#Artist : Interview Qamelto – Raphaël James (chant) et Jérémy Hégay (batterie)

Pour évoquer la sortie de leur premier album Scotoma, sorti le 15 mars dernier via M&O Music, Victor a pu s’entretenir avec Raphaël James et Jérémy Hégay, respectivement chanteur et batteur du groupe de rock français Qamelto. Chant en français, thèmes, visuel et concerts et évidemment coups de cœur musicaux, il nous disent tout dans cet entretien qui vous permettra de découvrir ou redécouvrir un groupe qui nous a fait vibrer! 

Interview par Victor BRUNERIE

English version below


Victor : Pouvez vous commencer par nous parler un peu plus du groupe et de votre précédente sortie? 

Raphaël : On a sorti notre premier EP Soars début 2020, on avait pas mal de dates calées pour présenter les six titres aux gens, malheureusement on s’est pris le Covid comme tout le monde et du coup tout a été annulé et on est resté à la maison. On a commencé à faire quelques dates en 2022 quand Alex notre bassiste est arrivé dans le groupe, et on a fait une quarantaine de dates entre 2022 et 2023. Et ensuite la nécessité de créer des choses et d’avoir une actu s’est fait sentir et donc on a décidé de travailler sur notre premier album. Et l’album est enfin sorti et on a déjà une grosse trentaine de concerts prévus pour 2024.

Victor : Comment vous avez vécu cette première série de dates pour le groupe? 

Jérémy : En fait on a vraiment commencé à faire des concerts à cette période là. On avait juste fait une date avant la pandémie mais c’est tout. On est trois à jouer ensemble depuis des années donc on se connait bien mais pour ce projet là on était vraiment tout frais dans l’histoire du groupe lorsque les concerts ont commencé. On a fait deux résidences pendant que les concerts étaient impossibles pour pouvoir arriver et proposer le meilleur show possible dès les premières dates. On a évolué très rapidement, que les quatre ensemble ça marchait hyper bien. Et quand tout se goupille comme ça tu es porté et ça fait une potion magique très agréable et très motivante, et tu as plus envie de t’arrêter.

Victor : Quand est ce que vous avez commencé à travailler sur ce premier album Scotoma

Raphaël : Très rapidement en fait, pendant le Covid. De toute façon on avait que ça à faire! (rires). Il faut savoir qu’il y a certaines chansons de l’album qui sont vieilles en terme de création. « Le Baratin » par exemple à une quinzaine d’années. On a tous des petits coffres avec des propositions de musiques plus ou moins vieilles et ce morceau est sorti du coffre de Thomas. Mais la décision de rebosser sur des compos s’est prise à ce moment là, et de toute façon on savait qu’on était passé au travers avec l’EP. Et puis côté concerts on voulait avoir de la matière pour avoir un set plus long que les vingt minutes que l’EP permettaient donc ces nouveaux morceaux nous permettraient d’avoir un set plus conséquent pour pouvoir jouer dans plus d’endroits. Du coup ça a commencé en 2020 pour se terminer en 2023 quand on a enregistré les morceaux en studio.

Victor : Les paroles de vos morceaux sont en français. D’où est venue cette envie et qu’est ce qui vous intéressait dans le fait de chanter en français? 

Raphaël : Déjà on ne s’exprimera jamais mieux que dans notre langue maternelle.

Jérémy : Et de toute façon quand on chante en Anglais ça sonne pas Anglais! Et quitte à faire les choses autant les faire bien. Et puis y’a un côté challenge aussi parce que quand tu chantes en Français la critique peut être très cassante assez rapidement parce qu’on est une langue ultra littéraire. On voulait faire un rock qui nous ressemble, assez vénère, mais on savait aussi qu’on arriverait par à faire de la poésie très poétique si je puis dire. Mais on a trouvé une chose qui est une patte à nous et que les gens puissent comprendre.

Victor : Il y a pas mal d’invités très variés sur votre album, comment les avez vous choisi et comment s’est passé le travail avec eux? 

