40 + 30 + 20 + 10 ça fait 100, et ça, Rage Tour et Kicking Booking l’ont bien compris en mettant sur pied cette Tournée du Siècle. Tous les amateurs du punk français se sont donc donné rendez-vous à Roubaix ce 16 mars pour assister aux 40 ans des Sheriff, aux 30 ans de Tagada Jones, aux 20 ans de Dirty Fonzy et aux 10 ans de Darcy. Une grosse partie des dates de cette tournée sont sold-out ou presque, ce qui n’est pas le cas pour Roubaix qui est le plus faible taux de remplissage de salle. Mais le Nord est venu prouver ce soir qu’on n’avait pas besoin d’être si nombreux pour assurer l’ambiance !
Article par Mégane
Photos par Victor BRUNERIE
English version below
On démarre donc les hostilités avec Darcy. Les rangs sont particulièrement clairsemés malgré une salle déjà coupée en deux par d’épais rideaux. Il est encore tôt, et la communication sur les horaires a été particulièrement tardive. Peu importe, les Rennais sont là pour en découdre et vont tout donner pour les personnes présentes. Leurs titres sont percutants et il n’en faut pas plus au public pour commencer à bouger. Darcy c’est le groupe libérateur de toute notre rage. Ça rebooste pour continuer la lutte pour nos idéaux. Entre “ Poings en l’air “, premier extrait de leur prochain album, “ Rediaboliser “ ou “ La Force “ le public exulte. Le groupe en profite également pour tester en live des titres qui sortiront dans leur prochain album. Les punchlines sont présentes dans chacun des morceaux, et elles font mouche à coup sûr, parfois particulièrement violentes, exprimant ce qu’on ressent tous sans forcément l’assumer à voix haute. Les pogos rendent hommage à toute l’énergie déployée sur scène par le groupe. Irvin (chant) passe une grande partie du concert au contact des premiers rangs, accroupi sur scène, arrivant donc à notre hauteur. Cette osmose est renforcée par des titres fédérateurs comme “ La Solution “ ou “ Notre Hymne “ repris en chœur dans le pogo. A la fin du set, la salle bouillonne déjà. Mission plus qu’accomplie pour Darcy donc, qui, plutôt que de s’attarder sur les absents, a choisi de se donner à fond pour les présents.
On reprend quelque peu nos esprits et on retrouve Dirty Fonzy pour leurs 20 ans. Les Albigeois ont sorti récemment Full Speed Ahead, dont on vous avait parlé. Un pingouin nous annonce le début du show, et on commence donc avec le titre éponyme de leur dernière sortie. L’énergie qui s’en dégage donne instantanément envie de bouger et de danser. On a quitté la rage pour un punk rock feel good et plus positif. Beaucoup des morceaux joués ce soir proviennent de leur dernier album à l’instar de “ Running Out Of Time “ ou “ Casual Days “. Mais les fans de la première heure auront tout de même droit à des titres plus anciens comme “ Here We Go Again” ou “The Worst”, premier morceau du premier album. “ Things we never said “ est un petit moment de nostalgie pour ceux qui savent le saisir. Le pingouin, véritable mascotte affichée sur les amplis et les t-shirts, fera plusieurs apparitions, notamment pour nous annoncer “Beervengers“, authentique hymne à la fête. Une grande partie des titres est chantée à plusieurs, renforçant cette énergie communicative et festive. De manière surprenante, la musique de Motus retentit dans la salle, nous ramenant par la même occasion notre pingouin favori. Les titres suivants seront donc tirés au sort, inscrits dans des boules en clin d’œil au célèbre jeu. Évidemment, toute la salle assiste tout sourire à ce spectacle qui colle parfaitement à la joyeuseté de ce concert. Pour terminer en beauté et en osmose avec le public, Angelo (chant) descend de la scène et viendra jouer “Dirty Fonzy” au milieu de la fosse. On quitte le groupe, sourire aux lèvres, plein d’énergie positive. A noter qu’ils seront de passage dans la région dans le cadre du Off de l’Arsenal Rock, à la Manufacture de Saint Quentin, le 6 avril. En tout cas, Sounding Shivers sera de la partie et on a hâte de retrouver Dirty Fonzy !
