Groupe de la région qu’on ne présente plus, Gauthier et Yann du groupe November nous ont fait le plaisir d’échanger sur leur prochain EP Portrait III, dont la sortie est prévu le 5 septembre prochain. Ils nous parlent de la place de la mélodie et de la politique dans le hardcore ainsi que de leur point de vue sur la mainstreamisation du Hardcore et des retombées sur la scène locale
Interview par JB
Crédit photo de couverture : So FC
English version below
JB : Salut November, J’espère que vous allez bien, je vous laisse vous présenter pour ceux qui ne vous connaissent pas encore
Gauthier : Bah écoute ça va super. On est November, né des cendres de Netfascore. Tu peux retrouver de cette formation Lucas, Gauthier et Jérôme. Ensuite, Yann et Titouan qui se sont ajoutés au projet.
JB :Le 5 septembre sort votre EP Portraits III qui met fin aux triptyque Portraits qu’on a pu voir au fil du temps évoluer passant de metallic hardcore avec des restes de Netfastcore à un melodic hardcore, est ce que vous pouvez nous en dire en plus ?
Gauthier : Complètement. C’est vraiment la suite logique de Portraits II. Je pense qu’à ce moment-là, le groupe s’est vraiment trouvé sur Portraits II. Il n’y aura pas un réel renouvellement de style dans Portraits III. On reste, comme tu l’as dit, dans le Melodic Hardcore, avec les pointes de Metalcore. Juste les personnes avec qui on a travaillé dans la production qui ont changé. On a travaillé avec Julian de Minotaure Studio. En plus, il est très présent sur les lives. Notamment à La Bulle. Portraits III est distribué digitalement par Believe Music, qui est une branche d’A Gauche de la Lune. La version CD est distribuée par Sir Yann, Convix Records et pour les vinyles, très certainement, par UFV Records, on va dire Convix aussi, et j’espère d’autres labels, on balance une bouteille à la mer, parce qu’on a vraiment envie que ce disque voyage au mieux.
JB : A quoi doit-on s’attendre sur les volontés et les thèmes que vous leur abordez sur Portrait III ? On voit un peu où ça va en venir en marge de tout ce qui se passe en ce moment dans l’actualité.
Gauthier : C’est vrai que malheureusement, le single tombe bien. On aurait préféré qu’à la sortie du single, ce soit un peu désuet et que le climat ambiant soit derrière nous. Que ce soit national ou international. Sur Portrait III , c’est donc 5 titres. Tu as ce premier morceau qui était pour nous très important de sortir maintenant aussi bien musicalement. Ça appuyait le côté hardcore musicalement. On montrait à nouveau aussi d’où on venait. Il est quand même assez varié. La liaison, c’est vraiment la mélodie.
Yann : C’est la recette de Portrait II, avec plus de liberté au niveau mélodique.
Gauthier : Mais on va dire que sur l’opening et la clôture de cet opus, on s’est vraiment lâché sur le côté très mélodique. Après, on a aussi opté sur des petites touches punk-rock, parfois, pour cette liberté-là. Et il y a un 3e titre au milieu qui nous rappelle le côté talmé quand même. Tu n’auras pas de surprise au niveau du style. C’est juste qu’on a poussé encore plus les choses. La mélodie, je pense surtout, on a un morceau qui s’appelle “And The Colors Start To Fade”. Là, je crois que c’est le morceau le plus mélodique qu’on a jamais écrit. Notamment la fin de ce morceau super émotionnel ainsi que le dernier morceau.
JB : On peut parler de l’EP de la maturité ?
Gauthier : C’est vrai que ce terme est bien choisi malgré son cliché, mais je pense qu’en termes d’aboutissement, on est tous heureux de ce qu’on a produit. C’est un peu con à dire, mais on a vraiment mis beaucoup de cœur dedans et ça se ressent dans la musique et dans les mélodies, justement. En gros, c’est notre tambouille, c’est cette recette.
JB : Peut-être aussi, pour revenir un peu plus à l’EP, des grosses influences du projet que vous avez eues en termes de groupe ?
Yann : Je dirais que là, sur Portrait III, ce qu’on pourrait rajouter un petit peu d’influence qu’il n’y avait pas forcément sur les autres, c’est le côté un peu post-rock. Ça fait partie des petits trucs qu’on a rajouté un petit peu qui sont influencés de la scène un peu plus post-rock. Du coup, il y a peut-être aussi un Letlive, un Love Letter qui traîne un peu.On a Titouan et Jérôme qui sont ultra skate-punk, ça s’est un petit peu injecté dans le titre..
