#Artist : Interview Monolithe

En novembre dernier nous vous parlions de Black Hole District, dixième album des français de Monolithe! En ce mois de janvier on vous propose d’en découvrir un peu plus sur cette sorite qui a clairement marqué notre fin d’année. Benoît Blin (guitare), Quentin Verdier (chant) et Vincent Rémon (basse) ont répondu aux questions de Victor et nous parlent de science-fiction, de musique, de leurs coups de cœur et de tout ce qui fait le sel de Monolithe. 

Interview par Victor BRUNERIE

English version below

Crédit photo : Julien Bourdette


Victor : Je voulais commencer par poser une petite question à ceux qui sont dans le groupe depuis plusieurs années.

Vincent : Je vais m’y coller. (rires) – (Vincent a rejoint le groupe pour cet album, ndlr)

Victor : On arrive au dixième album du groupe. Comment vous voyez l’histoire du groupe une fois arrivés à ce dixième album? 

Benoît : C’est une vaste question. Les choses sont de manière assez progressive. Il y a eu un trou entre 2007 et 2012-13, je crois, mais depuis les choses se sont fait assez progressivement et on est arrivé à 10 sans vraiment s’en rendre compte. Quand on regarde en arrière, on voit que 10 albums en 23 ans de carrière, le groupe s’est formé en 2001, ça fait pas mal, c’est quand même un assez bon rythme. Et tant qu’on a des choses à dire, tant qu’on sent que la qualité de ce qu’on a à dire est là, il n’y a pas de raison qu’on arrête, je pense. Mais 10 albums c’est un chiffre rond, c’est un palier que assez peu de groupes arrivent à atteindre, que ce soit les groupes reconnus ou pas. Après les groupes reconnus, ils n’ont pas forcément le même rythme de sortie parce qu’ils ont une activité live qui est beaucoup plus importante et forcément ça leur prend bien plus de temps. Mais non, c’est juste une grosse fierté parce que moi, pour ma part, depuis tout le début, j’ai suivi les choses avec le temps et c’est juste une grande fierté.

Victor : On va revenir un peu sur le précédent album, Kosmodrom, qui est sorti il y a deux ans. Comment vous avez ressenti la sortie de cet album là et les dates qui ont suivi?

Benoît : C’était un album un peu particulier parce qu’il avait été écrit pendant le premier confinement. Et la thématique de la conquête de l’espace vu du côté russe était déjà choisie avant les événements qu’on connaît depuis. Et avant la sortie du disque, on nous a un peu dit, « vous n’avez pas peur que ce soit mal interprété et compagnie » vu que les gens auraient plus pu croire que c’était un album pro russe. Ce n’était pas du tout le cas et finalement on n’a eu aucun problème. Il y a eu beaucoup de gens qui nous ont mis en garde alors que les problèmes n’étaient pas là. Donc on a eu une petite crainte, enfin moi j’ai eu une légère crainte qui n’était finalement pas du tout fondée parce qu’on m’avais mis ça en tête. Et les concerts qu’on a fait au moment où on a sorti, personne nous a parlé de ce sujet, ils ont compris que tout à fait on voulait revenir et que ce n’était pas du tout une démarche politique. On n’est pas un groupe politique et ce n’est pas parce qu’on parle de la Russie à un moment où elle fait parler d’elle également de la façon dont on connaît, que ça veut dire qu’on est pro russe ou quoi que ce soit. On a montré que ce pays a eu une histoire de côté spatiale parce que c’était le thème de l’album mais c’est tout. Et les concerts qu’on a fait, on n’a pas eu la possibilité d’en faire beaucoup au moment de la sortie du disque mais on en a fait quelques-uns avec The Old Dead Tree.  On a pu profiter de leur public et un certain nombre de gens étaient venus pour nous aussi et on n’a juste qu’une envie c’est d’y retourner.

Victor : Donc là, votre nouvel album Black Hole District vient de sortir avec toujours comme dans le reste de la discographie du groupe, des particularités aussi bien sonores que de construction de l’album. Mais là, on est vraiment dans un album très cinématographique dans le sens où il y a une narration, il y a les interludes et tout ça. Comment s’est fait la création de l’album ? Est-ce que c’est l’histoire qui a été développée avant ou est-ce que les morceaux sont venus ? Et ensuite, vous avez développé une histoire autour des morceaux.

Benoît : Quentin, tu veux t’y mettre?

Quentin : Oui, oui, écoute, du point de vue musical, l’album, je pense qu’il a été écrit avec Sylvain qui a toujours une idée avant dans la tête, un concept, une histoire qu’il veut raconter, et ensuite il essaie de poser les sons sur tout ce tout le concept qu’il peut avoir. Là, en l’occurrence, le thème, c’est une histoire qui est inspirée un petit peu du film Blade Runner, donc c’est un univers assez semblable.  Donc on suit l’histoire d’un personnage qui se révèle être un android, mais qui ne le sait pas en fait. Du coup, il a la recherche de quelqu’un et d’un but dans sa vie, ce qui mène à découvrir sa véritable nature et ce qui causera aussi sa perte, ce qui est également traqué par les autorités de ce monde, un peu dystopique dans lequel il évolue, et qui donc essaye de le court-circuiter parce qu’il n’est pas censé être conscient. On est sur vraiment un mélange comme ça d’esthétiques différentes, donc on est dans une histoire ce qu’on appelle le tech noir, qui mêle science-fiction et films noirs, avec effectivement les références la plus évidentes, c’est Blade Runner, évidemment, parce qu’en plus, on a poussé le vice même musicalement, au point de l’utiliser, la vie SC80 qui est utilisée par Vangelis dans la BO du film, mais il y a aussi d’autres influences comme Matrix, Ghost In The Shell, Dark City. Et tout au long de cet album, en fait, on suit les pensées du personnage principale, donc à travers une narration qui est réalisée par un professionnel américain de la voix off. Et on est dans ce style typique qu’on appelle le Hard Boil, un style des années 50. Voilà, donc ça, c’est toute la thématique. Et oui, effectivement, à chaque fois, un album de Monolithe, mais je pense que l’autre Benoît pourra le confirmer, un album de Monolithe, ça vient toujours d’une idée de base, d’une histoire à raconter, et ensuite, les sons viennent se greffer dessus petit à petit pour construire un petit peu tout le squelette de l’album.

Benoît : Oui, je confirme, c’est comme ça. Après, ça commence par des riffs, il y a toujours des riffs qui arrivent, et puis les riffs se développent, et l’histoire se développe en même temps, et tout se fait un peu progressivement comme ça. C’est vraiment ce que disait Quentin.

