#Artist : Interview The Baptized

A l’occasion de la sortie de leur premier album, Exilion, ce 7 mars dernier, nous avons eu l’opportunité de discuter avec l’intégralité des membres de The Baptized autour d’un petit verre en terrasse. Ils nous ont parlé composition d’album, expérience live, influence et futur de la formation Lilloise. 

par Marye Davenne et Victor Brunerie

Crédit photo : Zelda Sidoine Zenith

English version below


Marye : On vous a découvert en décembre 2022, lors de votre passage sur la scène du Black Lab. Vous veniez de sortir votre tout premier EP. Entre temps, vous avez été très actif en terme de concerts. Si on devait faire un bilan de votre parcours sur vos deux dernières années, que dirait-on ?

Vincent (batterie) : On a clairement pris en expérience. Quand je repense à ce concert au Black Lab où on jouait à l’arrache sur du matos qui n’était pas le notre. L’offre du Black Lab du mardi soir était incroyable, mais si je refaisais ce concert aujourd’hui, il n’aurait pas du tout la même tête. Même si on referait les mêmes morceaux, notre jeu live, notre envie, l’énergie qu’on dégage et notre façon de jouer ont beaucoup évolué.

Julien (basse)  : Le truc qui est toujours là, c’est qu’on tentait des trucs lives dès nos débuts. On essayait déjà de faire des versions lives de nos morceaux car on savait que c’était ce que l’on voulait, par contre c’était raté (rire). C’est à dire que c’était vraiment foiré.

Vincent : Oui, c’était naïf. Sur ces deux années, on a vraiment bossé notre capacité à retranscrire en live ce qu’on veut

Nicolas (guitare) : Egalement, on était sacrément moins exigeants sur le son.

Marye : C’est clairement dû à votre manque d’expérience quand vous vous êtes lancés

Nicolas : On se contentait de beaucoup moins.

Marye : Vous diriez que vous avez commencé à écrire sur cet album, Exilion, à partir de quand ?

Vincent : La première chanson que l’on a écrite d’Exilion, on l’a écrite avant même la sortie de notre EP, c’était « Malterie », qui a été jouée à notre tout premier concert.

Marye : Donc on peut dire qu’il n’y a pas de fracture du moment où vous avez fini la boucle de l’EP et vous commenciez à travailler sur l’album ?

Julien : Pas du tout. En fait, la mécanique est complètement opposée. C’est à dire que sur l’EP, on n’avait jamais fait de concerts avant de le sortir. On l’a sorti puis on a fait énormément de concerts en préparant cet album. Quand on est rentrés en studio pour cet album, tous les morceaux avaient déjà été joué en live. Ce qui fait que sur deux ans, on a ressorti des morceaux de l’EP, qu’on a mélangés avec des morceaux de l’albums. Les deux ont toujours été imbriqués par le live. On écrivait sur scène pour l’album, tout en faisant évoluer nos morceaux de l’EP.

Marye : Effectivement, quand on a fait la première écoute de cet album, à tous les morceaux, on s’est regardé avec Victor en disant « Ah mais oui on la connait celle-ci »

Julien : C’est la fan-base ça ! (rire)

Vincent : Effectivement, quand on a fait la Brat Cave où vous étiez là (Article à retrouver ici), le deal était de jouer notre album en intégralité et dans l’ordre car on rentrait en studio deux semaines après.

Marye : Et du coup, les avoir pratiquer parfois pendant longtemps en live, est-ce qu’en studio, vous êtes parti dans l’état d’esprit de vouloir enregistrer exactement ce que vous aviez fait en live ou c’était le moment de faire évoluer encore votre son ?

Vincent : Oui il y a eu des modifications. On a retravaillé certaines parties. Charly Millioz (le producteur de l’album) nous a beaucoup aidé là dessus en nous disant « Remettez-vous en question, prenez du recul sur vos morceaux ». Par exemple, « Malterie », on a énormément remodelé la structure suite à cette remise en question, à se demander ce qu’on voulait dégager de ce morceau.

Marye : Mais de l’avoir pratiquer pendant 2 ans, est-ce que vous n’avez pas peur lors de votre prochain concert de retrouver les automatismes que vous aviez et de ne pas vraiment jouer la version qu’on a sur l’album ?

Vincent : Mais on ne va pas jouer la version de l’album c’est sûr, car on est déjà en train de la modifier !