Raphaël : C’était par dépit, c’est les seuls qui ont accepté! (rires) Non on a fait en fonction des besoins. Par exemple pour la vieille à roue sur « L’Hôte » on a contacté notre réseau pour savoir qui connaissait un vielleux et tout le monde nous a donné un seul nom: Gilles Chabenat! C’est quand même le mec qui a fait le veille à roue sur « Tournez Les Violons » de Jean-Jacques Goldman, tu peux pas tellement te planter! On lui a téléphoné et il a accepté direct. Pour SuperFlame c’est Thomas qui le suivait depuis un bout de temps sur Youtube, et quand on a eu l’idée de « La Plus Grosse » on se demandait comment on allait amener ce sujet là. Et on en est arrivé à se dire qu’on allait partir sur un morceau type reportage dans un JT, et pour nous JT ça sonne Jean-Pierre Pernault et qui fait une super imitation de lui c’est SuperFlame. Et comme il avait annoncé qu’il voulait participer à des projets extérieurs pour rencontrer d’autres gens on y est allé au culot et il a aussi accepté tout de suite.

Jérémy : Mais dans tous les cas on avait tout travaillé en amont avec les invités et les musiciens et ensuite ça s’est fait tout seul. Après il y juste pour les cornemuses où Fred, qui habite en Belgique, a du aller dans un studio pour avoir les meilleures prises son possible, mais sinon la majorité s’est fait en home studio en s’envoyant des démos pour que les invités puissent enregistrer leurs parties.

Victor : L’album s’intitule Scotoma, est ce que vous pouvez parler du sens du titre? 

Jérémy : Ce que j’aime bien en art c’est quand les choses ont une deuxième signification derrière celle que tu vois en premier. Et dans la musique c’est souvent le cas, et quand ça fait cet effet là je trouve ça génial. Et je cherchais quelque chose qui pouvait avoir un double sens, et je me suis rendu compte qu’on avait pas mal de morceaux qui parlent du déni social ou du déni de la réalité du coup je suis parti là dessus. Et en cherchant y’avait la racine du mot scotomisation, et un scotome c’est une tâche que tu as sur le chant visuel. Si on prend la racine de ça ça peut donner un truc que j’aime bien avec le sens physique et un sens beaucoup plus abstrait.

Victor : Pouvez vous me parler de la pochette et de l’idée de sortir la version CD sous la forme d’un tableau où le disque est placé au centre? 

Raphaël : Ce qui s’est passé c’est que lors de nos concerts en 2022 et 2023 les gens sont beaucoup venus nous acheter l’EP en physique et souvent nous disaient : « Je n’ai rien pour le lire mais j’ai envie de vous soutenir. » On se disait que c’était cool mais que c’est dommage de vendre un CD pour qu’au final il prenne la poussière dans un coin. La question s’est posée de sortir une version physique de cet album et on s’est dit que si les gens l’achètent pour nous soutenir principalement, il fallait faire un objet joli qui leur donne envie d’en faire quelque chose. Et on est partis sur la peinture car dans les morceaux « Lunia… » et « …Amédée » on parle d’un peintre et de sa muse. Et comme Scotoma évoque cette tache dans la chant visuel comme on le disait tout à l’heure on se disait que ce format de tableau fonctionnait bien, et que ça ferait un bel objet de décoration. On voulait un truc original et on trouvait cette idée super!

Victor : Vous disiez que sur l’album certains thèmes se rejoignaient, quels sont ceux que vous avez voulu traiter sur cet album? 

Raphaël : On a pas de thème récurrent vraiment, et en tout cas on veux pas rentrer dans la politique on est pas là pour ça. Mais on donne juste un peu notre avis sur le monde en racontant des histoires.

Jérémy : Puis quand je t’envoie des chansons ça te fait penser à des thèmes.

Raphaël : Oui exactement! Mais en gros on a envie de raconter des histoires d’une manière ou d’une autre. Un titre comme « Le Monde A L’Envers » est un peu plus sociétal.

Jérémy : Tu prends « L’Hôte » par exemple, tu peux voir ça comme une dispute de couple soit comme une dispute intérieure un peu schizophrénique. Dans « La Plus Grosse » on se moque un peu des dirigeants actuels. Dans « Lunia… » et « …Amédée » je voulais raconter une histoire en utilisant les deux points de vue et que ça soit vraiment deux chansons distinctes.

Victor : Il y a déjà trois morceaux de disponibles (au moment de l’interview, ndlr), quels retour avez vu eu sur ces titres là? 

Raphaël : Ecoute on a que des retours positifs! Le dernier clip a d’excellents retour et on est contents que les gens comprennent que c’est du second degré. Et on est heureux de ce qu’on a réussi à faire avec nos moyens à nous qui ne sont clairement pas ceux d’Hollywood, et que ça plaise aux gens. Et côté chroniques on en a eu quelques unes qui sont toujours positives. Et côté public on voit qu’on touche de plus en plus de gens aussi bien en version studio qu’en version live.