Victor : Justement sur la construction de l’album, je disais il y a des interludes et des morceaux en tant que tel. Et comme toujours dans les albums de Monolithe, il y a une cohérence jusque dans les morceaux. C’est à dire que là par exemple tous les morceaux font 10 minutes pile poil à la seconde près. Et à chaque fois je me demande comment vous faites pour à chaque fois arriver justement vers cette rigueur de composition là d’arriver à vous caler à ce point. Dans Octa Khora c’était 8 et 4 minutes , dans Nebula Septem c’était 7 minutes par exemple, et là 10. 

Benoît : Depuis le premier album on aime jouer avec les chiffres. Le premier album c’était, comme son nom l’indique, le premier. Mais le nom du disque, le 1 un peu en chiffre en roman ça représente un peu le monolithe donc c’était lié au nom du groupe et quand il a fallu nommer ce disque là c’était logique de l’appeler comme ça et ainsi de suite quand il y a eu le deuxième, le troisième, le quatrième on a continué dans cette logique de vouloir jouer avec les chiffres et puis ensuite les albums ont continué, on a changé de cycle et on a changé la façon de nommer nos albums mais il y a eu toujours ce jeu là et à ce moment là on a poussé le vice, le concept jusqu’à effectivement faire des morceaux qui avaient des nombreux ronds et ces nombres étaient toujours en lien aussi avec le disque, chaque disque est lié au nombre qu’il représente dans sa position dans la discographie du groupe Et c’est quelque chose qui a été développé avec le temps maintenant on connaît les astuces pour arriver à faire ces nombreux ronds comme ça et voilà. Comment on fait en fait le but c’est de partir d’un peu plus et puis de tailler un petit peu pour en garder que l’essentiel et quand on arrive à la bonne durée on a réussi ce qu’on voulais faire. Généralement il n’y a pas de superflu à ce moment là. Il y a toujours moyen de se refaire un morceau de 10 minutes et qu’on arrive à 9.45 ou 9.50. On peut faire traîner une petite fin d’accord, un petit truc comme ça. Il y a toujours des petites astuces pour arriver à faire la durée qu’on veut. Un morceau qui fait 9.50 ou 10.10, c’est assez facile d’en faire un nombre rond.

Victor : Dans cet album, comme Quentin le disait ,il y a le développement de tout un univers tech noir. Qu’est-ce qui vous attire dans cet univers là justement ?

Quentin : En fait, toute la thématique de Monolithe se repose sur beaucoup de thématiques en rapport avec l’espace, avec la science-fiction. Donc effectivement, ça tombait sous le sens aussi de rendre un peu notre hommage à ce style là et de développer toute une histoire. Donc ça, c’est au même titre un petit peu que l’utilisation des chiffres et des minutages assez rigoureux, c’est que ça devient aussi un gimmick de composition et de concept. Chaque groupe a un petit peu son gimmick de composition, son gimmick de concept, et je pense que ça s’encre aussi dans l’identité de Monolithe. Et oui, on est tous dans le groupe des grands amateurs d’œuvres de science-fiction, soit films, séries, livres. Donc effectivement, rendre hommage à toutes ces références là qui ont jalonné un peu notre culture. Oui, c’était important.

Vincent : Après, ce n’est pas un hasard que ça arrive à ce moment-là. Ce qu’il faut voir, c’est que tous les albums, enfin peut-être 10 et probablement les suivants, c’est une frise chronologique. Si tu regardes bien Monolithe I, II, III, IV, regroupés sous le titre The Great Clockmaker, qui est le nom de la quadrilogie, c’est vraiment tout ce qui est lié à la création de l’univers aux origines de l’univers, etc. C’est un truc que tu retrouves d’ailleurs en live sur le decorum et toute l’imagerie vidéo qui nous entoure. Et en fait, naturellement, tu vas passer de la création de l’univers à la création de notre galaxie, de notre système solaire, de notre Terre. Donc la référence à 2001 L’odyssée de l’espace, voilà, c’est là qu’on arrive. Et ensuite, tu as une espèce de robond où on va repartir vers l’espace ou tu as la conquête de l’espace par l’humain. Donc là, on parle effectivement de l’album Kosmodrom sur la conquête de l’espace russe. On aurait pu faire aussi la conquête américaine, etc. Mais bon, voilà, c’était un choix comme disait Benoît. Et là, avec cet album, on commence à partir dans l’anticipation, dans le futur, avec de la science-fiction, futur. Là où avant, on était plutôt dans la science-fiction historique. Et c’est là qu’on commence à aborder des thèmes d’androïdes avec effectivement, comme disait Quentin, des films de référence comme Blade Runner, Dark City, Matrix aussi. En fait, en gros, tout ce qui est lié à l’intelligence artificielle, en réalité. C’est pour ça que tu as des titres qui font référence à la sentience. Donc la sentience, c’est en gros, c’est la prise de conscience des intelligences artificielles, qui est un sujet super d’actualité, en réalité. Bon, tu joues un peu avec Chat GPT ou avec Gemini, quand tu lis les textes de l’album, on n’est pas loin, en réalité. Donc là, tu vois, dans cette frise chronologique, on commence à aller dans une… Alors, à toi de nous dire, est-ce que c’est de la science-fiction, est-ce que c’est de l’utopie, est-ce que c’est de l’uchronie, est-ce que c’est de, comment dire, juste de la projection à très court terme? Donc ça veut dire quoi ? Ça veut dire que peut-être que les albums suivants iront encore plus loin dans la projection du futur et de se dire, voilà, jusqu’où l’humanité peut aller. Donc c’est intéressant de voir ça comme une frise chronologique.

Quentin : Effectivement pour compléter ce que disait Vincent, on est pour le moment c’est pas trop où va aller le prochain album mais déjà il y a un peu des idées dans la thématique prochaine, c’est tout ce qui est en rapport avec les modes de communication extraterrestre qui ne ressemblent pas à nos modes de communication. Donc ce qu’on peut voir dans un film comme Premier Contact, par exemple, voilà la façon de communiquer des espèces extraterrestres, donc c’est sûrement une thématique qu’on va développer sur le prochain album. Donc à voir un petit peu comment ça va être raconté mais c’est en tout cas la trame la trame de base qui se dessine un peu pour la suite

Victor : Je rebondis sur ce que Vincent disait tout à l’heure, cette espèce de frontière qui se coupe aujourd’hui entre utopie et uchronie. C’est là, dans l’album, où on ressent ça, se dire, au final, c’est pas si improbable que ça, justement, par exemple, les androïdes, alors la lune qui tombe sur la terre peut-être un peu plus, pour l’instant, en tout cas….