Marye : De la vraie amélioration continue !

Julien : On les a raccourcis et essentialisés sur l’album, mais maintenant on veut les re-allonger.

Vincent : La difficulté, c’est que sortir un album, c’est prendre une photo à un instant T de ce qu’est The Baptized. Mais tous nos morceaux sont constamment en évolution. Mais c’était déjà vrai pour nos morceaux de l’EP. Rentrer en studio, c’est comme faire une pause sur l’évolution de nos morceaux.

Julien : On est toujours dans une sorte de terreau d’expérimentation. Le live, ça nous permet de tester des trucs. On est déjà dans une dynamique de vouloir créer à nouveau. Notre album, on l’a déjà clairement bien jouer en live. Et on va très vite avoir envie de créer de nouveaux morceaux à intercaler en live, peut-être en interlude d’abord qui s’intégreront dans de futures créations.

Marye : C’est rigolo, car côté auditeur, la sortie d’un album, c’est le début d’une ère chez un artiste. Chez vous, c’est clairement la fin, un aboutissement.

Julien : Exactement, la concrétisation de tout ce qu’on a créé sur scène avant.

Nicolas : Là, je pense que les concerts que l’on va faire en mars vont peut être ressembler à ceux de juin dernier, mais à partir d’avril-mai, je pense qu’on aura bien évolué et ça va commencer à être un show complètement différent.

Vincent : On a tendance à se lasser très vite. C’est à dire que si on fait trop longtemps la même chose, on va se lasser et on ne voudra plus le faire. Et ca créer des frustrations et des tensions.

Julien : Je dirais qu’on est tous les trois des musiciens autodidactes, mais à trois. Nos seuls projets de compositions, on les a faits à trois. On apprend en le faisant. Dans cette notion d’apprentissage, il y a cette envie de progrès qui est très liée à l’apprentissage. Si on continuait à jouer nos morceaux de 2022 à l’identique, ça serait hyper décevant car c’est pas du tout le projet. Le fil conducteur des Baptized, c’est cette évolution.

Marye : C’est aussi synonyme de votre relation avec la musique depuis le début. Vous avez grandi ensemble, découvert la musique ensemble, appris à jouer la musique ensemble.

Vincent : Oui, on a fait toute notre culture musicale ensemble tout en ayant chacun nos préférences et spécialités. Du coup on voulait s’amener, chacun de nous trois à ses préférences, et en même temps, on se retrouve dans la musique qu’on utilise comme influence dans la musique des Baptized.

Victor : Tout à l’heure, vous parliez de Charly. Qu’est ce que ça vous a apporté d’avoir quelqu’un d’extérieur ?

Vincent : Je pense qu’on peut revenir même encore en arrière, en 2022. Charly est la toute première personne a avoir écouté The Baptized. Quand on a décidé d’enregistré le premier EP, personne n’avait jamais écouté The Baptized. Charly est venu nous voir en studio en répétition au Black Lab, et on avait les chocottes.

Julien : Faire un concert pour une seule personne comme ça, c’est une expérience !

Vincent : Il est arrivé, il a dit « Baissez vous les gars, c’est pas possible là »

Julien : Ah oui, on jouait sans bouchon d’oreilles en plus !

Vincent : Il est venu avec ses bouchons d’oreilles et il nous a dit « Je vais perdre mes oreilles là ». Il est arrivé et déjà on se faisait engueuler (rire)

Julien : C’est ce qu’on appelle « poser les bases » tout de suite (rire)

Vincent : Et depuis 2022, quand Charly nous dit quelque chose, on le prends vraiment au pied de la lettre, en essayant de comprendre pourquoi. Il a toujours été didactique et il nous a vraiment permis de prendre conscience de notre musique et il a toujours réussi à nous comprendre. Ce qui a été cool, c’est que c’est lui qui nous a proposé que notre album soit enregistré live.

Julien : Il l’a un peu « imposé ». Il nous a dit « Votre énergie, elle est live. Je vous enregistre comme ça ». Et c’est vrai que l’on n’aurait jamais réussi à transmettre notre énergie si on avait joué chacun notre tour en studio. C’est à dire qu’il a tout de suite compris que le projet de notre groupe, c’est d’être à trois, tout le temps. A 3 ou rien.

Vincent : Moi je ne saurais pas faire mes parties de batterie avec un métronome.

