17 ans de carrière et six albums à couper le souffle, le duo français Alcest n’a de cesse de nous transporter dans un autre monde où la spiritualité est reine, et où la douceur du shoegaze affronte la force du post black. En bref, six albums incontournables de notre discographie qui s’apprêtent à accueillir le petit dernier, Les Chants de l’Aurore, ce vendredi 21 juin via Nuclear Blast.
par Marye DAVENNE
English version below
La spiritualité, le questionnement sur le monde et notre âme ont toujours été au cœur des récits d’Alcest. Savoir regarder le monde et les êtres qui nous entourent d’une manière différente. Regarder l’invisible qui parfois peut être visible, c’est exactement ce que « Komorebi » désignent en japonais. Les rayons lumineux ne se voient pas, sauf si vous les observez à travers les feuilles d’un arbre. C’est un sentiment de beauté qui est mis en lumière dès le premier titre de cet album. Ce morceau respire un sentiment de joie, de beauté, comme une renaissance. On est prêt à se transformer et se mettre à voler avec des oiseaux de paradis. « L’envol » est un titre en plusieurs actes. Une envolée instrumentale assez puissante, avant d’être en suspension avec des guitares toutes douces. Ce moment de liberté vient se stabiliser et nous voilà en train de plâner dans un pur moment de douceur. Chaque note qu’elle soit faite avec un instrument, où à la voix, vient se prolonger pour un choeur musical sublime.
Alors que l’améthyste est une pierre qui servait à prémunir de l’ivresse chez Bacchus, ici on est en plein questionnement sur nos origines, dans un monde plein de douleur. Mais ce titre qui semble être beaucoup plus douloureux qui les autres ne vient pas dénoter l’état dans lequel on baigne depuis le début. C’est avec « Flamme Jumelle » qu’on vient retrouver toute la beauté. Avec ce superbe clip et ses deux corps qui se cherchent et dansent avec une osmose folle, la flamme se mets à brûler en nous. Le titre est très rythmé et le chant dédoublé en un scream en fond donne une vraie profondeur. Chez Alcest, les interludes durent quasiment trois minutes, et laissent apparaitre piano et violoncelle. Un titre instrumental où les mots n’ont pas de sens. C’est doucement que l’on vient se plonger dans le post-black, beaucoup plus présent sur les albums précédents. « L’Enfant de la Lune (月の子) » laissent la voix de Haruna Nakaie prendre le premier couplet, où l’on est posé au bord de l’eau. La lune est la seule lumière dans ce monde, et sa réflexion semble faire apparaitre des âmes qui errent. La double pédale de Winterhalter apportent toute l’obscurité du titre, avant un dernier tier où toutes les notes se distordent. C’est finalement sur un poème de Guillaume Apollinaire que l’on dit « Adieu » à ce monde.
Alcest nous proposent un album qui s’écoutent au coucher de soleil jusqu’à la réapparition de la lumière au petit matin. On ne va pas se mentir, Alcest ont toujours eu une place particulière chez nous. Chaque concert du groupe est un moment suspendu de poèsie, et ce nouveau album est parfaitement dans cette continuité. Le post-black est clairement moins présent, mais toute la douceur et la beauté du shoegaze vient nous prendre aux tripes. L’expérience musicale qu’offre Alcest est sublime et confirme que le groupe est un pierre rare dans le paysage musical français.

Tracklist
01. Komorebi
02. L’Envol
03. Améthyste
04. Flamme Jumelle
05. Réminiscence
06. L’Enfant de la Lune (月の子)
07. L’Adieu
Alcest sont à retrouver à travers l’Europe en fin d’année, avec un passage le 5 décembre à l’Ancienne Belgique (Bruxelles, Belgique) et le 6 décembre prochain à l’Olympia (Paris, France).

With a career spanning 17 years and six breathtaking albums, French duo Alcest never cease to transport us to another world where spirituality reigns supreme, and where the softness of shoegaze confronts the strength of post-black. In short, six must-have albums from our discography that are about to welcome the latest, Les Chants de l’Aurore, this June 21st via Nuclear Blast.
Spirituality and questions about the world and our souls have always been at the heart of Alcest‘s stories. Knowing how to look at the world and the beings around us in a different way. Looking at the invisible, which can sometimes be visible, is exactly what « Komorebi » means in Japanese. Light rays can’t be seen, unless you observe them through the leaves of a tree. It’s a feeling of beauty that’s highlighted right from the first track on this album. This track exudes a sense of joy, of beauty, like a rebirth. We’re ready to transform and start flying with birds of paradise. « L’envol » is a track in several acts. A rather powerful instrumental flight, before being suspended by soft guitars. This moment of freedom stabilizes, and we find ourselves plunging into a moment of pure sweetness. Every note, whether made with an instrument or the voice, is prolonged for a sublime musical chorus.
While amethyst is a stone used by Bacchus to ward off drunkenness, here we’re in the midst of questioning our origins, in a world full of pain. But this title, which seems to be much more painful than the others, does not denote the state in which we have been immersed since the beginning. It’s with « Flamme Jumelle » that we rediscover all the beauty. With this superb clip and its two bodies searching for each other and dancing with crazy osmosis, the flame starts to burn inside us. The track is very rhythmic, and the vocals, split into a scream in the background, give it real depth. Alcest‘s interludes last almost three minutes, and feature piano and cello. An instrumental track where words have no meaning. It’s a gentle plunge into post-black, much more present on previous albums. « L’Enfant de la Lune (月の子) » lets Haruna Nakaie‘s voice take the first verse, where we’re posed at the water’s edge. The moon is the only light in this world, and its reflection seems to make wandering souls appear. Winterhalter‘s double pedal brings all the darkness of the track, before a final third where all the notes distort. Finally, it’s to a poem by Guillaume Apollinaire that we say « Adieu » to this world.
Alcest offer us an album that can be listened to as the sun sets until the light reappears in the early hours of the morning. Let’s face it, Alcest have always held a special place in our hearts. Every one of the band’s concerts is a suspended moment of poetry, and this new album is perfectly in line with that continuity. The post-black is clearly less present, but all the sweetness and beauty of shoegaze comes to grip us. Alcest’s musical experience is sublime, and confirms the band’s status as a rare gem on the French music scene.