Vincent : Ça va arriver, techniquement.

Victor : Oui, ça va arriver. Mais pas demain, à priori.

Vincent : Non, je vais vérifier, non. On ne doit pas le voir. (rires)

Victor : Mais ce que je voulais dire, c’est que c’est ça, on arrive à une frontière où est-ce qu’est-ce qu’il y a eu utopique et qu’est-ce qu’il y a eu chronique et c’est intéressant dans l’album d’avoir cette espèce de ligne de frontière faible de dire on ne sait pas si c’est finalement de la science fiction ou de la…

Vincent : Ou de l’anticipation, en fait. Le terme qu’on cherche c’est anticipation. Est-ce que c’est complètement de la science-fiction ou de l’anticipation ? Ca dépend de l’opinion que tu as et de l’espoir ou de la crainte que tu mets dans l’intelligence artificielle, dans les androïdes. Si tu regardes ce que fait Boston Dynamics aujourd’hui, ou ce que font les intelligences artificielles, on peut dire que c’est pas si longtemps que ça, en réalité. Après, la vraie frontière est à la sentience, d’où le titre qu’on a essayé de travailler, la sentience. Après, c’est des convictions perso, mais l’intelligence artificielle n’est probablement pas si intelligente que ça. Et ce que tu ressens quand tu lis les textes de l’album, c’est que tu es un véritable être, dont tu as du mal à savoir s’il est humain ou pas, à tel point que lui-même ne le sait pas. Et c’est ce que tu retrouves dans Blade Runner. C’est là, en réalité, la limite. C’est quand la propre IA ne saura pas si elle-même est une IA ou pas.

Victor : Et j’allais dire, pour rebondir sur ce que Quentin disait de tout à l’heure, sur l’utilisation de la personne spécialisée en voix off. Dans les interludes, on a vraiment ce truc d’avoir, même dans certains titres où il y a des petits extraits parlés, d’avoir vraiment ce personnage qu’on suit. C’est vraiment une histoire mise en musique.

Quentin : Oui, c’est vraiment le côté très cinématographique de l’album. C’est vraiment avec cette narration où on est vraiment un peu en vue subjective du personnage, on est dans ses pensées et on suit vraiment tout un fil du début jusqu’à la fin, qui est effectivement une fin assez tragique. Et voilà, la fin est absolument se retrouvée avec un personnage qui est en plein désespoir. 

Vincent : Je me rappelle que les fins de Blade Runner 1 et 2, c’est pas folichon non plus, hein ? Dans le premier, il meurt et dans le deuxième, il est totalement dépressif, hein ?

Quentin : Oui c’est vrai 

Vincent : Mais on adore.

Victor : J’allais revenir du coup sur la partie musique de l’album dans un monde où aujourd’hui la musique se consomme en express. Comment on fait vivre justement un groupe où la construction est clairement le maître mot de la création des albums et où les morceaux sont clairement pas faits pour être des pistes à écouter dans un ordre sans faire attention. Comment vous le voyez vous le fait de construire de la musique comme vraiment une œuvre et pas comme des pièces écoutables aléatoirement? 

Benoît : Oui, on n’a pas, tu utilises le mot vivre, nous on n’a pas besoin de Monolithe pour vivre. Monolithe ne nous fait pas vivre, je veux dire. On est un groupe semi-professionnel, on gagne un peu d’argent avec ce qu’on fait, mais heureusement que l’on ne compte pas sur monolithe pour en vivre. Du coup, ça nous donne une certaine liberté de faire un peu ce qu’on veut, parce que ça marche ou ça marche pas, on préfère que ça marche évidemment, mais que ça marche ou ça marche pas, c’est pas ça qui va conditionner la suite de ce qu’on va faire. L’idée, dès le départ, ça a toujours été de raconter des histoires, et l’histoire, c’est assez dur de la raconter sur 5 minutes, 10 minutes ou 15, on a déjà fait des morceaux de 15 minutes, il y a toujours besoin de s’étendre un petit peu. Donc, les morceaux peuvent tout à fait s’écouter indépendamment les uns des autres si on ne nous fait pas attention à ce qui est raconté. Je sais que moi, par exemple, j’écoute de la musique, sans toujours faire attention aux paroles, et je prends plaisir à écouter de la musique, et c’est pas grave si je ne comprends pas ce qui est raconté. On peut écouter des morceaux qui viennent du monde entier, dans les langues du pays sans forcément comprendre ce qui se passe, mais l’émotion est là dans la musique, et moi, ça peut me suffire. Donc, les morceaux, ce n’est pas forcément gênant, ce qu’on ne les écoute pas dans l’ordre. Par contre, chaque fois, on veut raconter une histoire, donc, elle s’étale forcément sur un certain nombre de morceaux qui ont une cohérence les uns avec les autres. Ce n’est pas juste une collection de morceaux qui ont été composés à différentes époques, et qu’on rassemble parce qu’on a besoin de faire un disque. Tout a été composé sur une même période, dans un même état d’esprit. Et voilà, on consomme la musique comme ça, nous principalement. Moi, j’écoute beaucoup d’albums, mais pas forcément des morceaux isolés. Et je sais qu’on est tous comme ça, surtout pour les plus anciens, je ne sais pas ce qu’en disent les plus jeune, mais les plus anciens, en fait, dont je fais partie, on fait comme ça.

Vincent : Les nouvelles générations ne font plus ça, comme tu disais. Elles vont picorer à droite, à gauche, des singles. C’est quoi notre place aujourd’hui avec des concepts album qui s’écoutent en entier ? Moi, j’y crois. Je pense que c’est intéressant d’offrir ça aussi. Il y a d’autres groupes qui le font surtout dans le métal progressif. Le concept album, c’est quasiment un standard. Et tu sais que toute façon, tu t’adresses à un public de… Alors, attention, je vais être un politiste, mais de connaisseur entre guillemets. J’imagine que Monolithe écoute pas trop ça d’une oreille distraite et que tu essaies de t’y consacrer pleinement au moins la première écoute. Ouais, ça ferme probablement des portes. On ne sera pas dans le top 10 de Spotify, c’est certain.

Benoît : Je vais juste dire, est-ce que c’est le but dans le top 10 de Spotify ? Il y aurait trop de sacrifices à faire pour faire ça. Du coup, c’est pas du tout notre intérêt qu’on a dans la musique.