Julien : Jouer tout seul, je ne saurais pas faire non plus.

Nicolas : De toute façon, quand on devait le faire pour rattraper des parties, c’était difficile.

Vincent : Dans cet esprit là, Charly nous a compris dans notre façon de travailler et il nous a enrichis !

Julien : Sans jamais vouloir nous dénaturer. Il nous a jamais dit « J’aime bien » ou « J’aime pas ». Il a capté ce qu’on voulait faire, et il nous a porté un peu plus sans jamais donner un avis personnel.

Marye : Vincent, tu m’avais déjà dit que quand tu écoutes un artiste, un groupe, tu essayes toujours de comprendre ce qu’il se passe à la batterie. Et que les artistes qui te marquait, c’est ceux qui ont un jeu assez fou ou tu dois décortiquer. Est-ce que pour la musique de The Baptized, c’est cet état d’esprit que tu as quand tu fais tes parties ?

Vincent : Bah en fait, moi j’ai besoin de comprendre ce qu’il se passe car j’adore juste comprendre, c’est ce petit côté ingénieur. Ce qui me fascine, c’est pas forcément la démonstration technique, des trucs comme Dream Theater extrêmement compliqués, c’est plutôt les trucs efficaces comme certaines parties de King Gizzard and the Lizzard Wizard, qui sont exceptionnelles, c’est un batteur qui me fascine. Surtout sur l’album Flight b741, y’a des parties, c’est fantastique. Quand je compose une ligne de batterie, elle vient principalement de ce qu’il se passe à la basse et la guitare. C’est pas vraiment la même méthode de travail.

Julien : Mais t’es quand même méthodique, c’est à dire qu’il va pas dire « Vas y, on fait un rythme punk » ! C’est une vraie interconnexion. Moi à la basse, j’essaye de toujours chercher avec Vincent le « basse-batterie » solide. Ca part d’idées instinctives, qui sont spontannées, mais réfléchies pour savoir si ça marche ou non, et pourquoi.

Vincent : 100% de nos morceaux sont des jams de répet, qu’on enregistre et ré-écoute. On se dit « Oh ça c’était cool, ça non », et on prends des morceaux de différentes jam qu’on associe. C’est souvent des jams « Basse batterie » qui en deviennent des morceaux.

Marye : Et du coup Nico, tu te situes où là dedans ?

Nicolas : C’est pas que basse-batterie je dirais. Toutes nos parties sont vraiment liées les unes avec les autres. Chaque ligne de basse, de batterie et de guitare est composée en fonction de ce que fait l’autre. On ne peut pas dire qu’il y a un truc qui nous influence en particulier. En gros ce qui nous influence, c’est les autres.

Julien : C’est jamais arrivé que Nico arrive en répétition en disant « Ah j’ai fait un truc chez moi, c’est cool, je vous le propose » et après derrière on essaye de composer.

Vincent : Ah si c’est déjà arrivé ! Mais ça ne marche jamais !

Julien : Oui c’est vrai, et si par exemple l’un de nous est en retard en répet, et quand pendant ce temps on jam à 2. Et quand le troisième arrive et qu’on lui fait écouter, et bah là ça ne prend jamais ! Une idée, elle arrive à 3, elle se construit à 3 !

Vincent : C’est comme la fois où vous aviez fait un truc guitare-basse avec une boite à rythme, et j’ai du reprendre une idée qu’ils avaient eu à 2, c’est impossible !

Julien : Ou alors il refait à l’identique la boite à rythme, mais là c’est complétement con.

Nicolas : Peut-être qu’amener chacun un truc de son côté, ça peut marcher, juste on a peut-être pas assez persévéré, je ne sais pas. Mais après tout, on aime bien faire comme ça.

Victor : Vous vouliez un album « dont vous êtes le héros », est-ce que ce côté musique instrumental permets beaucoup plus de faire ça ?

Julien : C’est clairement la bande son du film que tu te fais dans ta tête ! Et ça, c’est comme ça que l’on a envie que les gens vivent notre musique. Sans paroles, c’est toi qui te fais ton histoire dans ta tête. Quand tu vas au musée, que tu regardes un tableau, boh bah t’as pas besoin d’avoir des bulles sur le tableau avec écrit ce qu’ils se disent. T’arrives à te mettre dedans en imaginant ce qu’il se passe. Quand on écoute de la musique classique, électronique et du jazz, c’est des musiques où il n’y a pas cette injonction à avoir des paroles, justement ! Ca stimule beaucoup plus ton imaginaire. On fait de la musique avec des influences rock, mais c’est cette volonté de créer ton histoire dans ta tête !

