Après leur passage remarquable au Motocultor en août dernier, il nous était impossible de manquer les américains de DIIV lors de leur passage au Splendid. Ils étaient accompagnés de Milan W, artiste anversois. Une belle soirée pleine d’émotions qui nous était proposée par à Gauche de la Lune. 

Report par Mégane Canis

Photos par Marye DAVENNE

English version below

---

Le public arrive très lentement en ce lendemain de Braderie de Lille et nous fait un peu craindre une salle vide. Heureusement, lorsque Milan W entre sur scène, une partie des spectateurs est déjà présente, et les rangs vont venir s’épaissir progressivement. Le trio entre sur scène, presque à pas feutrés. Quelques éléments sont allumés par ci par là sur scène, telles des veilleuses. On pressent quelque chose de délicat, dans une forme de simplicité authentique. Les parties instrumentales prennent une place importante dans les compositions. Et quand la voix de Milan W se pose, c’est avec une délicatesse, telle une plume. Sur scène, la présence d’une guitare électrique et d’une acoustique permet de varier les sonorités, tandis que la rythmique est samplée. Le clavier vient amener de douces mélodies. L’ensemble est très ambiant. Milan W crée de la musique qui prend son temps, qui appelle à se poser. Le trio instaure une ambiance particulièrement envoutante et enveloppante. Parfois les voix féminine et masculine se répondent ou s’unissent dans une belle justesse. Milan W vient même nous surprendre en sortant un Venova, sorte de saxophone compact aux doigtés similaires à ceux de la flûte à bec. Une première partie à l’ambiance très intimiste qui nous connecte à nos émotions et nous prépare à celles que DIIV va nous faire vivre juste après…

La salle est finalement bien remplie avant l’arrivée de DIIV sur scène. Il s’agit ce soir de la dernière date de la tournée. En guise d’introduction, une vidéo de présentation du groupe, assez humoristique, est projetée en lieu et place du back drop. D’entrée de jeu le groupe vient nous saisir avec “In Amber”, titre particulièrement vecteur d’émotions. On est de suite mis dans l’ambiance mélancolique de Frog in Boiling Water, dernier album paru du groupe. Les paroles défilent à l’arrière, et nous permettent de saisir tout le sens des titres, souvent beaux et lourds à la fois. L’écran attire le regard. Zachary Cole Smith (voix principale et guitare) et Colin Caufield (voix et basse) sont installés sur les extrémités de la scène, ne se mettant pas du tout en avant. Pendant ce temps Andrew Bailey est au centre, à la guitare et semble possédé par les compositions riches. Le groupe cultive cet aspect de discrétion, d’humilité. On est totalement envoutés par la proposition. Le grain de voix de Zachary Cole Smith est très particulier et vient nous bercer et nous envelopper de mélancolie. DIIV évoque l’écologie, le capitalisme destructeur, la traite des êtres humains… On retrouve parfois un aspect très Crippled Black Phoenix sur certaines compositions. “Under the Sun” est un peu plus rythmé et lumineux. Avec “Soul-net”, on est dans un titre très beau mais aussi très sombre. Sur le dernier tiers, le concert monte en intensité. On retrouve presque un côté noisy dans ce shoegaze de qualité. On reçoit quelque chose de très intense tout en restant très planant. Les fausses pubs rythment les transitions. Certaines compositions sont tout bonnement électrisantes. Un « Death to America » vient s’afficher en gros sur l’écran, avec une vidéo qui se conclut sur un “America is the Great Satan” avant que le groupe ne nous joue “Acheron”. Les musiciens quittent ensuite la scène, puis une vidéo ouvre le rappel. Pour notre plus grand bonheur, DIIV nous interprète trois titres supplémentaires. Ce concert a confirmé notre coups de coeur pour DIIV et son shoegaze engagé et planant. Il y a de grandes chances que le groupe soit dans notre top 5 de l’année… 

Le Splendid a su ramener les bradeux fatigués et heureusement ! Il aurait été dommage de rater ça ! DIIV a la capacité de nous filer des frissons, et c’est bien ce qu’on cherche avec Sounding Shivers. Leur concert est une immersion totale dans leur univers, et on en redemande !

Un grand merci à Victor pour les accréditations, à A Gauche de La Lune pour l’organisation de cette belle soirée et au Splendid pour l’acccueil.

---

After their remarkable performance at Motocultor last August, we couldn’t miss the American band DIIV when they played at Le Splendid. They were accompanied by Milan W, an artist from Antwerp. It was a wonderful evening full of emotion, brought to us by Gauche de la Lune.

Review by Mégane Canis

Pictures by Marye DAVENNE

The audience arrives very slowly on this day after Lille’s huge flea market, making us fear for an empty hall. Fortunately, when Milan W takes to the stage, some of the spectators are already present, and the ranks gradually thicken. The trio enters the stage, almost on tiptoe. A few lights are lit here and there on stage, like night lights. We sense something delicate, in a form of authentic simplicity. The instrumental parts take an important place in the compositions. And when Milan W‘s voice comes in, it is with a delicacy, like a feather. On stage, the presence of an electric and an acoustic guitar allows for a variety of sounds, while the rhythm is sampled. The keyboard brings in soft melodies. The whole thing is very ambient. Milan W creates music that takes its time, that invites you to settle down. The trio creates a particularly captivating and enveloping atmosphere. Sometimes the female and male voices respond to each other or unite in beautiful harmony. Milan W even surprises us by bringing out a Venova, a kind of compact saxophone with fingering similar to that of a recorder. A very intimate first half that connects us to our emotions and prepares us for those that DIIV will make us experience right after.

The venue is finally packed before DIIV takes to the stage. Tonight is the last date of the tour. As an introduction, a rather humorous video presentation of the band is projected onto the backdrop. Right from the start, the band grabs us with ‘In Amber’, a particularly emotional track. We are immediately immersed in the melancholic atmosphere of Frog in Boiling Water, the band’s latest album. The lyrics scroll across the screen behind them, allowing us to grasp the full meaning of the songs, which are often both beautiful and heavy. The screen catches the eye. Zachary Cole Smith (lead vocals and guitar) and Colin Caufield (vocals and bass) are positioned at either end of the stage, not putting themselves forward at all. Meanwhile, Andrew Bailey is in the centre, on guitar, and seems possessed by the rich compositions. The band cultivates this aspect of discretion and humility. We are completely captivated by the performance. Zachary Cole Smith‘s voice is very distinctive, lulling us and enveloping us in melancholy. DIIV evokes ecology, destructive capitalism, human trafficking… There is sometimes a very Crippled Black Phoenix feel to certain compositions. “Under the Sun” is a little more upbeat and bright. With “Soul-net”, we find ourselves listening to a beautiful but also very dark track. In the last third, the concert builds in intensity. There is almost a noisy side to this high-quality shoegaze. It’s very intense, yet still very dreamy. Fake adverts punctuate the transitions. Some of the compositions are simply electrifying. ‘Death to America’ appears in large letters on the screen, with a video that ends with ‘America is the Great Satan’ before the band plays ‘Acheron’. The musicians then leave the stage, and a video opens the encore. To our great delight, DIIV performs three additional songs. This concert confirmed our love for DIIV and its committed and dreamy shoegaze. There’s a good chance that the band will be in our top 5 of the year.

A lire aussi / Also to be read :