Quentin : Avec Black Old District, on aime les albums qu’on pouvait avoir avant aussi. Il y a la fois la contrainte et la non contrainte, c’est-à-dire que là, Black Old District, les morceaux sont bien scindés. Il y a les interludes, il y a les morceaux de 10 minutes. On peut écouter un petit peu comme on veut. Il y a aussi cette contrainte qui avait les premiers albums où c’était une seule piste de 50 minutes. Si tu veux écouter ton passage préféré, tu es un petit peu obligé d’avancer ou d’écouter tous les morceaux. C’est en fonction des habitudes des gens, mais c’est vrai que les premiers albums ont cette contrainte là. T’es obligé de t’immerger dans l’œuvre complète du début à l’enfin. Tu perds un peu toute l’info que tu peux en glaner, mais là, c’est vrai que les plus récents, on est plus sur une construction de morceaux avec une durée limitée. Tu peux les écouter de manière séparée, mais c’est vrai que tu vas perdre aussi le concept des morceaux d’avant. Tout dépend, mais oui, c’est vrai que dans cette niche là, dans laquelle on appartient en général, c’est vraiment l’écoute du morceau 1 jusqu’au dernier, sans trop faillir. Après, avec les exigences qu’imposent le live, c’est normal aussi de s’enlever les morceaux. Tu fais un seul morceau de 50 minutes, tu fais reposer ton concert que sur un seul morceau de 50 minutes. C’est un pas sous sa casse , c’est en fonction du public.

Benoît : On l’a jamais fait, mais ça arrivera peut-être un jour, je ne sais pas. On se mettra peut-être ce défi de faire un morceau de 50 minutes à un concert. Ce sera du défi pour nous et j’espère que ce sera un peu moins du défi pour les auditeurs. Je vois dans toutes les chroniques qu’on a pu avoir, à travers les années, qu’il y a du retour, on a eu principalement des bonnes chroniques. Je m’en souviens, il y a eu quelques une mitigées, mais globalement, les gens adhèrent à ça. Et généralement dans le métal et principalement dans le genre de métal qu’on peut faire, le public est fait pour ça. Le public écoute la musique de cette façon là. Le public nous écoute et nous suit depuis des années et nous découvre maintenant ce n’est pas un public qui va écouter une chanson par-ci par-là et qui n’écoute que des singles. Ce n’est pas forcément une révolution pour eux que nous, de ne pas poser la musique comme ça.

Victor : Ce que Quentin disait sur le fait de faire reposer un concert sur un morceau. J’avais eu cette discussion là avec Hypno5e, où je parlais du fait que des fois ils faisaient juste une partie d’un morceau en live, et comment on décide justement de… On peut décider de couper son œuvre pour s’adapter au fait qu’on fait quelque chose de particulier en live qui n’est pas forcément fait pour faire l’intégralité d’un album. J’avais trouvé ça intéressant leur façon de dire que si on doit couper un morceau, enlever des petits bouts pour que ça tienne, qu’on puisse en faire d’autres derrière, on le fait, c’est le jeu aussi.

Benoît : A la base Monolithe n’a pas été crée pour faire du live.  Mais on s’y est mis à un moment donné parce qu’on a eu de belles propositions et quand on s’est mis à faire du live, on venait de sortir Zeta Reticuli et Epsilon Aurigae , mais on avait aussi des gens qui nous suivaient depuis les premiers albums. Et nous, on avait envie de jouer ces premiers albums. Donc évidemment, on n’allait pas jouer 4 albums de 50 minutes à la suite. Il a fallu tailler dedans. Est-ce qu’on a ressorti les meilleurs riffs, je ne sais pas, mais on a fait des montages audio pour avoir une cohérence raccourcie à 10 minutes, pour proposer quelque chose qui est plus proche d’un medley des premiers albums, avec un morceau par album. Et ça, ça a plutôt bien marché. Et même quand on a fait des morceaux 15 minutes, au début, on les faisait. On pourrait être un peu long, même pour nous, à jouer. Donc on a, on les a raccourci aussi à 10 minutes. Maintenant, 10 minutes, en tout cas, c’est ce qu’on fait pour un morceau. Donc on a déjà fait ce genre de chose et c’est pas forcément simple. C’est un travail qui est un peu obligateur pour pouvoir proposer ce genre de morceaux.

Victor : Là, l’album est sorti depuis quelques temps. Quels sont les premiers retours que vous avez eu de vos auditeurs sur l’album ?

Quentin : Là, j’ai vu que des chroniques très positives. On a même fait une release party où on a beaucoup de personnes qui étaient dans le bar du Docteur Feelgood (à Paris, ndlr), qui venaient pas spécialement pour nous, mais qui ont découvert comme ça et qui ont tout de suite adhéré au propos. Ça fait plaisir en plus, avec une musique assez aussi exigeante, d’avoir pu capter quand même l’attention de gens qui n’étaient pas spécialement là pour ça, et qui ont dû être à un moment donné saisi par une mélodie ou un riff ou un morceau. Donc ça fait très plaisir de voir vraiment que les retours sont très positifs, de voir qu’il y a toujours autant de personnes pour suivre toute la carrière du groupe après tant d’années. C’est quand même assez impressionnant. On est plutôt content pour le moment de voir que l’album plaît et que ça fait tranquillement son chemin, et on espère que le défendre très vite sur scène.

Victor : J’espère aussi, en tout cas! J’allais vous poser une question justement sur les projets. Est-ce qu’il y a des projets pour l’instant, ou donc tout à l’heure vous parliez du fait qu’il y a déjà des idées pour l’album suivant, mais est-ce qu’il y a des projets à plus court terme suite à la sortie de l’album ?

Quentin : Alors là, écoute, on est toujours en phase de répétition. On devrait passer, je pense, prochainement aux phases de répétition avec des visuels puisque Monolithe joue avec beaucoup de visuels en fond, en fond de scène et des vidéos, tout ça. Donc là, après ça, ça va être la prochaine étape, c’est de voir un peu comment, en faisant des filages, comment on calme aussi les visuels en fonction de la setlist. Et puis, après tout ça, une fois qu’on sera bien rodés, l’objectif va être de remonter sur scène très vite. Donc on a signé avec un bookeur à la fin de l’été. Donc là, il travaille activement pour nous trouver des dates le plus vite possible. Donc voilà, on est paré pour reprendre les planches.

Victor : Pour terminer, dans notre média, on aime bien parler du coup des artistes, comme je disais, qui nous font vibrer, et pareil toujours, sans contrainte de genre. Vous, quelles sont les artistes, les groupes, les albums qui vous ont marqués ces derniers mois ?