Marye : Et du coup, vous diriez que vous à peu près le même imaginaire sur votre musique ?

Nicolas : Globalement oui, mais ce qu’on a voulu démontrer via la pochette d’album et tous les visuels, on n’a pas forcément eu le même tout de suite, et on a du discuter. On était sur la même idée de base, y’en avait pas un qui voulait.. je sais pas.. un thème chevalier ! (rire).

Julien : On pourrait !

Nicolas : Allez on fait un EP sur le moyen-âge !

Vincent : L’idée de la science-fiction, la planète ou le voyage et de l’épopée, ça a toujours été le thème principal qu’on a voulu transcrire dans nos morceaux.

Julien : Cet effet « space-rock », c’est un thème qui se calque tout de suite sur de la musique avec beaucoup d’effet, au stoner. Même si j’en doute pas qu’il doit y avoir des groupes de stoner qui font sur des thèmes chevalier (rire).

Marye : Sur l’EP, on est sur un squelette qui monte en élévation, là ça y est on est dans les airs. L’EP est en noir et blanc, tandis que cet album est full coloré. Vous avez travaillé avec exactement la même personne pour les deux, mais il y a quand même une vraie cassure visuelle et les codes sont totalement différents alors qu’on est dans une musique qui se suit totalement.

Julien : En réalité, si tu mets les deux pochettes l’une à côté de l’autre, la composition est proche. C’est composé de beaucoup de cercles, on retrouve une certaine symétrie. Sur l’avant de l’album, on plante un décor. Tandis que le verso, on a vraiment l’arrière du décor. Par contre, on a voulu enlever le squelette et le noir et blanc pour ne pas que ca devienne notre marque de fabrique. Changer ça permets de montrer qu’on n’a pas vraiment de marque de fabrique visuellement, et que si on fait une troisième sortie, on pourrait partir dans quelque chose de radicalement différent. Si tu prends un virage dès le début, ça veut dire que tu n’es pas bloqué et que si tu veux, tu peux faire n’importe quoi.

Marye : C’est vraiment quelque chose que vous avez communiqué à Clément (Cappe, qui a designé les deux sorties, ndlr)

Vincent : Oui ! Il a du se tirer les cheveux car pour le coup, il est plutôt habitué à faire du noir et blanc. Quand on lui a dit de sortir de ses sentiers battus, qu’on voulait de la couleur, quelque chose de flashy, ça a été un challenge.

Julien : Lui même a évolué, car il faisait à la base que de la sérigraphie. Maintenant, il fait plus de numérique, il a pas mal d’imprimantes 3D, un vrai laboratoire de savant fou. Il faut s’imaginer quand tu vois la pochette, quand tu l’ouvres à l’intérieur, on a une scène. Mais cette scène, il a vraiment composer et modéliser ça. Sur son ordinateur, il peut se déplacer dans ce monde là. Les images qu’on voit dans l’album, c’est des captures d’écrans dans cet univers qu’il a créé.

Vincent : Et tous les visuels des singles, c’est tiré de cet univers en 3D.

Julien : C’est ce qui lui a permis de sortir les animations 3D, les visuels.

Marye : On veut voir ça sur des écrans en backdrop de vos concerts !

Julien : Oui ça donne envie de faire des concerts avec ça, mais c’est assez dur à mettre en place.

Victor : Vous nous avez dit au début de cet interview que vous alliez très vite retravailler les morceaux. Mais avec cet album là, en tant qu’objet album, vous avez envie de quoi principalement ?

Vincent : Notre premier objectif, c’est de sortir de la région. C’est à dire qu’on doit sortir de la métropole Lilloise. Julien s’est démené pour nous trouver des dates à Rouen, Lyon, Macon. C’est aussi pour ça que l’on est passé par Clément Duboscq de Vous Connaissez, notre attaché de presse, avec pour objectif de se faire connaitre en dehors de Lille. Par l’album, c’est plus simple de se vendre chez un tourneur, un festival…

Marye : Il y avait aussi un côté de professionnaliser votre musique un peu

Julien : Plutôt dé-amateuriser. On voulait gagner en légitimité et en crédibilité.