JB : Par rapport au virage que vous prenez suite au premier portrait vers le troisième, est-ce que c’est aussi une manière de remettre un peu de mélodic hardcore dans la scène, de remettre une pièce un peu, histoire de faire revivre quelque chose qui est un peu absent en ce moment ?
Gauthier : Oui, c’est sûr que c’est ultra absent. Mais après, je ne pense pas que November est porteur de flambeaux de cette scène-là, c’est juste quelque chose qu’on a vraiment adoré et qu’on a en commun avec tous les membres du groupe. Et c’est justement, quand je disais saupoudrer d’un peu de nostalgie, c’est clairement en parlant de ça. Nous, on en met parce que c’est naturel pour nous.
Yann : Après, c’est aussi de la scène de là où on vient. À la base, on était tous les deux un peu plus sur cette scène-là que du hardcore beatdown. Tout ce qui était au niveau de Hazebrouck , au niveau de Boulogne.
Gauthier : Oui, pour le côté local. C’est le vivier. Ça l’est toujours, au final. Je pense qu’il faut mettre un tout petit peu de kérosène sur les cendres. Même dans les influs plus gros et internationaux. C’est ce qu’on a kiffé. Et qu’on kiffe toujours, d’ailleurs. Mais ça reviendra.
JB : C’est quelque chose qui manque assez en général. En ce moment, au niveau de la scène, de l’Europe continentale, où il y a un peu de renouveau.
Gauthier : Je pense que aussi ce qui est génial et ce qu’il est toujours, dans cette scène, c’est de prouver que le hardcore n’est pas juste des gros bras. D’assumer ses émotions. Je crois que c’est ça la musique, il me semble. C’est le fait d’assumer tout ça et de clairement pouvoir marier ce trop plein d’émotions avec quelque chose de puissant. Et d’assumer ça et de le montrer clairement, pas se cacher juste derrière des gros riffs.
JB : Votre avis sur la mainstreamisation du Hardcore ?
Yann : Mon avis là-dessus, je reste assez mitigé. Je le prends du point de vue que j’organise des concerts, des mini-festivals à ma hauteur. Je me dis que ça permet d’atteindre le plus de public possible et de faire fédérer notre style de musique, le style de vie qui va avec au plus grand nombre. Après c’est avec les dérives qui vont avec. Je ne trouve pas que ce soit mauvais d’avoir des groupes de hardcore qui se portent un peu haut dans le mainstream si la finalité permet de faire adhérer des gens à ce style et peut-être avoir des personnes un peu meilleures par le biais de la musique. Je ne vois pas ça d’un mauvais œil.
Gauthier : C’est exactement ce que je pense. Ça peut être fédérateur justement, renouveler, donner envie à des kids de créer des assos, des groupes. Où est-ce qu’il est le mal ?
Yann : Dit en passant, des groupes comme Knocked Loose j’ai l’impression que c’est un peu le nouveau New Metal. Avant, il y avait Slipknot, Korn, etc. Là, maintenant, j’ai l’impression que c’est un peu plus ces groupes-là qui fédèrent un peu des kids en ce moment. Si ça peut les amener sur une scène notamment avec la culture alternative, la culture peut-être straight-edge, tant mieux pour nous parce que du coup, on va avoir peut-être des personnes qui vont réfléchir un peu plus loin que juste écouter de la musique. Moi, c’est comme ça que j’ai découvert les mouvements militants, vegan, straight-edge, etc.
