teuffeurs, les antiflics, les rappeurs, les punks… Et tout ce beau monde se retrouve sur « pirate party ». Sur scène, l’alchimie entre les membres de la troupe est réelle. Après un câlin collectif, ils reviennent pour un rappel durant lequel le public lance toutes ses dernières forces dans le pogo. Le concert se termine en apothéose sur une version très internationale de « Salut à toi ».
DJ Stamiff fera la fermeture, tandis que nous, comme une grosse partie du public, rejoindrons nos domiciles après cette soirée engagée. On est heureux d’avoir découvert Sinoque, qui est en dehors de notre répertoire musical habituel, mais qui véhicule des messages auxquels nous sommes sensibles. On a retrouvé avec un grand plaisir Krav Boca avec leur rap-punk pyromane à mandoline. Krav Boca nous ont prouvé une fois encore qu’ils sont le plus punk des groupes de rap et le plus rap des groupes de punk. Une soirée aussi DIY qu’ACAB, qui a ravi un public venu en nombre.
Un grand merci à Mike pour les accréditations, à Anticore Shows et Khawaii Molotov pour l’organisation de cette soirée et à The Black Lab pour l’accueil au top!
It’s 11 days into the new year, and we’re back to serious business! On 11 January, Khawaii Molotov and Anticore Shows are offering us a « 100% DIY and amateur night », with a mix of rap and punk, featuring The Black Lab, the project of Lille-based Sinoque, and the Toulousan/Moroccan/Greek group Krav Boca. We were also welcomed by DJ Stamiff, who invited us to play overtime. A large part of the Sounding Shivers team was on hand to enjoy the evening and tell you all about it!
Review by Mégane Canis
Pictures by Zo’
The sound is already loud when we arrive, with DJ Stamiff already behind his decks, unleashing the best of everything from rap to punk. We’re delighted to see him back at The Black Lab, after his performance at the Grand Mix with Zeuzloo. This time his mission is different, and he fulfils it brilliantly, quietly warming up the audience, arriving gradually and enjoying the drinks from the bar, before seeing Sinoque take to the stage.
And now we come to the heart of the matter with Sinoque‘s rap project. He is accompanied on stage by Siwak and Busta Flemme. The latter arrives wearing a Palestine scarf on his head, setting the tone for the evening. The three rappers arrive in the dark of the room, lit only by their torches and Sinoque‘s cap/headlamp. The lyrics are committed, sometimes anti-cop, sometimes anti-rich, supporting the most disadvantaged, fragile and oppressed. Sinoque obviously plays the central role, as this is his project, but he is also sure to feature Busta Flemme and Siwak. The latter deals with the same types of subject, but from a woman’s point of view, which adds an interesting tone to the tracks on offer. Some of Sinoque’s tracks, such as ‘Flaquons’, tackle more serious subjects such as addiction. After a short « Coup de tête balayette » to the tune of « Pirouette cacahuète », which will clearly never be taught in uptown public schools, Busta Flemme takes the lead for a few minutes, allowing him to put words to the scarf he wears. Each of the three protagonists brings his or her own vision to the table, always with a view to a common struggle and shared values. The presence of Busta Flemme and Siwak gives the band more depth and a much more collective stage presence. The audience responds to their requests, joining in with thunderous applause, shouts of approval for the messages conveyed and fingers raised when the subject of the police comes up. To the sound of « Everybody hates the police », the venue is transformed into a giant demonstration, minus the tear gas, with the cops, racists, homophobes, macho types and other such things who might have been there (by accident) having already been asked not to stay. The show came to an explosive close with a chorus of « High kick dans la tête d’un flic » from a crowd that had grown quite large.
Sinoque gave us a good start to the ACAB-sounding evening, which clearly didn’t displease the Krav Boca fans, who were also sensitive to the cause. For fans and the curious, they’ll be in Mouscron on 23/02, Calais on 24/02 and Amiens on 30/04, before embarking on a tour of Germany.
After an intermission during which DJ Stamiff and Stupeflip‘s sound did not dampen the spirits, we were ready to welcome Krav Boca, in the company of several faces we had met at the Zikenstock where the group performed in May. Part of the band quickly takes to the stage, calling back the audience still gathered outside. The drummer and bassist are alone on stage, accompanied by the guitarist who starts off on electric mandolin. You can already feel the melting pot aspect of the band, between jogging suits and crop tops. The arrival of the two hooded singers and their rap over the punk music instantly hooked us. « Kétamine » sees the arrival of two masked performers who are fully-fledged members of the group. Their fiery dancing (in the literal sense) captivated the audience, including those who had already seen the show. The masks come off at the end of the song and the performer takes to the microphone while the other tears off her second skin in frenzied movements, like a snake shedding its skin, hurling the songs at the front rows. The two singers are already head to head in the pit, and it won’t be their last visit… The dances and pyrotechnic effects become more and more demonstrative, with the presence of a particularly sparkling grinder on stage. It’s madness in the pit, just like what’s happening on stage. One of the singers goes down with the performer, lying down while his sidekick subdues him, passing his flames over his body. The atmosphere doesn’t let up and even goes up a notch during ‘Canette’, during which the band ask the audience to throw things on stage, notably cups, invoking a Greek tradition of people throwing objects at each other when they love. Krav Boca brings together teuffers, anti-cops, rappers, punks… And they all come together on « pirate party ». On stage, the chemistry between the members of the troupe is real. After a collective hug, they return for an encore during which the audience throws all its last energy into the pogo. The concert comes to a climactic close with a very international version of « Salut à toi ».
DJ Stamiff will be closing the show, while we, like most of the audience, will be heading home after this engaging evening. We were delighted to discover Sinoque, who are outside our usual musical repertoire, but who convey messages we can relate to. We were also delighted to catch up with Krav Boca and their pyromaniac rap-punk with mandolin. Krav Boca proved once again that they are the most punk of rap bands and the most rap of punk bands. An evening as DIY as ACAB, which delighted a audience who came in numbers to the show.
Sounding Shivers 