Vincent : On a absolument pas l’objectif d’en faire un gagne pain. Si la musique devait nous faire vivre et nous rapporter de l’argent, on composerait totalement différent. On aurait surement mis un chanteur.

Julien : On n’a pas la pression de se dire qu’il faut absolument que ça paye notre loyer. La musique n’a pas cet aspect vital dans nos vies actuelles. Peut-être que ça nous donnerait une toute autre énergie.

Vincent : Si tu veux que ta musique soit rentable, tu dois prendre des décisions artistiques que tu n’aurai surement pas pris.

Julien : Alors c’est pas forcément le cas de tous les groupes professionnels bien évidemment. Mais à notre échelle. Tu te rends bien compte qu’il y a un max que tu peux atteindre sans te trahir.

Marye : On termine toujours nos interviews par cette même question : Les « shivers » dans le nom de notre média, c’est ces fameux frissons qu’on a quand on écoute certains artistes. Est-ce vous aujourd’hui, vous avez des artistes qui vous transcendent et vous apportent des vrais frissons ?

Vincent : Je pense que le groupe qui me donne des frissons depuis des années, et je n’arrive pas à comprendre pourquoi. D’ailleurs ils se sont arrêtés, c’est Féroces. C’est un groupe, je peux écouter n’importe quelle chanson, je me dis que c’est des génies ces gars là ! Ils ont fait 3 EP, et c’est vraiment fantastique. Musicalement tellement riches. Ils prennent des dialogues de films, et ils font de la musique avec ça. C’est sombre, triste et plein d’émotions qui me transportent. La chanson « Qu’est-ce qu’on va devenir nous deux ? » sur l’album Joséphine, c’est une des meilleures musiques que j’ai entendu de ma vie.

Nicolas : De mon côté, un groupe que je ne me lasse jamais, mais qui n’est pas représentatif de la musique que je fais, c’est Pénitence Onirique, qui est hyper représentatif de ce que j’aime. Je ne m’en lasse pas, et j’adore, notamment le dernier album.

Julien : Je pense que moi, je suis dans les goûts les plus raccords avec la musique que l’on fait. Je pense que j’ai toujours aimé le stoner et le psyché, et du coup, j’aimerai cité Karkara, qui sont constant, me file des frissons et j’adore la démarche qu’ils ont et la manière dont ils le portent. Quand j’écoute Karkara, je me dis « Il y a tout ce qu’il faut là où il faut ». Ce côté « pas dans la surproduction », il y a un côté garage mais en même temps, c’est des musiciens de malades. Le bassiste est complétement ouf. Et pour parler de groupe local, je dirai The Lumberjack Feedback, qu’on a été voir semaine dernière en concert. Ca c’est des styles qui me touchent à fond !

Marye & Victor : Merci beaucoup pour cet interview

Vincent : Un plaisir, merci


To coincide with the release of their debut album, Exilion, on March 7th, we had the opportunity to chat with all the members of The Baptized over a drink on a terrace. They talked to us about album composition, live experience, influences and the future of the band from Lille.

by Marye Davenne et Victor Brunerie

Band picture  : Zelda Sidoine Zenith

Marye: We discovered you in December 2022, when you performed at The Black Lab. You’d just released your very first EP. In the meantime, you’ve been very active in terms of concerts. If we had to sum up your career over the last two years, what would we say?

Vincent (drums): We’ve definitely gained in experience. When I think back to that gig at the Black Lab, we were playing on the fly on equipment that wasn’t ours. What the Black Lab had to offer on Tuesday nights (gigs for the bands practicing in their studios) was incredible, but if I did that gig again today, it wouldn’t look the same at all. Even though we’d be playing the same songs again, our live show, our desire, the energy we give off and the way we play have evolved a lot.

Julien (bass): The thing that’s always been there is that we were trying out live stuff right from the start. We were already trying to do live versions of our songs because we knew that was what we wanted to do, but it didn’t work out (laughs). In other words, it was really messed up.

Vincent : Yes, it was naive. Over the past two years, we’ve really been working on our ability to transcribe what we want live.

Nicolas (guitar): We were also a lot less demanding when it came to sound.

Marye: That’s clearly due to your lack of experience when you started out.

Nicolas: We made do with a lot less.

Marye: When would you say you started writing for this album, Exilion?