Gauthier : Ça me fait vraiment penser à il y a 15, 20, 25 ans quand le pop-punk a commencé à être à passer sur MTV, tous ces trucs-là. Je pense que les puristes, les true punk ou true punk rockers voyaient ça d’un mauvais œil. Au final, je pense que ça a mis beaucoup de gens dedans. Aujourd’hui, c’est des mecs qui créent, qui ont énormément de projets et qui sont ultra crédibles aujourd’hui et qui sont tournés vers des choses beaucoup plus deep. Je pense qu’il faut voir ça comme une porte d’entrée. Je pense qu’il n’y a rien de pire que de se heurter à un avis de puriste tout de suite. Franchement, si Knocked Loose ont fait Coachella et que ça peut blinder ton concert dans ta petite ville après et faire découvrir un groupe que tu as sur le cœur, je trouve ça génial tout simplement, que ce soit pour toi en tant qu’organisateur ou que le petit groupe…
Yann : En fait, c’est ça, c’est un peu le constat, c’est les retombées que ce genre de popularisation, de mainstreamisation fait, c’est que tu en as quelques-uns qui vont creuser un peu plus loin dans la culture et aller au concert indépendant que nous, on défend. On ne peut pas organiser si on n’a pas de public.Et sur ces quelques personnes, il y en a quelques-uns qui vont créer un nouveau groupe, une nouvelle orga et ainsi de suite, c’est comme ça que la scène elle vit aussi. Les salles, elles, galèrent de plus en plus, nous on galère de plus en plus à payer les groupes de manière réglo, parce qu’on ne s’y retrouve pas tout le temps forcément. Combien d’assos n’ont pas dû mettre de leur argent perso pour payer les groupes, ça arrive à tout le monde je crois. Bon, la scène DIY, tu as toujours une scène qui arrive à se débrouiller totalement hors-circuit, c’est tant mieux pour eux parce que, justement, force à eux. Ils ne peuvent pas tous se le permettre
Gauthier : Moi, je trouve que, alors avec tous les paradoxes que ce discours va engendrer, mais je trouve que ça remet aussi l’église au milieu du village. Je veux dire, on est quand même issus d’une culture alternative, contestataire. Pour moi, elle est censée savoir s’auto-gérer aussi. Sans paraître pour le vieux singe ou le vieux sage, tu feras ton choix. Mais j’ai toujours connu cette culture, le hardcore au sens très large, comme quelque chose de totalement indépendant. Et quand j’étais gamin, c’est ce qui m’a séduit, de me dire que je ne suis pas du tout dépendant d’un service public, malgré qu’il y a des très bonnes choses de faites. C’est ce que je me dis dans le paradoxe. Il ne faut pas cracher dedans quand c’est bien fait. Mais je pense qu’on est conscient qu’avec la droitisation de la société, il y aura beaucoup moins de subventions.
Yann : Après, tant que chacun s’y retrouve dans ce process, nous, je sais qu’on est quand même majoritairement dans l’auto-gestion, dans le DIY, les groupes qui sont mainstream, eux, ils se retrouvent dans leur modèle, etc.
Gauthier : Oui, je pense que la balle, elle est aussi bien dans le côté des groupes qui doivent, entre guillemets, éduquer les gens en leur disant, voilà, là, c’est trop cool, vous me voyez sur une énorme structure, mais la vraie musique, ce n’est pas celle-là, en fait. La vraie musique, c’est toute l’année dans les petits endroits. Surtout pour la culture française qui est très deep dans hardcore, metal, punk rock, j’en passe. Et c’est aussi au public de prendre conscience de ça et de ne pas juste se saquer le cul dans les énormes salles quand il y a un énorme plateau. En fait, je pense qu’il y a un ping-pong d’influence de communication aussi.
Yann : Il y a aussi, au niveau de la communication du groupe, on injecte aussi de temps en temps une petite communication politique.
Gauthier : En tout cas, chez nous, ça fait partie du truc. Ça, c’est vital pour moi de le dire.
Yann : C’est un peu renouvelé de temps en temps pour dire, il ne faut pas oublier qu’on reste un groupe de hardcore, qu’il y a un autre discours derrière, qu’il y a une démarche et que ça fait partie du package un peu hardcore. Ça fait partie de nous, ça fait partie de notre culture. Ce n’est pas juste qu’on fait de la musique et c’est tout. Il y a autre chose derrière.