Place ensuite aux doyens de cette tournée avec Les Sheriff. Véritable influence pour tous les groupes présents ce soir, on a tous en tête que sans eux, ce genre de soirée n’aurait probablement jamais eu lieu et nombre de groupes actuels n’existeraient pas, ou pas sous cette forme. Ils ont beau fêter leurs 40 ans de carrière, il n’en n’ont pas perdu pour autant leur fougue et leur dynamisme. Le public s’est massé devant la scène pour profiter de l’ambiance dégagée par ces légendes du punk rock français. Très rapidement, les notes de “A coups de batte de Baseball” retentissent et les pogos se déchainent. Les riffs de “Bon à Rien” font bouger les jambes et les têtes même à distance de la scène. Les paroles acerbes des Sheriff résonnent dans toute la salle. On est sur des thèmes propres au punk, entre prolétariat et critique de la société. Force est de constater que même des décennies plus tard, leurs paroles sont toujours d’actualité. L’accent Montpelliérain d’Olivier (chant) réchauffe encore un peu plus l’atmosphère, si toutefois cela était encore possible. Ils nous ramènent d’ailleurs un peu chez eux avec “À Montpellier”. Les Sheriff profitent de cette tournée anniversaire pour jouer certains titres anciens et très peu joués comme “Tant de Temps”, sorti en 1995. Et comme ici on est punk, pas de chichis, Olivier sort l’antisèche et lira ouvertement son texte, sans pour autant perdre son lien avec le public. Celui-ci commence d’ailleurs allégrement à monter sur scène, et la staff tente d’empêcher un squat trop important, sans pour autant refroidir les ardeurs des spectateurs chauds comme la braise. On terminera ce puissant set avec “Jouer avec le feu” durant lequel le public donnera toute son énergie avant d’acclamer chaleureusement les légendes toujours autant à la page que l’on vient de voir. On les quitte en ayant hâte, comme de nombreux spectateurs présents ce soir, de retrouver Les Sheriff au Zikenstock le 9 mai!
On arrive déjà au dernier groupe de la soirée qui sera passée à une vitesse folle. La scène revêt quelques apparats métalliques avant d’accueillir Tagada Jones. En effet, les Rennais attaquent avec “Le Dernier Baril” et ceux-ci installés dans le fond avec les consonnes de Tagada Jones envoient des étincelles de toute part. Le groupe s’est bâti une solide réputation durant ses 30 années de carrière et on ne s’étonne pas de voir le public reprendre en chœur la plupart des titres. Ils ont d’ailleurs profité de cet anniversaire pour sortir un best of qui sera, à quelques exceptions près, la setlist de la soirée. Les pogos et les slams partent dans tous les sens, les chaussures perdues commencent à voler, et ce n’est pas “Nous avons la rage” qui va calmer le déferlement de rancoeur sociétale du public. La recette de Tagada Jones est toujours la même : un punk-metal rageur, des influences musicales diverses, des textes en français anti-sociétaux et prônant la lutte pour une société alternative, le tout crié par la voix reconnaissable de Niko. Et ça fonctionne toujours aussi bien, la machine étant bien rodée après un nombre incroyable de concerts, sans que le groupe ne perde son énergie. “Vendredi 13”, titre hommage aux victimes des attentats du Bataclan, se veut plus solennel, stoppant quelques secondes les pogos pour voir la salle se retrouver en communion, poing levé, scandant “Debout, nous ne céderons pas” avec le groupe, paroles ayant pour chacun une signification forte. Parmi les titres de la soirée, on retrouvera avec plaisir “Thérapie”, très peu joué lors des précédentes tournées et pourtant diablement efficace et percutant. On terminera le set par “Mort aux cons” qui verra s’ouvrir un wall of death digne de cette soirée incroyable.