Vincent: The first song we wrote for Exilion was ‘Malterie’, which was played at our very first gig. We wrote it even before our EP came out.

Marye: So it’s fair to say that there’s no gap between when you finished the EP and when you started work on the album?

Julien: Not at all. In fact, the mechanics are completely opposite. In other words, on the EP we’d never done any concerts before releasing it. We released it and then we did a lot of concerts while preparing this album. When we went back into the studio for this album, all the tracks had already been played live. So, over the course of two years, we brought out tracks from the EP and mixed them with tracks from the album. The two have always been intertwined through live performances. We wrote on stage for the album, while at the same time evolving tracks from the EP.

Marye: Yes, when we first listened to the album, we looked at each other and Victor and said ‘Oh yes, we know that one!

Julien: That’s the fanbase for you! (laughs)

Vincent: That’s right, when we did the Brat Cave where you were there (see article here), the deal was to play our album in its entirety and in order because we were going back into the studio two weeks later.

Marye: So, having practised them live for a long time at times, did you go into the studio with the mindset of wanting to record exactly what you’d done live or was it time to develop your sound further?

Vincent: Yes, there were some changes. We reworked certain parts. Charly helped us a lot with that, telling us to ‘Question yourselves, take a step back from your songs’. On ‘Malterie’, for example, we reworked the structure a lot after questioning ourselves and asking ourselves what we wanted to get out of the track.

Marye: But having practised it for 2 years, aren’t you afraid that at your next concert you’ll go back to the automatisms you had and not really play the version we have on the album?

Vincent: Well, we won’t be playing the album version, that’s for sure, because we’re already modifying it!

Marye: Real continuous improvement!

Julien: We shortened them and made them more essential on the album, but now we want to make them longer again.

Vincent: The difficulty is that releasing an album means taking a snapshot at a given moment of what The Baptized is. But all our songs are constantly evolving. But that was already true of the tracks on the EP. Going into the studio is like taking a break from the evolution of our songs.

Julien: We’re still in a kind of experimental mode. Live concerts allow us to test things out. We’re already in a dynamic of wanting to create something new. We’ve already played our album really well live. And we’ll very soon be wanting to create new tracks to be inserted live, perhaps as interludes at first, which will fit in with future creations.

Marye: It’s funny, because as far as listeners are concerned, the release of an album marks the beginning of an era for an artist. With you, it’s clearly the end, a culmination.

Julien: Exactly, it’s the culmination of everything we’ve created on stage.

Nicolas: Right now, I think the concerts we’re going to do in March are going to be similar to those we did last June, but from April-May onwards, I think we’ll have evolved a lot and it’ll start to be a completely different show.

Vincent: We tend to get bored very quickly. In other words, if we do the same thing for too long, we’ll get bored and we won’t want to do it any more. And that creates frustration and tension.

Julien: I’d say that the three of us are self-taught musicians. The only songwriting projects we’ve ever done have been as a trio. You learn by doing. In this notion of learning, there’s this desire to progress which is very much linked to learning. If we continued to play our 2022 tracks exactly the same way, it would be extremely disappointing because that’s not the project at all. The common thread running through The Baptized is this evolution.

Marye: It’s also synonymous with your relationship with music from the start. You grew up together, discovered music together, learned to play music together.

Vincent: Yes, we grew up together, but we each had our own preferences and specialities. So we wanted to bring each other along, all three of us with our own preferences, and at the same time, we find ourselves in the music that we use as an influence in the music of The Baptized.

Victor: Earlier you mentioned Charly. What did you gain from having an outsider?

Vincent: I think we can even go back in time to 2022. Charly was the very first person to listen to The Baptized. When we decided to record the first EP, nobody had ever listened to The Baptized. Charly came to see us in the studio during rehearsals at the Black Lab, and we were really excited.

Julien: Doing a concert for just one person like that is quite an experience!

Vincent: He turned up and said, ‘Guys, keep your heads down, you can’t go on like this!

Julien: Oh yeah, we were playing without earplugs too!

Vincent: He came in with his earplugs and said ‘I’m going to lose my ears here’. He arrived and we were already being shouted at (laughs).

Julien: That’s what we call ‘resting the foundations’ (laughs).

Vincent: And since 2022, when Charly tells us something, we really take it literally, trying to understand why. He’s always been didactic and he’s really helped us become aware of our music and he’s always managed to understand us. The cool thing was that he was the one who suggested we record our album live.