Benoît : Alors moi je suis un peu du vieux de la vieille, j’ai pas forcément beaucoup découvert de nouveautés en termes de groupes.  J’ai beaucoup aimé le dernier album de David Gilmour, je suis un grand fan de Pink Floyd. Et là je sais que Quentin va me rejoindre, j’ai été bluffé par le dernier The Cure. Je ne m’attendais à rien du tout, surtout ça fait 16 ans qu’il n’ont rien sorti, et je le lis un peu partout que tout le monde est d’accord avec moi, qu’il est magique, il est magistral. Ils n’ont quasiment rien fait de mieux depuis Desintegration à fin des années 80. Et franchement un groupe qui a 50 ans de carrière et qui sort ça, il y en a assez peu, et franchement je me remets toujours pas, j’écoute quasiment une fois par jour et ça va s’occuper encore quelques semaines. Voilà, ce n’est pas des projets nouveaux, mais des fois dans les vieux pours, on aurait encore à faire des trucs super biens et même Robert Smith qui n’a plus rien à prouver, il arrive à encore prouver malgré tout qu’il est en haut de l’ affiche avec ce qu’il fait.

Victor : Ce que je trouve assez fou dans cet album, c’est que c’est un album qui a une méga cohérence alors qu’il a été composé sur je ne sais pas combien d’années.

Benoît : Tout à fait oui.

Vincent : En fait c’est Robert Smith qui est méga cohérent dans ce qu’il propose. 

Benoît : Ah ca oui lui est cohérent évidemment!  Alors l’album n’est pas parfait mais c’est pas grave non plus parce qu’on n’a en demande pas la perfection. Certes il a travaillé dessus pendant longtemps mais ils l’ont enregistré sur une certaine période ce qui fait que ça sonne assez de manière cohérente

Quentin : Bah écoute, moi forcément, avec mon activité, je suis un peu obligé aussi de consommer beaucoup de musique. C’est une obligation qui me fait plaisir, donc il n’y a pas de souci. Mais oui, pour rejoindre Benoit, effectivement, le dernier The Cure, voilà, je me suis procuré en vinyle il n’y a pas longtemps et c’est vrai qu’il tourne beaucoup, beaucoup ici chez moi. J’aime bien effectivement cette idée aussi que, effectivement, je rejoins aussi pas mal des critiques qui disent que c’est peut-être le meilleur qu’ils aient fait depuis Desintegration et je fais ça, je suis assez d’accord, et il y a ce côté un petit peu marrant, on a l’impression que le temps s’est arrêté entre Desintegration et ce dernier albums. On a l’impression vraiment qu’ils ont repris là où ils s’étaient arrêtés à ce moment là. Sinon j’écoute pas mal aussi là dans les dernières sorties où j’écoute beaucoup le dernier Blood Incantation, pareil, c’est monstrueux ce qu’ils ont fait là. Cette espèce de rencontre entre du Death, le groupe, avec des éléments un peu à la Pink Floyd ou à la Tangerine Dream

Vincent : Wouah attends, il faut que j’écoute ça moi, attends!

Quentin : C’est assez vener, oui! Deux morceaux de 20 minutes, où t’as tout au même temps, qui arrive, t’as du Morbid Angel, du Pink Floyd, du Tangerine Dream, Et y’a le dernier Oranssi Pazuzu qui tourne beaucoup aussi! 

Vincent : Et moi, ce que tu veux, le truc le plus récent vraiment qui m’a mis une petite claque, c’est le dernier album de Kiko Loureiro, qui est le premier guitariste d’Angra et qui est passé par Megadeth. Et qui ne faisant plus partie de Megadeth, il devait s’ennuyer. Donc il a, j’ai ce que je comprends en tout cas, il a fait un album sous l’eau, mais c’est tellement bourré d’idées, c’est complètement dingue. Je ne sais pas comment il a fait pour faire avoir autant d’idées à la minute. On sent l’album qu’il a composé, alors qu’il se faisait chier parce qu’il ne pouvait pas composer dans Megadeth. C’est comme, je l’interprète comme ça, vraiment, c’est incroyable, incroyable, c’est ce foisonnement d’idées dans les styles. Alors le son, c’est toujours un peu le même, bien évidemment. Alors ce n’est pas le son dans d’Angra attention, il y a un son avec une base beaucoup plus agressive. Voilà, mais bon, vraiment, grosse, grosse belle découverte, mais le vrai dernier truc qui m’a retourné la tête ça date un peu plus, mais c’est Igorrr, Ça, pour moi, c’est ma dernière énorme claque. Ça me transcende complètement quand j’écoute ça, peut-être la voix, ou je ne sais pas, la combo d’électro, 8 bits chelou, je n’en sais rien, mais en tout cas, ça me touche particulièrement, en tout cas, ce truc à la tête.

Victor : Merci à tous pour cette belle interview ! 

Vincent, Quentin et Benoît : Merci à toi !


Last November, we told you about Black Hole District, the tenth album from French band Monolithe! This January, we’d like to tell you a little more about this release, which clearly marked the end of our year. Benoît Blin (guitar), Quentin Verdier (vocals) and Vincent Rémon (bass) answered Victor’s questions and talked to us about science fiction, music, their favorites and everything that is Monolithe.

Interview by Victor BRUNERIE

Victor: I wanted to start by asking a quick question to those of you who have been with the band for several years.

Vincent: I’ll get right to it (laughs).

Victor: We’re coming up to the band’s tenth album. How do you see the band’s history once we reach this tenth album?

Benoît: That’s a big question. Things are pretty progressive. There was a gap between 2007 and 2012-13, I think, but since then things have been pretty gradual and we got to 10 without really realizing it. When you look back, you see that 10 albums in a 23-year career – the band was formed in 2001 – that’s not bad, it’s still a pretty good pace. And as long as we have things to say, as long as we feel that the quality of what we have to say is there, there’s no reason for us to stop, I think. But 10 albums is a round number, it’s a milestone that very few bands manage to reach, whether they’re established bands or not. After that, the established bands don’t necessarily have the same rate of release, because they have a much greater live activity, and that obviously takes up a lot more of their time. But no, it’s just a great source of pride, because as far as I’m concerned, from the very beginning, I’ve followed things over time, and it’s just a great source of pride.

Victor: Let’s take a look back at your last album, Kosmodrom, which came out two years ago. How did you feel about the release of that album and the shows that followed?

