Comme tous les ans, nous rencontrons Yann Le Baraillec, directeur de Motocultor pour faire le point sur l’édition précédente, les points positifs et négatifs, et également discuter de la programmation de l’édition de l’année, qui se tiendra du 14 au 17 août sur le site de Carhaix pour 4 jours de métal et rock en tout genre, qu’on ne manquerait pour rien au monde.
Interview par Victor Brunerie
English version below
Victor : Voilà désormais deux ans que le Motocultor a lieu sur le site de Carhaix. Après deux éditions, quel bilan faites vous en terme d’organisation et d’expérience festivalier ?
Yann : En terme de fréquentation, on a beaucoup plus de public depuis que nous sommes à Carhaix. Nous avons égalisé notre record de 2023 sur l’édition 2024. On a su bien s’adapter au site de Kerampuilh qui accueille également le festival des Vieilles Charrues. Alors de leur côté, ils accueillent 80 000 personnes donc ils adaptent le site totalement différemment. De notre côté, on est plutôt sur du 15 000 personnes par jour. L’idée c’est de garder compact le site, le camping et le parking. On ne veut pas que ce soit trop loin, on veut que le public, les artistes et tout le monde aient le moins à marcher possible. Le site est plus aménagé que celui précédent, donc on loue beaucoup moins d’équipements, et c’est plus facile à utiliser. Je pense qu’on n’a pas encore trouvé la bonne formule mais c’est beaucoup plus facile d’utilisation. Y’a un réseau d’eau beaucoup plus développé, les réseaux électriques aussi. La salle Glenmor nous permets de mieux accueillir les groupes. Je pense qu’on a fortement gagné en terme de niveau d’accueil. Backstage, loge, on a des lieux de qualité et tout confort pour nos artistes et équipes. Je pense que ça aide bien pour démarcher des groupes pour venir sur le festival.
Victor : On a remarqué qu’il y a eu des changements sur le site entre l’édition 2023 et 2024. Il y avait notamment des capteurs de flux de personnes installés à plusieurs endroits de ce qu’on a vu. Est-ce que les changements étaient lié à ça ?
Yann : Effectivement, dans le cadre d’une recherche par l’Union Européenne, il y a avait des chercheurs qui ont mesuré les flux en festival et on aura prochainement une réunion avec eux pour avoir leur résultat. Après, nous avons du faire des changements pour d’autres raisons. Tout d’abord, économique pour réduire les coûts.
Victor : Pour cette troisième édition à Carhaix, que pouvons nous attendre en terme de nouveautés ?
Yann : L’implantation du site va encore évoluer, on garde l’idée de diversité l’offre de bières locales. Faut que ça devienne une spécificité du festival d’avoir des bières bretonnes à la fois pour l’image du festival, et pour l’implantation locale. On a été longtemps avec la brasserie Coreff à Saint Nolff, maintenant que nous sommes à Carhaix, donc on continue avec Coreff sur 4 références, mais d’autres brasseries les rejoignent. L’idée d’avoir un mur de bière, ça aide à avoir une offre pour tous les goûts. En plus des concerts, c’est hyper important de bien manger et bien boire.
Victor : Côté affiche, on a remarqué qu’il y a de plus en plus de punk à l’affiche. Est-ce un retour par exemple des concerts où il y a eu une ambiance de folie comme le concert des Sheriff l’année dernière ?
Yann : On est sur 4 jours avec 4 scènes. Ca n’a pas toujours été le cas donc on essaye de faire des thématiques. Comme par exemple sur la Bruce Dickinscène, le jeudi avec Lazuli, Magma, on est sur une scène très progressive. Le vendredi, on est plutôt sur les groupes traditionnels celtiques et pagan. Le samedi, on essaye plutôt le punk avec Krav Boca, Les Wampas, Poésie Zéro.
Victor : Côté tête d’affiche, quelle est pour vous la vraie réussite pour le festival ?
Yann : En hard-rock, on est fiers d’avoir Extreme. Ca change un peu de ce qu’on a l’habitude de programmer. On est très fiers car c’est une référence dans le style. On a Mogwai aussi, en post rock, c’est une fierté et avoir Machine Head, un tel niveau, on ne l’a jamais eu. C’est extrêmement varié en terme de genre. Kerry King, quand il a annoncé qu’il se lançait en solo, en dehors de Slayer, on a sauté sur l’occasion.