Julien: He kind of ‘imposed’ it on us. He told us ‘Your energy is live. That’s how I’m going to record you. And it’s true that we’d never have succeeded in transmitting our energy if we’d taken turns playing in the studio. In other words, he immediately understood that our group’s project was to be three people, all the time. 3 or nothing.

Vincent: I wouldn’t know how to play my drums with a metronome.

Julien: I wouldn’t know how to play on my own either.

Nicolas: Anyway, when we had to do it to make up parts, it was difficult.

Vincent: In that spirit, Charly understood our way of working and he enriched us!

Julien: Without ever wanting to change us. He never said ‘I like it’ or ‘I don’t like it’. He understood what we wanted to do, and he supported us a bit more without ever giving a personal opinion.

Marye: Vincent, you’ve already told me that when you listen to an artist or a band, you always try to understand what’s going on on the drums. And that the artists who stand out for you are the ones who play in a crazy way that you have to work out. Is that the kind of mindset you have when you play The Baptized?

Vincent: Well, actually, I need to understand what’s going on because I just love understanding, it’s that little engineering side. What fascinates me isn’t necessarily the technical demonstration, things like Dream Theater, which are extremely complicated, it’s more the effective stuff like certain parts on King Gizzard and the Lizzard Wizard, which are exceptional, it’s a drummer who fascinates me. Especially on the Flight b741 album, there are parts that are fantastic. When I compose a drum line, it mainly comes from what’s happening on the bass and guitar. It’s not really the same working method.

Julien: But you’re still methodical, which means he’s not going to say ‘Go on, let’s make a punk rhythm! It’s a real interconnection. When I’m playing bass, I always try to work with Vincent to find a solid bass-drums combination. It all starts with instinctive ideas that are spontaneous, but then you have to think about whether or not they work and why.

Vincent: 100% of our tracks are rehearsal jams, which we record and listen to again. We say to ourselves ‘Oh that was cool, this wasn’t’, and we take tracks from different jams and combine them. It’s often the ‘bass drums’ jams that become the tracks.

Marye: So, Nico, where do you see yourself in all this?

Nicolas: It’s not just bass and drums, I’d say. All our parts are really linked together. Each bass, drum and guitar line is composed according to what the other is doing. You can’t say that there’s one thing in particular that influences us. Basically, what influences us is the others.

Julien: It’s never happened that Nico comes into a rehearsal and says ‘Oh, I’ve done something at home, that’s cool, I’ll suggest it to you’ and then afterwards we try to compose.

Vincent: Oh yes, that’s happened! But it never works!

Julien : Yes, that’s true, and if, for example, one of us is late for rehearsal, and during that time we’re jamming with 2. And when the third arrives and we make him listen, well, it never works! An idea comes to 3, it’s built by 3!

Vincent: It’s like the time you did a guitar-bass thing with a drum machine, and I had to go back to an idea they’d had with 2 people, it’s impossible!

Julien: Or he’d have to redo the drum machine exactly the same way, but that’s completely stupid.

Nicolas: Maybe we could each come up with something on our own, but maybe we didn’t persevere enough, I don’t know. But after all, that’s the way we like to do things.

Victor: You wanted to make an album ‘where you’re the hero’. Does this instrumental music side of things allow you to do that a lot more?

Julien: It’s clearly the soundtrack to the film you’re making in your head! And that’s how we want people to experience our music. Without lyrics, you create the story in your head. When you go to a museum and look at a painting, you don’t need to have bubbles written on the canvas saying what they’re saying to each other. You can just put yourself in it and imagine what’s going on. When you listen to classical music, electronic music and jazz, there’s no such thing as having to have words! It stimulates your imagination a lot more. We make music with rock influences, but it’s this desire to create your story in your head!

Marye: So you’d say you have more or less the same imagination behind your music?

Nicolas: On the whole yes, but what we wanted to show through the album cover and all the visuals, we didn’t necessarily have the same idea straight away, and we had to discuss it. We had the same basic idea, but there wasn’t one of us who wanted… I don’t know… a knight theme! (laughs).

Julien: We could!

Nicolas: Let’s do an EP about the Middle Ages!

Vincent: The idea of science fiction, the planet or the journey and the epic, that’s always been the main theme we wanted to transcribe into our songs.

