Nous voilà de retour à l’Aéronef pour une nouvelle soirée qui s’annonce grandiose. Les américains de Blood Incantation viennent nous présenter leur musique unique qu’ils nomment eux-même Cosmic Death Metal. Pour ouvrir la soirée, nous nous apprêtons à découvrir les japonais de Minami Deutsch. Fans d’expériences musicales : il fallait être là!
Article par Mégane
Photos par Marye DAVENNE
English version below
Nous découvrons une grande salle de l’Aéronef réduite par un épais rideau. La jauge de la soirée est de 600 personnes, et personne ne manquera à l’appel. On découvre le trio de Minami Deutsch, dont tout ce que nous savions d’eux avant ce concert est qu’ils sont japonais et basés en Allemagne. On plonge rapidement dans leur krautrock impressionnant. Armé d’accessoires comme une cloche servant de médiator, le trio crée des sons inédits. On sent une maîtrise totale de leur instrument, qui ne devient que le prolongement d’eux-mêmes. Les musiciens s’éclatent et ça se ressent. Les parties instrumentales entrent parfois dans des envolées psychédéliques. Les riffs de guitare nous assaillent de toute part, avec des sonorités peu communes. Les effets sont au service des compositions, sans jamais en faire trop ou rentrer dans la démonstration. Et lorsque la voix retentit, elle se pose délicatement sur les instruments, avec un petit côté aérien. Minami Deutsch renvoie une impression de facilité déconcertante, alors que nous savons bien toute la technicité nécessaire à réaliser ce qu’ils proposent. On retrouve des thèmes dans certains titres, se répétant à de nombreuses reprises, et qui marquent l’oreille. Le batteur a également son moment de gloire, en quasi solo, seul un filet de guitare persistant. Les titres sont longs et nous permettent de nous imprégner totalement des ambiances transmises. Et ce n’est pas le dernier titre qui va démentir cela! Avec plus de 10 minutes de jeu, et de nombreuses parties différentes, il nous emmène dans des univers parallèles. Les sonorités se font parfois expérimentales, les rythmes deviennent par moments dansants… On joue également avec les lumières, celles-ci se faisant plus sombre lorsque la musique le devient, et saturée lorsque les riffs le sont. Le final du concert est une véritable apothéose, avec un rythme qui devient totalement dingue. Et tandis que le rideau se ferme, on se dit qu’on vient déjà de commencer la soirée avec une bonne claque.
On attend impatiemment les américains de Blood Incantation, tandis que résonnent leurs balances derrière le rideau. Leur décor est impressionnant, la scène se trouvant flanquée de deux imposantes colonnes. Celles-ci nous rappellent d’ailleurs beaucoup Astérix et Obélix, mais pas sûre que les américains aient cette référence… Le concert s’ouvre sur un death metal impeccable. Le son est d’une grande propreté, les rythmes sont chirurgicaux… Rapidement, viennent se greffer des parties très atmosphériques, psyché et principalement instrumentales, qui contraste totalement avec le death metal. Le clavier vient prendre toute sa place, autant dans la musique que sur scène. Visuellement, il pourrait faire concurrence à la batterie de Isaac Faulk qui a pourtant un set bien imposant. Le groupe nous joue l’entièreté de son dernier album Absolute Elsewhere, sorti en 2024. Celui-ci est composé de deux grands titres : “The Stargate” et “The Message”. Avec ces deux pièces monumentales, nous partons pour 45 minutes de sons, d’ambiances, d’influences, qui nous emmènent absolument partout. On est comme hypnotisés par le groupe. On entend à la fois des riffs old school, parfois influencés par le thrash, du death technique, du death mélodique, des sonorités lourdes, des aspects black metal, des parties ambiantes et atmosphériques, du clavier qui nous envoie vers du psyché, du math rock, et même un passage qui nous ramène à Pink Floyd… Bref on est baladé dans tous les sens, allant de surprise en surprise, pour notre plus grand plaisir. Blood Incantation bouscule. Il nous bouscule nous, mais il bouscule également les codes de la musique, pour s’en affranchir totalement. La voix de Paul Riedl est d’une efficacité redoutable. Son growl est comme une grosse claque, tandis qu’il prend par moments une voix plus claire, collant parfaitement à l’ambiance plus atmosphérique dégagée par les instruments. On se trouve parfois face à de réelles incantations, donnant tout son sens au nom du groupe. On vit totalement ce live dans lequel on est absorbé à 100%. Après avoir terminé la prestation de son dernier album, Blood Incantation célèbre l’anniversaire de leur “merch guy” Nicos. Ils reprennent ensuite avec “Inner Paths (To Outer Space)”, titre plus ancien et sans synthé. Comme pour compenser, celui-ci aura droit à son solo juste après. Après un coup de gong, les musiciens reviennent “Obliquity of the Ecliptic”. Le concert se termine ainsi, en communion, entre eux, et avec le public. “Wind of Change” nous accompagne vers la sortie. On ressort presque chamboulés par ce live d’une qualité incroyable. On s’est pris une grosse claque ce soir avec Blood Incantation, et on redemande!
