#Album : Vulgaires Machins – Contempler l’abîme (14/11/2025)

Quand on parle de punk rock francophone, il est difficile de passer à côté des Vulgaires Machins. Les Québécois sortent leur neuvième opus le 14 novembre. Contempler l’abîme est un album engagé, aux textes et mélodies recherchés. Il est à retrouver via Kicking Records, label incontournable des artistes francophones ! 

par Mégane Canis

English version below


On démarre l’écoute avec, pour moi, le meilleur premier titre d’album que je n’ai jamais entendu. “Terminer le fun” est une introduction de 6 minutes en trois actes qui porte l’âme des Vulgaires Machins. Il démarre avec la voix de Guillaume Beauregard, paraissant lointaine, comme une annonce radiophonique. Puis le titre prend de l’ampleur avec une rythmique plus présente. Il peut sembler paradoxal d’ouvrir un album avec des phrases comme “c’est la fin”, mais ce titre résonne surtout comme l’ouverture d’un nouveau chapitre. Ça y est, nous sommes arrivés au bout des absurdités capitalistes de ce monde, et nous passons dans un autre ère de la société. On entend pléthore d’émotions dès ce premier morceau, entre tristesse, colère, résignation et espoir. Le troisième acte est encore plus rythmé et pêchu et punk rock, pour redescendre introduisant la voix de Marie-Eve Roy, et se terminer par un commentaire de Bernard Stiegler, philosophe français décédé en 2020, à propos du consumérisme.

De manière générale, tout l’album aborde cette question du capitalisme à outrance et de cette société à bout de souffle, qui divise et exploite une partie des humains. Ici “Om mani padme hum” résonne comme un mantra. Au fil de notre écoute, certaines envolées orchestrales nous embarquent totalement. En effet, pour cet opus, le groupe s’est entouré de l’Orchestre Symphonique de Budapest pour apporter ces passages instrumentaux de toute beauté. On n’en oublie pas la base rythmique assurée par Maxime Beauregard (basse) et Pat Sayers (batterie), qui apporte notamment ces temps et contretemps sur “Travail à la Chaîne”, retranscrivant parfaitement l’aspect des gestes répétés. Ici, Marie-Eve vient poser une voix claire et envoûtante, dont émane des émotions à la fois douces et douloureuses. Les Vulgaires Machins arrivent à faire passer autant de messages verbaux que infra verbaux ou instrumentaux. Ainsi,  “l’effondrement qui vient” démarre sur un mouvement doux et délicat, avec de doux claviers, avant l’emballement. C’est ici la rage et l’envie d’en découdre qui sont transmises dans les couplets, notamment grâce au featuring de J.Kyll Salgado et son chant rap, le tout sur les riffs énergiques de Marie-Ève et Guillaume

Il y a parfois des détails qui en disent long. Ainsi, “On lâche pas la gang, on continue” est écrit de manière très inclusive. Les Vulgaires Machins, après nous avoir submergé d’émotions, nous offrent un petit interlude délicat et aérien avant de reprendre de plus belle avec “Lorsque je m’arrête” et son frénétisme. “Avalanche” est un titre aussi beau que triste. Il comporte des passages aériens qui ne sont pour autant jamais légers, mais aussi des parties plus graves, tout aussi lourdes de sens. La ligne de basse dans “Il faut se jeter à l’eau” apporte également ce côté lourd, ancré, suivant un début doux où Marie-Eve posé délicatement sa voix. 

Contempler l’abîme, malgré son nom, permet aussi à ses auteurs/compositeurs d’être acteur de ce qui se passe dans cette société. “Libérer la foudre” est ainsi un moment fédérateur, un cri du cœur, qui vient, dans sa continuité avec “Faire Sécession”, libérer quelque chose. Il donne ainsi l’impression d’un mouvement vers l’extérieur. Et alors que l’opus a démarré de façon magistrale, il finit en apothéose totale avec “Me croire seul à ma croire inutile” qui cible directement le cœur par sa beauté inégalée.

Les Vulgaires Machins confirment leur statut de groupe à textes. Leur sonorité aux bases punk rock, mélodiques, aux accents émo, est ici agrémentée de mouvements symphoniques et d’influences de rock alternatifs de divers horizons. Ils font passer une palette d’émotions grâce à leur maîtrise parfaite de leur processus créatif mais également par leur touchante authenticité. Avec Contempler l’abîme, ils nous livrent leur vision du monde, avec une certaine beauté mélancolique. Une jolie pépite sur laquelle vous jeter ! 