Julien: This ‘space-rock’ effect, it’s a theme that immediately fits in with music with lots of stoner effects. Although I’ve no doubt there are stoner bands out there who do knightly themes (laughs).

Marye: On the EP, we’re on a skeleton that’s rising, but now we’re in the air. The EP is in black and white, whereas this album is full colour. You worked with exactly the same person for both, but there’s a real visual break and the codes are totally different, even though the music is totally consistent.

Julien: Actually, if you put the two covers side by side, the composition is very similar. It’s made up of a lot of circles, so there’s a certain symmetry. On the front of the album, we set the scene. The back of the album is really the backdrop. On the other hand, we wanted to remove the skeleton and the black and white so that it wouldn’t become our trademark. Changing that shows that we don’t really have a trademark visually, and that if we do a third release, we could go for something radically different. If you take a turn right from the start, it means you’re not stuck and if you want to, you can do anything.

Marye: Is this really something you communicated to Clément (Cappe, who designed the two releases, editor’s note)?

Vincent: Yes, he must have pulled his hair out because he’s used to doing black and white. When we told him to get off the beaten track, that we wanted some colour, something flashy, it was a challenge.

Julien: He himself has evolved, because he originally only did screen printing. Now he does more digital work, he has quite a few 3D printers, a real mad scientist’s laboratory. You have to imagine when you see the cover, when you open it inside, there’s a scene. But he really composed and modelled this scene. On his computer, he can move around in that world. The images on the album are screenshots from the world he created.

Vincent: And all the visuals for the singles are taken from this 3D universe.

Julien: That’s how he came up with the 3D animations and visuals.

Marye: We want to see that on backdrop screens at your concerts!

Julien: Yes, it makes you want to do concerts with it, but it’s pretty hard to set up.

Victor: You told us at the start of this interview that you were going to work on the songs very quickly. But with this album, as an album object, what is your main objective?

Vincent: Our first objective is to get out of the region. In other words, we have to get out of the Lille area. Julien went out of his way to find us shows in Rouen, Lyon and Macon. That’s also why we went through Clément Duboscq from Vous Connaissez, our press attaché, with the aim of getting ourselves known outside Lille. It’s easier to sell an album to a tour organiser or a festival…

Marye: There was also an element of professionalising your music to a certain extent.

Julien: More like de-amateurising. We wanted to gain in legitimacy and credibility.

Vincent: We have absolutely no intention of making a living from it. If we had to make a living from music and earn money, we’d compose something completely different. We’d probably have put in a singer.

Julien: We’re not under the pressure of thinking that it has to pay the rent. Music doesn’t have that vital aspect in our lives right now. Maybe that would give us a completely different kind of energy.

Vincent: If you want your music to be profitable, you have to make artistic decisions that you probably wouldn’t have made in the first place.

Julien: That’s not necessarily the case for all professional bands, of course. But on our scale. You realise that there’s a maximum you can reach without betraying yourself.

Marye: We always end our interviews with the same question: the ‘shivers’ in the name of our media, those famous shivers you get when you listen to certain artists. Do you have any artists today who transcend you and give you real shivers?

Vincent: I think the band that’s been giving me chills for years, and I can’t figure out why. In fact, they’ve stopped now, it’s Féroces. I can listen to any of their songs and think, these guys are geniuses! They’ve done 3 EPs, and it’s really fantastic. Musically, they’re so rich. They take film dialogue and make music out of it. It’s dark, sad and full of emotions that transport me. The song ‘Qu’est-ce qu’on va devenir nous deux?’ on the album Joséphine is one of the best pieces of music I’ve ever heard.

Nicolas: For my part, a band I never tire of, but which isn’t representative of the music I make, is Pénitence Onirique, which is hyper-representative of what I like. I never tire of it, and I love it, especially the latest album.

Julien: I think my tastes are the most in tune with the music we make. I think I’ve always liked stoner and psychedelic music, and so I’d like to quote Karkara, who are constant, give me the shivers and I love the approach they take and the way they carry it out. When I listen to Karkara, I say to myself, ‘You’ve got everything you need in the right place’. This ‘not overproduced’ side, there’s a garage feel to it but at the same time, they’re sick musicians. The bassist is completely mad. As for local bands, I’d say The Lumberjack Feedback, who we went to see live last week. Now those are styles I’m really into!

Marye & Victor : Thank you very much for this interview

Vincent : A pleasure, thank you

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