Victor : Quels sont vos projets pour la suite de l’année 2024? 

Raphaël : La première chose c’est faire des concerts. On a déjà pas mal de dates prévus et aussi quelques festivals qui s’annoncent super bien. De toute façon on fait principalement de la musique pour ça, pour jouer en live le plus possible. Ensuite on va clipper tous les morceaux de l’album et évidemment on commence déjà à travailler sur de prochaines compos. C’est évidemment pas pour tout de suite, mais on a envie de prendre le temps pour faire les choses bien donc on est aussi déjà prêts à reprendre le travail de compo.

Victor : Pour terminer quels sont les artistes vous ayant fait vibrer ces derniers mois? 

Raphaël : Il y a un groupe de rock toulousain qui s’appelle Bazar Ballamy. C’est plus pop que nous mais c’est rock aussi et côté compos comme paroles c’est toujours top

Jérémy : C’est aux antipodes de ce qu’on fait mais ça défonce. Moi j’ai découvert depuis peu Malmort et leur dernier album Châteaux Chimères au quel j’ai accroché de fou!

Victor : Merci beaucoup pour vos réponses et en espérant vous voir en live très vite! 

Raphaël & Jérémy : Merci à toi !

 

Un grand merci à Roger et Where The Promo Is pour cette belle opportunité et à Raphaël et Jérémy pour leur temps et leur accueil!


To discuss the release of their debut album Scotoma, out on 15 March via M&O Music, Victor spoke to Raphaël James and Jérémy Hégay, lead singer and drummer respectively of French rock band Qamelto. In this interview, they tell us all about their songs in French, their themes, their visuals and concerts, and of course their musical favourites, so that you can discover or rediscover a band that has thrilled us!

Interview by Victor BRUNERIE

Victor: Could you start by telling us a bit more about the band and your previous release?

Raphaël : We released our first EP, Soars, at the beginning of 2020. We had quite a few dates lined up to present the six tracks to people, but unfortunately we got caught up in the Covid like everyone else, so everything was cancelled and we stayed at home. We started doing a few shows in 2022 when Alex, our bass player, joined the band, and we did around forty gigs between 2022 and 2023. After that, we felt the need to create things and get some news, so we decided to work on our first album. The album is finally out and we’ve already got about thirty concerts planned for 2024.

Victor: How did you experience this first series of shows for the band?

Jérémy : Well, we really started playing gigs around that time. We’d only done one date before the pandemic, but that was it. There’s three of us who’ve been playing together for years, so we know each other pretty well, but for this project we were really new to the band when the concerts started. We did two residencies while the concerts were impossible so that we could arrive and put on the best show possible from the very first dates. We evolved very quickly, the four of us together working really well. And when everything comes together like that, you’re carried along and it makes a very pleasant and motivating magic potion, and you don’t want to stop.

Victor: When did you start work on this first album, Scotoma?

Raphaël : Very quickly in fact, during the Covid. It was all we had to do anyway! (laughs). You have to realise that there are certain songs on the album that are quite old in terms of creation. « Le Baratin », for example, is about fifteen years old. We’ve all got little trunks full of suggestions for music that’s more or less old, and that track came out of Thomas’s trunk. But the decision to work on new material was taken at that point, and in any case we knew we’d got through it with the EP. And on the live side, we wanted to have the material for a longer set than the twenty minutes the EP allowed, so these new songs would allow us to have a bigger set so we could play in more places. So we started in 2020 and finished in 2023 when we recorded the tracks in the studio.

Victor: The lyrics to your songs are in French. Where did this desire come from and what interested you in singing in French?

Raphaël: First of all, we’ll never express ourselves better than in our mother tongue.

Jérémy: And anyway, when you sing in English it doesn’t sound English! And if we’re going to do things, we might as well do them well. And then there’s the challenge side too, because when you sing in French the critics can be pretty harsh pretty quickly because we’re an ultra-literary language. We wanted to make rock that sounded like us, quite reverent, but we also knew that we wouldn’t be able to make very poetic poetry, if I can put it that way. But we found something that was our own style and that people could understand.

Victor: There’s quite a wide range of guest stars on your album. How did you go about choosing them and working with them?