Tracklist :

01 : Terminé Le Fun
02 : Om Mani Padme Um
03 : Travail A La Chaîne
04 : L’Effondrement Qui Vient (feat. J.Kyll)
05 : On Continue
06 : Encore Du Soleil Pour Quelques Heures
07 : Tout Recommance
08 : Avalanche
09 : Il Faut Se Jeter A L’Eau
10 : Libérer La Foudre
11 : Faire Sécession
12 : Me Croire Seul A Me Croire Utile


When talking about French punk rock, it’s hard to ignore Les Vulgaires Machins. The Quebecois band is releasing their ninth album on November 14th. Contempler l’abîme is a socially conscious album with sophisticated lyrics and melodies. It’s available via Kicking Records, the go-to label for French-speaking artists!

by Mégane Canis

We start listening with what I consider to be the best opening track I’ve ever heard. ‘Terminer le fun’ is a six-minute introduction in three acts that captures the soul of Les Vulgaires Machins. It starts with the voice of Guillaume Beauregard, sounding distant, like a radio announcement. Then the track builds momentum with a more prominent rhythm. It may seem paradoxical to open an album with phrases like ‘it’s the end’, but this track resonates above all as the opening of a new chapter. That’s it, we’ve reached the end of the capitalist absurdities of this world, and we’re moving into a new era of society. We hear a plethora of emotions in this first track, ranging from sadness to anger, resignation and hope. The third act is even more rhythmic, punchy and punk rock, before slowing down to introduce the voice of Marie-Eve Roy and ending with a commentary on consumerism by Bernard Stiegler, a French philosopher who died in 2020.

In general, the entire album addresses the issue of excessive capitalism and a society that is running out of steam, dividing and exploiting part of humanity. Here, ‘Om mani padme hum’ resonates like a mantra. As we listen, certain orchestral flourishes completely sweep us away. For this album, the band enlisted the Budapest Symphony Orchestra to provide these beautiful instrumental passages. We mustn’t forget the rhythmic foundation provided by Maxime Beauregard (bass) and Pat Sayers (drums), who bring these beats and offbeats to ‘Travail à la Chaîne’, perfectly transcribing the aspect of repetitive movements. Here, Marie-Eve lends her clear and captivating voice, which conveys emotions that are both sweet and painful. Les Vulgaires Machins manage to convey as many verbal messages as they do non-verbal and instrumental ones. Thus, ‘L’effondrement qui vient’ starts off with a soft and delicate movement, with gentle keyboards, before picking up speed.

Here, it is rage and the desire to fight that are conveyed in the verses, thanks in particular to the featuring of J.Kyll Salgado and his rap vocals, all set to the energetic riffs of Marie-Ève and Guillaume. Sometimes, details speak volumes. Thus, ‘On lâche pas la gang, on continue’ (We’re not giving up gang, we’re carrying on) is written in a very inclusive way.

Vulgaires Machins, after overwhelming us with emotions, offer us a delicate and airy interlude before picking up again with ‘Lorsque je m’arrête’ and its frenzy. ‘Avalanche’ is a track that is as beautiful as it is sad. It features airy passages that are never light, but also more serious parts that are just as heavy with meaning.

The bass line in ‘Il faut se jeter à l’eau’ also brings this heavy, grounded feel, following a soft beginning where Marie-Eve delicately lays down her voice. Contempler l’abîme, despite its name, also allows its authors/composers to be actors in what is happening in this society.

‘Libérer la foudre’ is thus a unifying moment, a cry from the heart, which, in its continuity with ‘Faire Sécession’, comes to liberate something. It thus gives the impression of a movement towards the outside. And while the opus started off in a masterful way, it ends in total apotheosis with ‘Me croire seul à ma croire inutile’, which targets the heart directly with its unrivalled beauty.

Les Vulgaires Machins confirm their status as a band with meaningful lyrics. Their punk rock-based, melodic sound with emo accents is enhanced here by symphonic movements and alternative rock influences from various horizons. They convey a range of emotions thanks to their perfect mastery of their creative process, but also through their touching authenticity. With Contempler l’abîme, they deliver their vision of the world, with a certain melancholic beauty. A real gem to sink your teeth into!

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