Gauthier : Autant sur la question d’avant, quand tu me demandais si on prenait l’expression du porteur de flambeau, de scène mélodique, autant là, je ne me sens pas légitime de ça, même si indirectement, je pense qu’on est acteurs de ça, mais je ne revendique pas ça. Autant demain, on a l’occasion de jouer sur des grosses scènes devant un public très large. Tu auras toujours des puristes qui vont t’attaquer. Sauf que si je peux avoir le discours que j’ai là, autour de cette table, mais devant un maximum de gens qui, à aucun moment, n’auraient pensé ou auraient été sensibilisés sur la scène plus deep, moi, c’est avec plaisir que je le fais. Tu vois, vraiment, parce que, comme on disait bien avant, ce n’est pas juste se planquer derrière des gros riffs et puis faire bouger les gens. Vraiment, c’est un plaisir, ça. Mais si on peut glisser un minimum d’éducation, Ça peut servir… Ça peut faire effet boule de neige. Si un groupe fait ça, si tu peux en toucher d’autres, en disant, putain, si tout le monde a ce discours-là, en gros, les petites salles, elles seront blindées, tu vois ? Alors, c’est de l’utopie, mais en tout cas, moi, c’est ce qui m’anime. Mais tu vois, je pense aussi, ce qui me gêne dans le monde du spectacle en général, pour dire très largement que c’est la musique, le théâtre, j’en passe, c’est qu’en fait, maintenant, au moment où on a plus le besoin de messages pour rassembler les gens, leur faire prendre conscience de choses… Enfin, moi, depuis que je suis gamin, déjà à l’époque, on était alerté sur des problèmes sociétaux. Aujourd’hui, il y a un fossé encore plus gros entre les gens, les points de vue… Aujourd’hui, tout le monde ferme sa gueule, en fait, quoi. Alors qu’on va ouvrir le monde du spectacle à des gens, à un public beaucoup plus large, tu vois, notamment en présentant des groupes, comme tu disais, plus deep, mais plus large public, mais tout le monde ferme sa gueule. Il n’y a plus de discours,. Et je me dis, si on peut remettre quelques groupes comme ça, qui, ouvrent leur gueule ou tentent de sensibiliser plutôt le public, à certaines causes, nobles.
Yann : Comme tu dis, c’est un moment où on en a le plus besoin, en fait
Gauthier : Même dans cette scène-là, je vais balancer un pavé dans la mare, mais même dans la scène hardcore, il y a une poignée de groupes qui, entre deux chansons, vont te donner un message, alors peut-être pour aussi prêcher leur propre public, et j’en fais partie, mais plus grand monde ne dit grand-chose sur rien, en fait. Alors autant, on est devenus de plus en plus costauds sur le riffing, sur parfois la violence délivrée dans la musique, quand on voit l’état des pits où les mecs se mettent clairement dans la gueule. Mais par contre, à côté de ça, il n’y a rien qui est dit dans les morceaux. Moi, c’est vraiment un truc qui me choque, et du coup, je me dis, tu sais quoi, si on peut avoir une porte d’entrée pour des groupes face à un public très large qui peuvent avoir un discours, trop bien, quoi. En ce moment, il y a plein de nouveaux kids qui viennent au concert et tout, et il y en a qui viennent avec des idées juste de merde, parce qu’ils se disent juste ouais, trop bien, il y a du gros son, je vais pouvoir mosher. C’est pour ça qu’il dit que je fais du hardcore et pas du métal. Tu vois, pour moi, il y a une différence là-dedans, tu vois, c’est qu’il y a un discours, il y a un réel état d’esprit.
Yann : Les endroits, les groupes qui ont le plus de discours, ils vont avoir ce discours-là devant des convaincus. Enfin, tu vois, au IeperFest, quasiment tous les groupes vont parler, ils prêchent des convaincus parce que… On sait très bien que cette scène-là, elle est quand même relativement au courant. Justement, le hardcore qui accède à un truc un peu plus mainstream ou qui va avoir un public un peu plus mixé, ils ne vont pas forcément avoir un discours politique. Et justement, soit orienter les gens, soit faire du ménage dans leur public aussi. C’est de dire, bon, ben, on a une scène, on commence à avoir des petits comptes fachos ou des trucs comme ça, ben, il faut aussi savoir nettoyer. Tu atterris sur des festivals genre BetizFest ou des trucs comme ça où là, dans le public, tu sais très bien que tout le monde ne partage pas cette idée-là. Et c’est là que des groupes comme nous et des potes, etc., on peut arriver avec un discours qui est sans trop d’ambiguïté
Gauthier : Tu n’es peut-être pas d’accord avec ton voisin mais comment ça se fait que tu arrives tranquillement à tenir une heure avec ton voisin en prenant bras-dessus-bras-dessous alors que dans la vie, tu n’es pas capable de le faire. Et ça aussi, c’est con, mais c’est ce que je kiffe dans ces moments-là. Et ça, quand tu prêches ta propre paroisse, bon, là, on parlait d’orientation politique forcément, on a compris, on est un groupe de gauchistes pour les gauchistes, mais moi, ce que j’aime bien, c’est toucher aussi les autres gens, qui ne vont pas forcément être d’accord avec moi, mais qui vont quand même kiffer et qui vont peut-être prendre cinq minutes pour réfléchir. Et pas mal de groupes n’osent pas, de peur de perdre un public. Mais après, je me dis, c’est le jeu, et puis, je pense qu’il y a assez de groupes sur Terre, quand même, pour délecter tout le monde, tu vois. Donc, au pire, tu n’es pas OK avec ça, ben, pas de souci, mec. On assume complètement ce biais-là, malgré les clichés véhiculés par le camp adverse.