Raphaël: It was out of spite, they were the only ones who agreed! (laughs) No, we worked according to need. For example, for the old wheel on « L’Hôte » we contacted our network to find out who knew a hurdy-gurdy player and everyone gave us just one name: Gilles Chabenat! After all, he’s the guy who played the old hurdy-gurdy on Jean-Jacques Goldman‘s « Tournez Les Violons », so you can’t really go wrong! We phoned him up and he agreed straight away. As for SuperFlame, it was Thomas who’d been following him on YouTube for a while, and when we came up with the idea for « La Plus Grosse » we wondered how we were going to take this subject. And we came to the conclusion that we were going to do a piece like a report on the news, and for us the news sounds like Jean-Pierre Pernault and SuperFlame does a great imitation of him. And as he had announced that he wanted to take part in outside projects to meet other people, we went for it and he accepted straight away.

Jérémy: But in all cases we worked everything out beforehand with the guests and the musicians and then it all came together. After that, it was just for the bagpipes where Fred, who lives in Belgium, had to go to a studio to get the best possible sound recording, but otherwise most of the work was done in the home studio by sending each other demos so that the guests could record their parts.

Victor: The album is called Scotoma, can you talk about the meaning of the title?

Jérémy: What I like in art is when things have a second meaning behind the one you see first. And in music that’s often the case, and when it has that effect I think it’s great. And I was looking for something that could have a double meaning, and I realised that we had quite a few tracks that talked about social denial or denial of reality, so I went for that. And when I was looking for it, I found the root of the word scotomisation, and a scotoma is a spot you get on your visual edge. If you take the root of that, it can give you something I like, with a physical sense and a much more abstract sense.

Victor: Can you tell me about the sleeve and the idea of releasing the CD version in the form of a canvas with the record in the centre?

Raphaël: What happened was that during our concerts in 2022 and 2023, a lot of people came to buy the physical EP and often said to us: « I don’t have anything to listen to but I want to support you. We thought that was cool, but it’s a shame to sell a CD only for it to gather dust in a corner. The question arose of releasing a physical version of the album and we thought that if people were going to buy it mainly to support us, we had to make something pretty that would make them want to do something with it. So we decided on a canvas as the tracks « Lunia… » and « …Amédée » are about a painter and his muse. And as Scotoma evokes this stain in the visual song, as we were saying earlier, we thought that this painting format would work well, and that it would make a beautiful decorative object. We wanted something original and we thought it was a great idea!

Victor: You said there were a number of recurring themes on the album. Which ones did you want to tackle on this album?

Raphaël: We don’t really have any recurring themes, and in any case we don’t want to get into politics – that’s not what we’re here for. But we’re just giving our opinion on the world by telling stories.

Jérémy: And when I send you songs, it makes you think of themes.

Raphaël: Yes, exactly! But basically we want to tell stories in one way or another. A song like « Le Monde A L’Envers » is a bit more societal.

Jérémy: If you take « L’Hôte » for example, you can see it as a couple’s quarrel or as a slightly schizophrenic internal dispute. In « La Plus Grosse » we make fun of the current leaders. In « Lunia… » and « …Amédée » I wanted to tell a story using both points of view and make it really two distinct songs.

Victor: There are already three tracks available (at the time of the interview, editor’s note), what feedback have you had on them?

Raphaël: We’ve had nothing but positive feedback! The last clip got some excellent feedback and we’re happy that people understand that it’s second degree. And we’re happy with what we’ve managed to do with our own resources, which are clearly not those of Hollywood, and that people like it. And we’ve had a few positive reviews. And as far as the public is concerned, we can see that we’re reaching more and more people, both with the studio version and the live version.

Victor: What are your plans for the rest of 2024?

Raphaël: The first thing is to play concerts. We’ve already got quite a few dates lined up and we’ve also got a few festivals lined up that look really good. In any case, that’s the main reason we make music, to play live as much as possible. Then we’re going to clip all the tracks from the album and obviously we’re already starting to work on future compositions. Obviously that’s not going to happen straight away, but we want to take the time to do things right, so we’re already ready to get back to work on the songwriting.

Victor: Finally, what artists have really got you going in recent months?

Raphaël: There’s a rock band from Toulouse called Bazar Ballamy. They’re more pop than us, but they’re rock too, and their songwriting and lyrics are always top-notch.

Jérémy: It’s the complete opposite of what we do, but it’s a blast. I recently discovered Malmort and their latest album Châteaux Chimères, which I really liked!

Victor: Thanks a lot for your answers and we hope to see you live very soon!

Raphaël & Jérémy: Thank you!

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