Victor : Le fait d’avoir des groupes comme Mogwai en haut de l’affiche, est-ce une suite logique d’avoir une programmation de post rock qui s’étoffe d’année en année, pas forcément côté tête d’affiche, mais en nombre de toute taille.
Yann : Depuis qu’on est sur la formule d’avoir 110 groupes sur 4 jours, notre idée n’était pas d’agrandir notre offre de métal extrême old school, mais diversifié. Il y a de plus en plus de post-rock et métalcore chaque année, effectivement. Le métalcore, on en faisait absolument pas avant. On s’ouvre aussi vers le néo-métal en fonction des opportunités. On est néanmoins obligé de garder une base extreme et old-school car c’est l’essence du festival. C’est ce qu’on aime, et c’est la base du public historique.
Victor : Quelles sont vos attentes pour l’édition 2025 ?
Yann : On cherche à battre notre record de fréquentation, notamment le dimanche. Les pass 4 jours marchent de mieux en mieux, ça renforce l’idée que la formule 4 jours est essentielle. Même si la journée du jeudi est un peu plus faible en terme de vente pour un pass 1 jour. On a toujours un peu de mal à trouver une tête d’affiche qui ramène beaucoup de gens sur le jeudi. Le jeudi, il y a également que 20 groupes, contre 30 sur les autres journées. L’idée à la base, c’était de faire une journée différente, mais à voir. On réfléchit depuis un an sur le modèle économique du festival, car il y a énormément de coûts qui ont explosé. En 2023, on était sur une année bénéficiaire. On s’est aperçu qu’il y avait plus de public métal dans le Finistère que le Morbihan. On a gagné en public en déménageant. Par contre, on a égalisé en terme de nombre de spectateurs en 2024, mais pour autant, nous n’avons pas été bénéficiaire. On a beaucoup plus de dépenses. On a du augmenter un petit peu la billetterie. En ayant des têtes d’affiches plus grosses comme Machine Head et Dimmu Borgir, on espère 15% de public en plus. Les choix artistiques de 2026 et 2027 se font déjà. On est déjà en train de revoir le budget pour 2026. Aujourd’hui, on arrive qu’à équilibrer. Si il y a une mauvaise surprise, on y arrivera pas. On réfléchit aussi car certains groupes internationaux demandent des cachets complétement déraisonnables et sont donc totalement inaccessibles. C’est compliqué de maintenir ce niveau d’affiche dans des coûts raisonnables.
Victor : Je voulais terminer avec une question un peu plus personnelle. En tant que directeur de festival, quel est le nom que tu attends le plus à titre personnel.
Yann : Pour moi, ce sera Mogwai car c’est hyper inattendu de les avoir et Machine Head après un concert au Hellfest l’année dernière assez impressionnant. Dimmu Borgir, on ne les a jamais programmé. En jeune groupe émergent, on a Tanork qui chante en breton du death métal, à peine majeur mais ça envoie bien !

Les tickets sont disponibles sur le site Motocultor.com à 195€ le pass 4 jours et 71,50€ le pass journée.
As we do every year, we caught up with Motocultor director Yann Le Baraillec to take stock of last year’s event, its positives and negatives, and also to discuss the line-up for this year’s edition, which takes place from August 14th to 17th on the Carhaix site for 4 days of metal and rock of all kinds, which we wouldn’t miss for the world.
Interview by Victor Brunerie
Victor: Motocultor has been taking place on the Carhaix site for two years now. After two editions, how would you sum up the festival’s organization and experience?
Yann: In terms of attendance, we’ve had a lot more people since we’ve been in Carhaix. We equalled our 2023 record for the 2024 edition. We’ve adapted well to the Kerampuilh site, which also hosts the Vieilles Charrues festival. On their side, they welcome 80,000 people, so they adapt the site totally differently. As for us, we’re more on the 15,000-person-per-day scale. The idea is to keep the site, the campsite and the parking lot compact. We don’t want it to be too far away, we want the public, the artists and everyone else to have to walk as little as possible. The site is more developed than the previous one, so we rent a lot less equipment, and it’s easier to use. I don’t think we’ve found the right formula yet, but it’s much easier to use. There’s a much better-developed water network, as well as electricity. The Glenmor hall allows us to better accommodate groups. I think we’ve come a long way in terms of the level of reception. Backstage, dressing room, we have top-quality, comfortable facilities for our artists and crews. I think that’s a big help when it comes to getting bands to come to the festival.