Benoît: It was a rather special album because it was written during the first confinement. And the theme of the conquest of space as seen from the Russian side was already chosen before the events we’ve known since. And before the album was released, we were told, “Aren’t you afraid it’ll be misinterpreted?” because people might have thought it was a pro-Russian album. That wasn’t the case at all, and in the end we didn’t have any problems. A lot of people warned us about it, even though the problems weren’t there. So we had a slight fear – well, I had a slight fear, but in the end it was completely unfounded, because it had been put in my head. And the concerts we did when we came out, nobody talked to us about it, they understood that we really wanted to come back and that it wasn’t a political move at all. We’re not a political group, and just because we’re talking about Russia at a time when it’s also in the news in the way we know it, doesn’t mean we’re pro-Russian or anything. We showed that this country has had a space-side history, because that was the theme of the album, but that’s all. And the concerts we did, we didn’t have the chance to do many at the time of the record’s release, but we did a few with The Old Dead Tree. We were able to take advantage of their audience, and a certain number of people came for us too, so all we want to do is go back there.

Victor: So, your new album Black Hole District has just been released, and as with the rest of the band’s discography, it has its own particularities, both in terms of sound and album construction. But this is really a very cinematic album in the sense that there’s a narrative, there are interludes and all that. How did you go about creating the album? Was the story developed beforehand, or did the songs just come together? And then you developed a story around the songs.

Benoît: Quentin, would you like to get started?

Quentin: Yes, yes, listen, from a musical point of view, I think the album was written with Sylvain, who always has an idea in mind beforehand, a concept, a story he wants to tell, and then he tries to lay the sounds on top of whatever concept he may have. In this case, the theme is a story inspired somewhat by the film Blade Runner, so it’s a fairly similar universe. So we follow the story of a character who turns out to be an android, but doesn’t actually know it. As a result, he’s looking for someone and a purpose in his life, which leads to the discovery of his true nature and which will also lead to his downfall. He’s also hunted down by the authorities of this somewhat dystopian world in which he’s evolving, who are trying to short-circuit him because he’s not supposed to be conscious. We’re really into a mix of different aesthetics, so we’re into what we call tech noir, which mixes science fiction and film noir, with the most obvious references being Blade Runner, obviously, because we’ve pushed the envelope even musically, to the point of using the SC80 life used by Vangelis in the film’s soundtrack, but there are also other influences like Matrix, Ghost In The Shell and Dark City. Throughout the album, we follow the thoughts of the main character, through a narration by a professional American voice-over artist. And we’re in that typical style we call Hard Boil, a style from the 50s. So that’s the whole theme. And yes, in fact, every Monolithe album, but I think the other Benoît can confirm this, a Monolithe album always comes from a basic idea, a story to tell, and then the sounds are grafted onto it little by little to build up the whole skeleton of the album.

Benoît: Yes, I can confirm that’s how it is. Afterwards, it starts with riffs, there are always riffs coming in, and then the riffs develop, and the story develops at the same time, and everything happens a bit gradually like that. That’s really what Quentin was saying.

Victor: Precisely on the construction of the album, as I was saying, there are interludes and tracks as such. And as always with Monolithe albums, there’s consistency right down to the individual tracks. In other words, here, for example, all the tracks are 10 minutes long to the exact second. And every time, I wonder how you manage to achieve such rigorous compositional precision. In Octa Khora it was 8 and 4 minutes, in Nebula Septem it was 7 minutes, and here it’s 10.

Benoît: Since the first album, we’ve liked to play with numbers. The first album was, as its name suggests, the first. But the name of the record, the 1, a bit of a Roman numeral, represents the monolith, so it was linked to the name of the band, and when we had to name this record, it was logical to call it that, and so on, when we came to the second, third and fourth albums, we continued with this logic of wanting to play with numbers, and then the albums continued, we changed cycles and we changed the way we named our albums, but there was always this game, and at that point we pushed the vice, Each record is linked to the number it represents in its position in the band’s discography. And it’s something we’ve developed over time, and now we know the tricks we need to make tracks that last precisely the same time. How you do it is to start with a little more and then trim a little to keep only the essentials, and when you reach the right length you’ve achieved what you set out to do. Generally speaking, there’s nothing superfluous at that point. There’s always a way of reworking a 10-minute piece and getting to 9.45 or 9.50. You can drag out a little chord ending or something like that. There are always little tricks you can use to achieve the length you want. If a piece is 9.50 or 10.10, it’s easy enough to make it a round number.

Victor: In this album, as Quentin was saying, there’s the development of a whole dark tech universe. What is it about this universe that attracts you?

Quentin: In fact, the whole theme of Monolithe is based on space and science fiction. So it made sense to pay tribute to this style and develop a whole story. So, in the same way as the use of numbers and rigorous timing, it also becomes a compositional and conceptual gimmick. Every band has its own compositional gimmick, its own conceptual gimmick, and I think that’s also inked in Monolithe‘s identity. And yes, we’re all big fans of science-fiction films, series and books. So paying homage to all these references that have marked our culture to some extent was a real priority. Yes, it was important.

Vincent: After that, it’s no coincidence that it happened at that time. What you need to see is that all the albums, well maybe 10 and probably the following ones, are a chronological frieze. If you look closely at Monolithe I, II, III, IV, grouped together under the title The Great Clockmaker, which is the name of the quadrilogy, it’s really everything linked to the creation of the universe, the origins of the universe, etc. It’s something you’ll find again and again in the same album. It’s something you’ll also find in the live decorum and all the video imagery that surrounds us. And in fact, naturally, you go from the creation of the universe to the creation of our galaxy, our solar system and our Earth. So the reference to 2001: A Space Odyssey, that’s where we come in. And then you have a sort of robond where we go back into space, or you have the conquest of space by humans. So we’re actually talking about the Kosmodrom album about the conquest of Russian space. We could also have done the American conquest, and so on. But hey, it was a choice, as Benoît said. And now, with this album, we’re starting to move into anticipation, into the future, with science fiction, future. Whereas before, we were more into historical science fiction. And that’s when we start tackling android themes with, as Quentin was saying, reference films like Blade Runner, Dark City and Matrix. In fact, basically everything related to artificial intelligence. That’s why you have titles that refer to sentience. So sentience is basically the awareness of artificial intelligence, which is a very topical subject, really. Well, you play a bit with Chat GPT or with Gemini, when you read the lyrics of the album, we’re not far off, really. So, you see, in this timeline, we’re starting to go into a… So, you tell us, is it science fiction, is it utopia, is it uchrony, is it, how shall I put it, just very short-term projection? So what does it mean? It means that maybe subsequent albums will go even further in projecting the future and saying, well, how far can mankind go? So it’s interesting to see it as a timeline.