JB : Une dernière question :est ce que vous avez des groupes qui vous font frissonner ?
Yann : Bah, Even if the Sky is Falling Down, ça fait partie des trucs que je geek en ce moment. Il y a Eyes. C’est un groupe suédois, je crois. Après, ouais, j’écoute beaucoup Becoming AD ils ont sorti deux splits dernièrement, j’écoute pas mal. Avec Swell, et là, ils en ont sorti un autre, je crois, avec Devil’s Grip.
Gauthier : Alors, moi, je vais taper dans le local. Oddism, qui viennent de sortir une bombe atomique, « Machina Ex Deo », je crois, le morceau clip. Le clip est oufissimesque, voilà. Le morceau est dingos. Ouais, donc ça, franchement, énorme clacos, franchement, bravo, grosse tuerie. Bah, je vais pas vous surprendre, mais le Insurgent. Gros gros kiff pour le côté mélancolique, mélodique, génial. Côté UK, c’est Still in Love, en gros, des anciens Dead Swans qui font un mix entre The Hope Conspiracy, saupoudré à la Converge, tu vois, très mélancolique. Sinon, j’écoute beaucoup de pop, j’adore le groupe DMA’S, alors, j’ai découvert vraiment sur le tas, en gros, comme si, Oasis était australien. Mais c’est vrai que dans le coin, ça pue de super groupes, et ça ne s’arrête jamais, c’est trop bien.
Yann : En local, en hardcore, tout ça, forcément, et la scène, elle est ultra active, c’est un plaisir.
Gauthier : Là, t’as encore des trucs qui vont sortir avant la fin de l’année, donc…, il y a Junkyard aussi qui arrive en Kids. Il y a Broken Ankles qui sort, produit par Julian. C’est cool pour eux d’ailleurs. Ils sont vraiment démarqués dans cette scène. Je vois par rapport à quel festival ils sont bookés à chaque fois, ce genre de truc. Moi, j’avoue que je ne suis pas très sensible au beatdown. Je ne connais pas trop la scène et tout.
Yann : Après, les gars sont motivés, ils se bougent partout. Quand ils ne jouent pas, ils sont dans le pit.
Gauthier : En tout cas, JB, merci beaucoup. Merci à vous. Merci pour l’adresse du resto. Un gros coucou au Sounding Shivers. C’était trop cool.
Un grand merci à Gauthier et Yann pour leur disponibilités, leur sincérités et on vous encourage à vous jeter sur Portraits III dès la semaine prochaine. On vous en reparle de toute façon 😉
A well-known local band, Gauthier and Yann from the band November kindly agreed to chat with us about their upcoming EP Portrait III, which will be released on September 5th. They talked with us about the place of melody and politics in hardcore, and their views on the mainstreaming of hardcore and its impact on the local scene.
Interview by JB
JB : Hi November, I hope you’re doing well. For those who don’t know you yet, please introduce yourselves.
Gauthier : Well, we’re doing great. We’re November, born from the ashes of Netfascore. The original line-up consists of Lucas, Gauthier and Jérôme. Then Yann and Titouan joined the project.
JB : On September 5th, you’re releasing your EP Portraits III, which brings to a close the Portraits trilogy that we’ve seen evolve over time from metallic hardcore with remnants of Netfastcore to melodic hardcore. Can you tell us more about it?
Gauthier : Absolutely. It’s really the logical follow-up to Portraits II. I think that at that point, the band really found itself on Portraits II. There won’t be any real stylistic changes on Portraits III. As you said, we’re sticking with melodic hardcore, with touches of metalcore. Only the people we worked with on the production have changed. We worked with Julian from Minotaure Studio. He’s very present at live shows. Especially at La Bulle. Portraits III is distributed digitally by Believe Music, which is a branch of À Gauche de la Lune. The CD version is distributed by Sir Yann, Convix Records and, for the vinyls, most likely by UFV Records, let’s say Convix too, and hopefully other labels. We’re throwing a bottle into the sea, because we really want this record to travel as far as possible.