Nous avons vécu une soirée d’une qualité folle! Les deux groupes de la soirée cassent les codes avec brio et talent. Le public, massé au centre, ne permettait pas une circulation optimale dans la salle, mais qu’importe, le live était présent! On fonce se plonger dans la discographie de Minami Deutsch et on attend la prochaine masterpiece de Blood Incantation.
Un grand merci à Danièle pour les accréditations, à l’Aéronef pour l’organisation de cette belle soirée et à toute l’équipe pour l’accueil.
We’re back at the Aeronef for what promises to be another great evening. The Americans from Blood Incantation are here to present their unique music, which they themselves call Cosmic Death Metal. To open the evening, we’re about to discover Minami Deutsch from Japan. Fans of experimental music: you had to be there!
Review by Mégane
Pictures by Marye DAVENNE
We discover a large room in the Aeronef reduced by a thick curtain. The capacity for the evening is 600, and no one will be missing. We were introduced to Minami Deutsch’s trio, whose only previous knowledge was that they were Japanese and based in Germany. We quickly immerse ourselves in their impressive krautrock. Armed with accessories such as a bell used as a pick, the trio create sounds that have never been heard before. You can feel their total mastery of their instrument, which becomes nothing more than an extension of themselves. The musicians are having a ball, and you can feel it. The instrumental parts sometimes go into psychedelic flights of fancy. The guitar riffs assault us from all sides, with unusual sounds. The effects are at the service of the compositions, without ever overdoing it or getting too demonstrative. And when the voice is heard, it rests delicately on the instruments, with an airy quality. Minami Deutsch give an impression of disconcerting ease, even though we are well aware of the technical skills required to achieve what they propose. There are themes in certain tracks, repeated many times, that leave a lasting impression. The drummer also has his moment in the spotlight, playing almost solo, with only a trickle of persistent guitar. The tracks are long, allowing us to fully immerse ourselves in the moods they convey. And the last track is no exception! With over 10 minutes to play, and many different parts, it takes us into parallel universes. The sounds become experimental at times, the rhythms danceable at others… The lights are also played with, becoming darker when the music does, and saturated when the riffs do. The concert’s finale is a real apotheosis, with a rhythm that goes completely mad. And as the curtain closes, you can’t help but think you’ve just started the evening with a bang.
We wait impatiently for the Americans from Blood Incantation, as their sound check resounds behind the curtain. Their set is impressive, with the stage flanked by two imposing columns. They remind us a lot of Asterix and Obelix, but I’m not sure the Americans have that reference… The concert opens with impeccable death metal. The sound is immaculately clean, the rhythms surgical… The band quickly add some very atmospheric, psychedelic and mainly instrumental parts, in complete contrast to the death metal. The keyboard comes into its own, both in the music and on stage. Visually, it could compete with Isaac Faulk’s drums, which have a very imposing set. The band play the whole of their latest album, Absolute Elsewhere, released in 2024. It’s made up of two great tracks: ‘The Stargate’ and ‘The Message’. These two monumental pieces take us on a 45-minute journey of sounds, atmospheres and influences that take us absolutely everywhere. It’s like being hypnotised by the band. We hear old school riffs, sometimes influenced by thrash, technical death, melodic death, heavy sounds, black metal, ambient and atmospheric parts, keyboards that send us towards psyche, math rock, and even a passage that takes us back to Pink Floyd… In short, we’re taken in all directions, going from surprise to surprise, to our great delight. Blood Incantation shakes things up. It shakes us up, but it also shakes up the codes of music, and breaks free of them completely. Paul Riedl’s voice is frighteningly effective. His growl is like a big slap in the face, while at times he takes on a clearer voice, perfectly in tune with the more atmospheric atmosphere created by the instruments. At times, you’re treated to real incantations, giving the band’s name its full meaning. It’s a live experience, and you’re 100% absorbed in it. After finishing their performance of their latest album, Blood Incantation celebrate the birthday of their ‘merch guy’ Nicos. They then resume with ‘Inner Paths (To Outer Space)’, an older track with no synths. As if to compensate, the latter gets his solo right afterwards. After a gong, the musicians return to ‘Obliquity of the Ecliptic’. And so the concert comes to an end, in communion with each other and with the audience. ‘Wind of Change’ accompanies us towards the exit. We came away almost shaken by this live show of incredible quality. Blood Incantation was an absolute smash tonight, and we’re back for more!
It was an evening of incredible quality! The evening’s two bands broke the codes with brio and talent. The audience, packed into the centre of the room, didn’t allow for optimal circulation, but who cares, the live music was there! We’re off to delve into Minami Deutsch‘s discography and look forward to Blood Incantation‘s next masterpiece.
Sounding Shivers 