Quentin: To add to what Vincent was saying, at the moment we’re not really sure where the next album is going to go, but there are already a few ideas in the next theme, which is everything to do with extraterrestrial modes of communication that don’t resemble our own. So what you see in a film like Arrival, for example, is the way extraterrestrial species communicate, so that’s certainly a theme we’ll be developing on the next album. So it remains to be seen how it will be told, but in any case, it’s the basic storyline that’s taking shape for the rest of the album.

Victor: I’d like to pick up on what Vincent was saying earlier, that there’s a sort of borderline between utopia and uchrony. It’s here, in the album, where we feel that, saying to ourselves, in the end, it’s not as improbable as all that, for example, androids, so the moon falling to earth might be a bit more, for the moment, anyway….

Vincent: It’s going to happen, technically.

Victor: Yes, it’s going to happen. But not tomorrow, in principle.

Vincent: No, I’ll check. We’re not supposed to see it. (laughs)

Victor: But what I wanted to say is that we’ve reached a frontier where utopia and chronicle come together, and it’s interesting in the album to have this sort of weak frontier line where we don’t know whether it’s science fiction or…

Vincent: Or anticipation, actually. The term we’re looking for is anticipation. Is it completely science fiction or anticipation? It depends on your opinion and the hope or fear you place in artificial intelligence, in androids. If you look at what Boston Dynamics is doing today, or what artificial intelligence is doing, it’s not that long ago, really. After that, the real frontier is sentience, hence the title we tried to work up, sentience. After that, it’s all personal convictions, but artificial intelligence probably isn’t that intelligent. And what you feel when you read the lyrics on the album is that you’re a real being, who you have trouble knowing whether he’s human or not, to the point where he himself doesn’t know. And that’s what you find in Blade Runner. That’s where the limit really lies. That’s when your own AI won’t know whether it’s an AI or not.

Victor: And I was going to say, to pick up on what Quentin was saying earlier, about the use of the voice-over specialist. In the interludes, we really have this thing of having, even in certain titles where there are little spoken excerpts, to really have this character we’re following. It’s really a story set to music.

Quentin: Yes, it’s really the cinematographic side of the album. It’s really with this narration where we’re really in a subjective view of the character, we’re in his thoughts and we really follow a whole thread from the beginning to the end, which is actually quite a tragic ending. And that’s it, the end is absolutely to find yourself with a character who’s in total despair.

Vincent: I remember that the endings of Blade Runner 1 and 2 weren’t so great either, were they? In the first, he dies, and in the second, he’s totally depressed, isn’t he?

Quentin: Yes, that’s true.

Vincent: But we love it.

Victor: I was going to come back to the music part of the album, in a world where music is nowadays consumed as an express. How do you support a band where the construction is clearly the key word in the creation of albums and where the tracks are clearly not made to be listened to in an order without paying attention? How do you see the construction of music as a real work of art and not as randomly listenable pieces?

Benoît: Yes, we don’t, you use the word live, we don’t need Monolithe to live. Monolithe doesn’t sustain us, I mean. We’re a semi-professional band, we earn a bit of money from what we do, but fortunately we don’t rely on Monolithe to make a living. So that gives us a certain freedom to do what we want, because it either works or it doesn’t. Obviously, we prefer it to work, but whether it works or not doesn’t determine what we’re going to do next. The idea, from the start, has always been to tell stories, and it’s pretty hard to tell a story in 5 minutes, 10 minutes or 15. We’ve already done 15-minute tracks, so there’s always a need to stretch things out a little. So, if you don’t pay attention to what’s being told, the tracks can be listened to independently of each other. I know that I, for example, listen to music without always paying attention to the lyrics, and I enjoy listening to music, and it doesn’t matter if I don’t understand what’s being said. You can listen to songs from all over the world, in local languages, and not necessarily understand what’s going on, but the emotion is there in the music, and that’s enough for me. So it’s not necessarily a problem to listen to the songs in the wrong order. On the other hand, every time, we want to tell a story, so it’s necessarily spread out over a certain number of tracks that are coherent with each other. It’s not just a collection of tracks composed at different times, which we put together because we need to make a record. Everything was composed over the same period, in the same state of mind. And that’s how we consume music, mainly ourselves. I listen to a lot of albums, but not necessarily to individual tracks. And I know we’re all like that, especially the older ones. I don’t know what the younger ones have to say about it, but the older ones, in fact, including myself, are like that.

Vincent: The new generations don’t do that anymore, as you said. They pick up singles left and right. What’s our place today with concept albums that can be listened to in their entirety? I’m a believer. I think it’s interesting to offer that too. There are other bands who do it, especially in progressive metal. The concept album is almost a standard. And you know that, anyway, you’re addressing an audience of… I’m going to be a politician here, but a connoisseur in quotation marks. I imagine that Monolithe doesn’t listen to this with a distracted ear and that you try to devote yourself fully to it, at least on the first listen. Yeah, that probably closes some doors. We won’t be in Spotify’s top 10, that’s for sure.

Benoît: I’ll just say, is that the goal in Spotify’s top 10? There would be too many sacrifices to make to do that. As a result, it’s not at all our interest in music.

Quentin: With Black Old District, we like the albums we could have had before too. There’s both constraint and non-constraint, which is to say that with Black Old District, the tracks are well divided. There are interludes, there are 10-minute tracks. You can listen to them any way you like. There’s also this constraint that had the first albums where it was a single 50-minute track. If you want to listen to your favorite passage, you’re a bit obliged to go forward or listen to all the tracks. It depends on people’s habits, but it’s true that the first albums had this constraint. You have to immerse yourself in the whole work from beginning to end. You kind of lose all the information you can glean from it, but it’s true that with the more recent albums, we’re more into a construction of tracks with a limited duration. You can listen to them separately, but it’s true that you’ll also lose the concept of the earlier tracks. It all depends, but yes, it’s true that in this niche, where we generally belong, it’s really about listening to track 1 right through to the last, without failing too much. After that, with the demands of live performance, it’s normal to take tracks off each other. You do one 50-minute track, and your concert is based on one 50-minute track.

Benoît: We’ve never done it, but it might happen one day, I don’t know. Maybe we’ll challenge ourselves to do a 50-minute piece at a concert. It’ll be a challenge for us, and I hope it’ll be a little less of a challenge for the listeners. I can see from all the reviews we’ve had over the years that they’ve come back, and we’ve had mostly good reviews. I remember there were a few mixed reviews, but on the whole, people are into it. And generally in metal, and especially in the kind of metal we can do, the public is made for it. Audiences listen to music that way. They’ve been listening to us for years, and now they’re discovering us. It’s not a public that listens to a song here and there, and only listens to singles. It’s not necessarily as revolutionary for them as it is for us, not to put the music down like that.