JB: What can we expect in terms of the themes you address on Portrait III ? We can see where it’s going to go, given everything that’s happening in the news at the moment.
Gauthier : It’s true that unfortunately, the single has come out at just the right time. We would have preferred it to be a little outdated by the time it was released, and for the current climate to be behind us. Both nationally and internationally. So there are five tracks on Portrait III. The first track was very important for us to release now, musically speaking. It emphasised the hardcore side musically. We were also showing where we came from again. It’s still quite varied. The link is really the melody.
Yann : It’s the same formula as Portrait II, with more freedom in terms of melody.
Gauthier : But let’s say that on the opening and closing tracks of this album, we really let ourselves go on the melodic side. Then we also opted for little touches of punk rock at times for that freedom. And there’s a third track in the middle that reminds us of the heavy side. You won’t be surprised by the style. It’s just that we pushed things even further. The melody, I think, especially, we have a track called ‘And The Colors Start To Fade’. There, we really have, I think, the most melodic track we’ve ever written. Especially the end of that super emotional track and the last track.
JB : Can we call this EP a sign of maturity?
Gauthier : It’s true that this term is well chosen despite being a cliché, but I think that in terms of the end result, we’re all happy with what we’ve produced. It sounds a bit silly to say, but we really put a lot of heart into it and you can feel that in the music and the melodies. Basically, it’s our own concoction, it’s our recipe.
JB : Perhaps also, to come back to the EP a little more, were there any major influences on the project in terms of the band?
Yann : I’d say that on Portrait III, what we could add as a slight influence that wasn’t necessarily there on the others is the slightly post-rock side. It’s one of the little things we added that’s influenced by the more post-rock scene. So maybe there’s also a bit of Letlive and Love Letter in there. We have Titouan and Jérôme who are ultra skate-punk… That’s been injected into the track a little bit…
JB : In terms of the shift you’re making from the first portrait to the third, is it also a way of bringing a little melodic hardcore back into the scene, of putting a piece back in, so to speak, to revive something that’s a little absent at the moment?
Gauthier : Yes, it’s definitely very absent. But then again, I don’t think November is the torchbearer for that scene, it’s just something we really loved and that we have in common with all the members of the band. And that’s exactly what I meant when I said sprinkled with a little nostalgia, I was clearly talking about that. We put it in because it comes naturally to us.
Yann : Then again, it’s also the scene we come from. Basically, we were both a bit more into that scene than hardcore beatdown. Everything that was happening in Hazebrouck and Boulogne.
Gauthier : Yes, for the local aspect. It’s the breeding ground. It still is, in the end. I think you have to put a little bit of kerosene on the ashes. Even in the bigger, international influences. That’s what we loved. And we still love it, for that matter. But it will come back.
JB : It’s something that’s generally lacking. Right now, on the scene, in continental Europe, where there’s a bit of a revival.
Gauthier : I think what’s also great, and what it always has been, in this scene, is proving that hardcore isn’t just about tough guys. It’s about owning your emotions. I think that’s what music is, it seems to me. It’s about accepting all that and clearly being able to combine that excess of emotion with something powerful. And accepting that and showing it clearly, not just hiding behind big riffs.
JB : What is your opinion on the mainstreaming of hardcore?
Yann : My opinion on that is rather mixed. I look at it from the perspective of someone who organises concerts and mini-festivals on my own scale. I think it allows us to reach as wide an audience as possible and to bring together our style of music and the lifestyle that goes with it for as many people as possible. But then there are the downsides that come with it. I don’t think it’s a bad thing for hardcore bands to be a bit mainstream if the end result is that it gets people into this style and maybe makes them a bit better people through music. I don’t see it as a bad thing.
Gauthier : That’s exactly what I think. It can be unifying, renewing, and make kids want to start associations and bands. Where’s the harm in that?
Yann : By the way, bands like Knocked Loose seem to me to be a bit like the new New Metal. Before, there was Slipknot, Korn, etc. Now, I feel like it’s more these bands that are bringing kids together at the moment. If that can bring them to a scene with alternative culture, maybe straight-edge culture, then good for us, because then we might have people who think a little further than just listening to music. That’s how I discovered activist movements, veganism, straight-edge, etc.