Alors oui, ce soir, le public n’était pas présent en nombre escompté. Mais aucun des groupes présents ne nous en a tenu rigueur. Darcy, Dirty Fonzy, Les Sheriff et Tagada Jones nous ont transmis toute leur énergie en cette soirée, et vice-versa. Et on peut vous assurer que la rédaction de Sounding Shivers présente a donné de sa personne avec un plaisir non dissimulé lors de ces quatre concerts aussi géniaux et énergiques les uns que les autres. Les valeurs que prônent les groupes ont clairement trouvé écho dans la salle. Un joli moment de partage, de fête et de respect dont nous garderons quelques marques!
Si vous avez raté cette soirée ou que vous en voulez davantage, vous pourrez retrouver :
- Dirty Fonzy le 6 avril à La Manufacture de Saint Quentin (Off de l’Arsenal Rock)
- Les Sheriff et Tagada Jones le 9 Mai au Cateau-Cambrésis (Festival Zikenstock)
Un grand merci à Elodie et Agence Singularités pour l’accréditation, à Rage Tour et Kicking Booking pour l’organisation de cette belle soirée et à la Salle Watremez pour l’accueil.
40 + 30 + 20 + 10 adds up to 100, and Rage Tour and Kicking Booking understood this when they set up the Tournée du Siècle (Tour Of The Century). Fans of French punk will be in Roubaix on this 16th of March to witness the 40th anniversary of Sheriff, the 30th anniversary of Tagada Jones, the 20th anniversary of Dirty Fonzy and the 10th anniversary of Darcy. Many of the shows on this tour are sold out or close to it, which is not the case for Roubaix, which has the lowest venue occupancy rate. But the North of France came out tonight to prove that you don’t need that many people to create a great atmosphere!
Review by Mégane
Pictures by Victor
So we kick off the hostilities with Darcy. The rows are particularly sparse, despite the fact that the auditorium is already divided in two by thick curtains. It’s still early, and communication about the schedule has been particularly late. It doesn’t matter, the Rennes-based band are there to do battle and will give their all for those present. Their songs are hard-hitting and that’s all it takes for the audience to start moving. Darcy is the band that unleashes all our rage. It gives us a boost to keep up the fight for our ideals. From « Poings en l’air », the first single from their forthcoming album, to « Rediaboliser » and « La Force », the crowd goes wild. The band also took the opportunity to test live some of the tracks that will feature on their next album. The punchlines are present in every track, and they’re sure to hit the nail on the head, sometimes particularly violent, expressing what we all feel without necessarily saying it out loud. The pogos are a tribute to all the energy the band displays on stage. Irvin (vocals) spends a large part of the concert in contact with the front row, crouching on the stage and coming right up to us. This osmosis was reinforced by songs like « La Solution » and « Notre Hymne », which the crowd sang along to. By the end of the set, the room was already buzzing. Mission more than accomplished for Darcy, who, rather than dwelling on those who weren’t there, chose to give his all for those who were.
We’re back in the swing of things with Dirty Fonzy as they celebrate their 20th anniversary. The Albigensians recently released Full Speed Ahead, which we told you about. A penguin announces the start of the show, and we begin with the eponymous track from their latest release. The energy emanating from it instantly makes you want to move and dance. We’ve moved on from rage to feel-good, more positive punk rock. Many of the tracks played tonight are from their latest album, such as ‘Running Out Of Time’ and ‘Casual Days’. But die-hard fans will still be treated to older tracks like ‘Here We Go Again’ and ‘The Worst’, the first track from the first album. « Things we never said » is a nostalgic moment for those who can grasp it. The penguin, a veritable mascot displayed on amps and T-shirts, makes several appearances, notably to announce « Beervengers », a genuine party anthem. Many of the tracks are sung by a group of people, adding to the infectious, festive energy. Surprisingly, the music of Motus resounds in the room, bringing back our favourite penguin. The following songs are then drawn at random, written in balls in a nod to the famous game. Of course, the whole audience was smiling as they watched the show, which perfectly matched the joyous nature of the concert. To finish on a high note, Angelo (vocals) comes down from the stage to play « Dirty Fonzy » in the middle of the pit. We left the band with a smile on our faces, full of positive energy. They’ll be playing in the region as part of the Arsenal Rock Off at La Manufacture in Saint Quentin on April 6th. In any case, Sounding Shivers will be there, and we can’t wait to see Dirty Fonzy again!