Victor: What Quentin was saying about basing a concert on a song. I had this discussion with Hypno5e, where I talked about the fact that sometimes they’d just do part of a song live, and how you decide to… You can decide to cut your work to suit the fact that you’re doing something particular live that isn’t necessarily meant to be an entire album. I thought it was interesting the way they said that if you have to cut a track, remove little bits to make it fit, so that you can do other tracks afterwards, you do it, that’s the game too.

Benoît: Monolithe wasn’t originally created for live performance. But we got into it at a certain point because we got some great offers, and when we started doing live shows, we’d just released Zeta Reticuli and Epsilon Aurigae, but we also had people who’d been following us since the first albums. And we wanted to play those early albums. So obviously, we weren’t going to play 4 50-minute albums in a row. We had to cut back. I don’t know if we pulled out the best riffs, but we did some audio editing to shorten the coherence to 10 minutes, to offer something closer to a medley of the first albums, with one track per album. And that worked out pretty well. And even when we did 15-minute tracks, we did them at first. It could be a bit long, even for us, to play. So we shortened them to 10 minutes. Now, 10 minutes, anyway, that’s what we do for a piece. So we’ve already done this kind of thing, and it’s not necessarily easy. It’s a bit of an uphill struggle to come up with this kind of track.

Victor: The album has been out for some time now. What initial feedback have you had from your listeners?

Quentin: I’ve only seen very positive reviews. We even had a release party where a lot of people came to the Docteur Feelgood bar (in Paris, editor’s note), who didn’t come especially for us, but who discovered it that way and immediately got into it. What’s more, with music as demanding as this, it’s a real pleasure to have been able to capture the attention of people who weren’t really there for that, and who must at some point have been seized by a melody or a riff or a piece of music. So it’s great to see that the feedback is really positive, to see that there are still so many people following the band’s career after so many years. It’s pretty impressive. We’re pretty happy at the moment to see that the album is going down well, and that it’s slowly catching on, and we hope to be able to defend it on stage very soon.

Victor: I hope so, too! I was going to ask you a question about projects. Are there any projects at the moment, or were you talking earlier about the fact that there are already ideas for the next album, but are there any shorter-term projects following the release of the album?

Quentin: Well, listen, we’re still in the rehearsal phase. I think we’ll soon be moving into the rehearsal phase with visuals, because Monolithe plays with a lot of visuals in the background, in the stage background, and videos and all that. So, after that, the next stage will be to see how we can calm down the visuals to suit the setlist. And then, after all that, once we’ve got the hang of it, the aim will be to get back on stage very quickly. So we signed up a bookeur at the end of the summer. He’s now actively working to find us dates as quickly as possible. So we’re all set to get back on stage.

Victor: To conclude, in our media, we like to talk about the artists, as I was saying, who make us tick, and always the same, regardless of genre. What artists, bands or albums have stood out for you in recent months?

Benoît: Well, I’m a bit of an old-timer, so I haven’t necessarily discovered many new bands. I really liked David Gilmour‘s last album, and I’m a big Pink Floyd fan. And now I know that Quentin will be joining me, I was blown away by the latest The Cure. I wasn’t expecting anything at all, especially since it’s been 16 years since they’ve released anything, and I read it everywhere that everyone agrees with me, that it’s magical, it’s masterful. They’ve hardly done anything better since Desintegration in the late 80s. And frankly, there aren’t many bands with a career spanning 50 years who’ve come up with something like this, and frankly, I’m still not over it. I listen to it practically once a day, and it’ll keep me busy for a few weeks yet. These aren’t new projects, but sometimes in the old pros, we’d still be able to do really good stuff, and even Robert Smith, who has nothing left to prove, still manages to prove that he’s at the top of the bill with what he’s doing.

Victor: What I find crazy about this album is that it’s mega-coherent, even though it was composed over I don’t know how many years.

Benoît: Absolutely, yes.

Vincent: In fact, Robert Smith is mega-coherent in what he proposes.

Benoît: Ah yes, he’s obviously coherent! So the album isn’t perfect, but that’s okay either, because we’re not asking for perfection. Of course, he worked on it for a long time, but they recorded it over a period of time, so it sounds pretty coherent.

Quentin: Well, listen, obviously with my job I’m obliged to consume a lot of music. It’s an obligation that gives me pleasure, so there’s nothing to worry about. But yes, to join Benoit, the latest album from The Cure, well, I bought it on vinyl not long ago and it’s true that it gets a lot of airplay here at home. I also like the idea that, yes, I agree with a lot of the critics who say that this is perhaps the best album they’ve done since Desintegration, and I do, I quite agree, and there’s this funny side to it, you get the impression that time has stopped between Desintegration and this latest album. You really get the impression that they’ve picked up where they left off at that point. I’ve also been listening to a lot of the latest Blood Incantation release, and it’s just the same, what they’ve done here is monstrous. It’s a kind of meeting of Death, the band, with elements a bit like Pink Floyd or Tangerine Dream.

Vincent : Wait a minute, I’ve got to listen to that!

Quentin: It’s pretty angry, yes! Two 20-minute tracks, where you’ve got everything happening at once, you’ve got Morbid Angel, Pink Floyd, Tangerine Dream, and there’s the latest Oranssi Pazuzu, which gets a lot of airplay too!

Vincent: Well, the most recent thing that really knocked my socks off was the latest album by Kiko Loureiro, who was Angra‘s first guitarist and who went on to play with Megadeth. And since he’s no longer with Megadeth, he must have been bored. So, as I understand it, he made an album underwater, but it’s so full of ideas, it’s completely crazy. I don’t know how he managed to come up with so many ideas a minute. You can feel the album he’s written, even though he was bored out of his mind because he couldn’t write for Megadeth. It’s like, I interpret it like this, really, it’s incredible, incredible, it’s this abundance of ideas in styles. The sound is still pretty much the same, obviously. It’s not the Angra sound, mind you, there’s a sound with a much more aggressive base. But the last thing that really blew me away was Igorrr, and that’s the last thing that really blew me away. It completely transcends me when I listen to it, maybe the voice, or I don’t know, the weird 8-bit electro combo, I don’t know, but in any case, it really touches me.

Victor: Thank you all for this great interview!

Vincent, Quentin and Benoît: Thank you!

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