Gauthier : It really reminds me of 15, 20, 25 years ago when pop-punk started getting played on MTV and all that stuff. I think purists, true punks or true punk rockers, didn’t like it. In the end, I think it got a lot of people into it. Today, these are guys who are creative, who have a lot of projects and who are extremely credible today and who are focused on much deeper things. I think you have to see it as a gateway. I think there’s nothing worse than coming up against a purist’s opinion right away. Honestly, if Knocked Loose played Coachella and that can boost your gig in your small town afterwards and help people discover a band you love, I think that’s just great, whether it’s for you as an organiser or for the small band…
Yann : Actually, that’s it, that’s kind of the conclusion, that’s the result of this kind of popularisation, this mainstreaming, is that you have a few people who are going to dig a little deeper into the culture and go to the independent concerts that we promote. We can’t organise anything if we don’t have an audience. And among those few people, there are some who will create a new band, a new organisation, and so on. That’s how the scene survives too. Venues are struggling more and more, and we’re struggling more and more to, let’s say, pay the bands properly, because we don’t always make a profit. How many associations have had to put in their own money to pay the bands? I think it happens to everyone. Well, the DIY scene, you always have a scene that manages to get by completely outside the mainstream, which is great for them because, well, good for them. Not everyone can afford to do that.
Gauthier : Personally, I think that, despite all the paradoxes this argument will generate, it also puts the church back in the middle of the village. I mean, we do come from an alternative, rebellious culture. For me, it’s supposed to be able to manage itself too. Without sounding like an old fogey or a wise old man, you’ll make your own choice. But I’ve always known this culture, hardcore in the broadest sense, as something totally independent. And when I was a kid, that’s what appealed to me, telling myself that I’m not at all dependent on public services, even though they do some very good things. That’s what I tell myself in the paradox. You shouldn’t spit on it when it’s done well. But I think we’re aware that with the shift to the right in society, there will be far fewer subsidies.
Yann : After that, as long as everyone is involved in the process, I know that we are still mainly involved in self-management, in DIY, while mainstream groups are involved in their own model, etc.
Gauthier : Yes, I think that the ball is also in the court of the groups who have to, in quotation marks, educate people by telling them, look, this is really cool, you can see me on a huge stage, but real music isn’t actually that. Real music is in small venues all year round. Especially for French culture, which is very deep in hardcore, metal, punk rock, and so on. And it’s also up to the audience to realise this and not just drag their arses to huge venues when there’s a huge line-up. In fact, I think there’s a ping-pong effect of communication influence too.
Yann : In terms of the band’s communication, we also inject a little political communication from time to time.
Gauthier : In any case, for us, it’s part of the deal. It’s vital for me to say that.
Yann : It’s kind of renewed from time to time to say, we mustn’t forget that we’re still a hardcore band, that there’s another message behind it, that there’s an approach and that it’s part of the hardcore package. It’s part of us, it’s part of our culture. It’s not just that we make music and that’s it. There’s something else behind it.
Gauthier : As for the previous question, when you asked me if we were taking on the role of torchbearers, of melodic scene, I don’t feel legitimate in that regard, even if indirectly, I think we are players in that, but I don’t claim that. Tomorrow, we have the opportunity to play on big stages in front of a very large audience. There will always be purists who will attack you. Except that if I can have the conversation I’m having here, around this table, but in front of as many people as possible who would never have thought about or been exposed to the deeper side of the scene, then I’m happy to do it. You see, really, because, as we said before, it’s not just about hiding behind big riffs and getting people moving. Really, it’s a pleasure. But if we can slip in a little education, it can be useful… It can have a snowball effect. If one band does that, if you can influence others, saying, damn, if everyone talks like that, basically, the small venues will be packed, you know? So, it’s utopian, but in any case, that’s what drives me. But you see, I also think that what bothers me about the entertainment world in general, broadly speaking, whether it’s music, theatre, or whatever, is that now, at a time when we need messages more than ever to bring people together, to make them aware of things… Well, since I was a kid, even back then, we were being alerted to societal problems. Today, there’s an even bigger gap between people, points of view, etc. Today, everyone keeps their mouth shut, in fact. So we’re going to open up the world of entertainment to people, to a much wider audience, you see, especially by presenting bands that are, as you said, more deep, but with a wider audience, but everyone keeps their mouths shut. There’s no more discourse. And I think to myself, if we can bring back a few bands like that, who speak up or try to raise awareness among the public about certain noble causes.