Next up were the doyens of this tour, Les Sheriff. They’ve been a real influence on all the bands here tonight, and we all know that without them, this kind of evening would probably never have happened, and many of today’s bands wouldn’t exist, or wouldn’t exist in this form. They may be celebrating 40 years in the music business, but they haven’t lost any of their drive or dynamism. The crowd lined up in front of the stage to enjoy the atmosphere created by these legends of French punk rock. The notes of « A coups de batte de Baseball » soon rang out and the pogos went wild. The riffs of « Bon à Rien » got legs and heads moving, even from a distance. Sheriff’s acerbic lyrics echo throughout the room. We’re dealing with punk themes, between the proletariat and criticism of society. And it’s clear that even decades later, their lyrics are still relevant today. Olivier‘s Montpellier accent (vocals) warms up the atmosphere even more, if that were still possible. In fact, ‘À Montpellier’ takes us a little closer to home. Les Sheriff are taking advantage of this anniversary tour to play some old and little-played tracks like « Tant de Temps », released in 1995. And as this is punk, no fuss, Olivier takes out the crib sheet and openly reads his lyrics, without losing his connection with the audience. The audience happily began to take to the stage, and the staff tried to prevent too much squatting, without dampening the spirits of the red-hot crowd. This powerful set ended with « Jouer avec le feu », during which the audience gave their all, before cheering loudly for the legends we’d just seen. We leave them looking forward, like many of the spectators present this evening, to seeing Les Sheriff again at Zikenstock on May 9th!
We’ve already reached the last band of the evening, which will have gone by at breakneck speed. The stage was decked out in metal before Tagada Jones took to the stage. The band from Rennes kick things off with « Le Dernier Baril », which is set up in the background with the consonants of Tagada Jones sending sparks flying from all sides. The band have built up a solid reputation over their 30-year career, and it’s no surprise to see the crowd singing along to most of their songs. In fact, they’ve taken advantage of their anniversary to release a best of album which, with a few exceptions, will be the setlist for the evening. The pogos and slams went off in all directions, the lost shoes started flying, and it wasn’t « Nous avons la rage » that was going to calm the crowd’s outpouring of societal resentment. Tagada Jones’ recipe is still the same: raging punk-metal, diverse musical influences, anti-social French lyrics advocating the fight for an alternative society, all shouted out by Niko‘s recognisable voice. And it still works just as well, the machine having been broken in after an incredible number of concerts, without the band losing any of its energy. « Vendredi 13 », a tribute to the victims of the Bataclan attacks, is more solemn, stopping the pogos for a few seconds to see the audience in communion, fists raised, chanting « Debout, nous ne céderons pas » with the band, lyrics with a strong meaning for everyone. Among the evening’s favourites was ‘Thérapie’, a song rarely played on previous tours, yet devilishly effective and hard-hitting. The set ended with « Mort aux cons », which saw the opening of a wall of death worthy of this incredible evening.
So yes, this evening the audience wasn’t there in the numbers we’d hoped for. But none of the bands present held that against us. Darcy, Dirty Fonzy, Les Sheriff and Tagada Jones gave us all their energy for the evening, and vice-versa. And we can assure you that the Sounding Shivers editorial team gave their all with undisguised pleasure during these four equally brilliant and energetic concerts. The values espoused by the bands clearly resonated with the audience. It was a great moment of sharing, celebration and respect, and one that we’ll always remember!




[…] Road” et “The Worst” qui seront interprétées ce soir. Tout comme lors de leur concert du 16 mars dernier à Roubaix, Angelo Papas terminera le concert en nous interprétant “Dirty Fonzy” depuis la fosse. Le […]
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