Victor: We noticed some changes on the site between the 2023 and 2024 editions. In particular, there were people flow sensors installed in several places that we saw. Were the changes related to this?
Yann: In fact, as part of a European Union research project, some researchers measured festival flows, and we’ll be meeting with them shortly to get their results. After that, we had to make changes for other reasons. First of all, economically, to reduce costs.
Victor: For this third edition in Carhaix, what can we expect in terms of new features?
Yann: The layout of the site will change again, but we’re sticking to the idea of offering a diverse range of local beers. It has to become a specificity of the festival to have Breton beers, both for the image of the festival, and for the local presence. For a long time we worked with the Coreff brewery in Saint Nolff, and now we’re in Carhaix, so we’re continuing with Coreff on 4 references, but other breweries are joining them. The idea of having a wall of beer helps us offer something for everyone. In addition to the concerts, it’s really important to eat and drink well.
Victor: As far as the line-up is concerned, we’ve noticed that there’s more and more punk on the bill. Is this a return, for example, to the crazy atmosphere of last year’s Sheriff concert?
Yann: It’s a 4-day event with 4 stages. That hasn’t always been the case, so we try to create themes. For example, on the Bruce Dickinscène, on Thursday with Lazuli, Magma, we’re on a very progressive scene. On Friday, we’re more into traditional Celtic and pagan bands. On Saturday, we’re more into punk with Krav Boca, Les Wampas and Poésie Zéro.
Victor: In terms of headliners, what do you consider to be the festival’s real success?
Yann: In hard rock, we’re proud to have Extreme. It’s a bit of a change from what we’re used to programming. We’re very proud because they’re a reference in the style. We’re also proud to have Mogwai, in post rock, and we’ve never had Machine Head at such a high level. It’s extremely varied in terms of genre. When Kerry King announced he was going solo, outside Slayer, we jumped at the chance.
Victor: The fact that bands like Mogwai are at the top of the bill, is it a logical consequence of having a post-rock line-up that’s getting bigger every year, not necessarily in terms of headliners, but in terms of numbers of all sizes?
Yann: Since we’ve been on the formula of having 110 bands over 4 days, our idea wasn’t to expand our offer of old-school extreme metal, but to diversify it. There’s more and more post-rock and metalcore every year, in fact. We didn’t do metalcore at all before. We’re also opening up to neo-metal as opportunities arise. But we’re obliged to keep an extreme, old-school base, because that’s what the festival is all about. It’s what we love, and it’s the basis of our historic audience.
Victor: What are your expectations for the 2025 edition?
Yann: We’re looking to beat our attendance record, especially on Sundays. The 4-day passes are selling better and better, which reinforces the idea that the 4-day formula is essential. Even if Thursday is a little weaker in terms of sales for a 1-day pass. We’re still having a bit of trouble finding a headliner that will bring in a lot of people on Thursday. There are also only 20 bands on Thursday, compared with 30 on the other days. The original idea was to do a different day, but that remains to be seen. For the past year, we’ve been thinking about the festival’s economic model, as costs have skyrocketed. In 2023, we were on track for a profitable year. We realized that there were more metal fans in Finistère than in Morbihan. We gained in audience by moving. On the other hand, we evened out in terms of audience numbers in 2024, but for all that, we weren’t profitable. Our expenses are much higher. We had to increase ticket sales a little. With bigger headliners like Machine Head and Dimmu Borgir, we’re hoping for 15% more audience. The artistic choices for 2026 and 2027 are already being made. We’re already reviewing the budget for 2026. Today, we’re just balancing the books. If there’s a bad surprise, we won’t make it. We’re also thinking about the fact that some international groups are asking for completely unreasonable fees, and are therefore totally inaccessible. It’s complicated to maintain this level of line-up within reasonable costs.
Victor: I wanted to finish with a more personal question. As festival director, which name are you most looking forward to personally?
Yann: For me, it would have to be Mogwai, because it’s so unexpected to have them, and Machine Head after a pretty impressive show at Hellfest last year. Dimmu Borgir, we’ve never programmed before. As a young emerging band, we’ve got Tanork, who sing death metal in Breton. They’re barely of age, but they rock!