Yann : As you say, this is a time when we need it most, in fact.
Gauthier : Even in that scene, I’m going to rock the boat here, but even in the hardcore scene, there are a handful of bands who, between songs, will give you a message, perhaps to preach to their own audience, and I’m one of them, but most people don’t say much about anything anymore, actually. So we’ve become more and more powerful in our riffing, sometimes in the violence delivered in the music, when you see the state of the pits where guys are clearly beating each other up. But on the other hand, there’s nothing being said in the songs. That’s something that really shocks me, and so I think to myself, you know what, if we can get bands in front of a very large audience who can have something to say, that’s great. Right now, there are lots of new kids coming to concerts and stuff, and some of them come with really shitty ideas, because they just think, yeah, great, there’s loud music, I’ll be able to mosh. That’s why he says I play hardcore and not metal. You see, for me, there’s a difference there, you see, there’s a message, there’s a real state of mind.
Yann : The places and bands that talk about it the most are going to talk about it in front of people who are already convinced. I mean, at IeperFest, almost all the bands are going to talk about it, they’re preaching to the converted because… We know very well that this scene is relatively aware of these issues. Precisely, hardcore bands that are becoming a little more mainstream or that are going to have a slightly more mixed audience are not necessarily going to have a political message. And precisely, either guide people or clean up their audience too. It’s like, well, we have a scene, we’re starting to get a few fascist accounts or things like that, well, you also have to know how to clean up. You end up at festivals like BetizFest or things like that, where you know very well that not everyone in the audience shares that idea. And that’s where bands like us and our friends, etc., can come in with a message that’s not too ambiguous.
Gauthier : You may not agree with your neighbour, but how come you can happily spend an hour arm in arm with them when in real life you wouldn’t be able to do that? And that’s stupid too, but that’s what I love about those moments. And when you preach to your own choir, well, we were talking about political orientation, of course, we get it, we’re a group of leftists for leftists, but what I like is to also reach other people who may not necessarily agree with me, but who will still enjoy it and maybe take five minutes to think about it. A lot of bands don’t dare to do that, for fear of losing their audience. But then I think, that’s the game, and anyway, I think there are enough bands on Earth to please everyone, you know. So, worst case scenario, you’re not OK with that, well, no worries, mate. We fully accept this bias, despite the clichés propagated by the opposing camp.
JB : One last question : Are there any bands that give you the shivers?
Yann : Well, Even if the Sky is Falling Down is one of the things I’m really into at the moment. There’s Eyes. They’re a Swedish band, I think. Then, yeah, I listen to Becoming AD a lot. They’ve released two splits recently, which I listen to quite a bit. With Swell, and now they’ve released another one, I think, with Devil’s Grip.
Gauthier : So, I’m going to go local. Oddism, who just released an atomic bomb, « Machina Ex Deo », I think, the music video. The video is amazing, that’s it. The song is crazy. Yeah, so that, honestly, is huge, honestly, well done, it’s killer. Well, I’m not going to surprise you, but Insurgent. I really love the melancholic, melodic side of it, it’s brilliant. On the UK side, it’s Still in Love, basically the former Dead Swans doing a mix between The Hope Conspiracy, sprinkled with Converge, you know, very melancholic. Otherwise, I listen to a lot of pop, I love the band DMA‘S, so I discovered them on the job, basically, as if Oasis were Australian. But it’s true that around here, there are loads of great bands, and it never stops, it’s so good.
Yann : Locally, hardcore, all that stuff, obviously, and the scene is super active, it’s a pleasure.
Gauthier : Right now, you’ve got more stuff coming out before the end of the year, so… there’s Junkyard coming out on Kids too. Broken Ankles is coming out, produced by Julian. It’s cool for them, by the way. They really stand out in this scene. I see which festivals they’re booked for each time, that kind of thing. I admit I’m not very into beatdown. I don’t know the scene very well and all that.
Yann : But the guys are motivated, they go everywhere. When they’re not playing, they’re in the pit.
Gauthier : Anyway, JB, thank you very much. Thank you. Thanks for the restaurant address. A big shout out to Sounding Shivers. It was so cool.