C’est un joli plateau black métal qui nous était proposé à Dunkerque le 29 novembre dernier. Les allemands de Groza s’étaient en effet entourés de ce compatriotes de The Spirit et Nornír, ainsi que de Antikvlt, composé de musiciens d’Autriche et de Suède. Les 4Ecluses étaient donc bien sombres en ce dernier week-end de novembre.
Report par Mégane Canis
Photos par Marye DAVENNE
English version below
C’est donc Antikvlt qui ouvre la soirée. Le public est déjà au rendez-vous lorsque l’introduction samplée, version musique classique déstructurée, retentit. Le son éclate ensuite dans la salle. Le groupe démarre fort, avec des compositions assez rythmées. La voix est claire et chantée, dans un black metal aux sonorités un peu old school. On note un vrai travail sur des riffs de guitare. La rythmique est, elle, typique du style. Chris Marrok (chant) théâtralise le côté possédé. Sa voix peut se faire plus grave par moments, très profonde, amenant une certaine vibration. On ressent toute cette modulation et cette amplitude dans “In Darkness They Trust”, qui nous ramène vraiment dans ce côté black metal typique. Antikvlt offre des sonorités puissantes et affirmées qui nous plongent totalement dans le thème de la soirée.
[NDLR : Suite à un soucis de carte mémoire, nous ne pouvons vous proposer les photos de Antikvlt. Nous vous présentons toutes nos excuses.]
De sombres corbeaux annoncent l’arrivée sur scène de Nornír. Les basses sont poussées au maximum dans l’introduction, ce qui fait vibrer tous nos os. Les musiciens sont parés de bracelet aux clous imposants et de maquillage noir et blanc. On reste dans le black metal mais on change tout de même d’identité. Celle de la formation est très marquée. D’entrée de jeu on sent toute la puissance que ce soit dans les riffs, les rythmes ou dans la voix de Lethian. Nornír envoie du lourd. On retrouve une certaine modernité dans leurs compositions. “Krigsrop” fait exulter le public connaisseur du groupe. Le travail instrumental est minutieux. D’ailleurs on compte deux guitares à 7 cordes et une basse à 5 cordes sur scène. Les titres longs instaurent une vraie ambiance, et les cris possédés de Lethian nous happent totalement. Les temps de transition sont par fois un peu longs. Des samples mystérieux viennent combler les trous mais on sent que le public se décentre et parle beaucoup entre les titres. “Ere the World Falls” est un titre magistral qui vient clôre en beauté la setlist. Les passages de voix parlée sont profonds et prennent aux tripes. C’était notre première fois en live avec Nornír et on est totalement subjugués !
La soirée bat son plein lorsque The Spirit foulent la scène. Les allemands attaquent fort. Avec “Against Humanity”, ils commencent par un titre percutant. Ils viennent chercher directement le public qui est déjà bien préchauffé. Les passages instrumentaux occupent une place importante dans les compositions du groupe. Officiellement deux, la formation est renforcée par des musiciens live qui offrent une jolie prestation. Ici aussi, on remarque le travail important au niveau de la rythmique. Les titres sont assez longs, et construits en plusieurs actes. Leurs sonorités ne sont pas sans rappeler celles de Vorga. Sans parler, le groupe communique avec le public, en gestes et en musique. Le public est d’ailleurs plus dynamique sur leur prestation. Le tempo parfois déchaîné apporte cette envie de bouger chez certains. Les riffs peuvent être aussi percutants que mélodiques et ambiants. On sent même parfois un petit côté épique très entraînant. Leurs compositions sont empreintes d’éléments spirituels et cosmiques. Le final avec “The Clouds of Damnation” est absolument magistral, avec ce long titre riche.
On termine donc cette soirée de black metal avec les allemands de Groza. Leur scénographie est plus imposante que celle des groupes précédents. Les musiciens arrivent sur scène, tous habillés de la même manière, et couverts par des capuches et un voile devant le visage. Ils nous cueillent avec des sonorités très ambiantes avant de partir sur un black metal aussi mélodique que puissant. Entre des riffs atmosphériques et une rythmique très ancrée, Groza distille des sonorités pleines d’émotions, aussi mélancoliques que rageuses. Les parties blastées donnent un sentiment d’urgence qui nous absorbe totalement. On sent quelque chose de très profond dans les titres de la formation. Les jeux de fumée accompagnent la prestation. La voix de P.G (chant, basse) est telle une tempête d’émotions complexes et entremêlées. La sonorité des cymbales de T.H.Z (batterie) amène également une touche d’originalité. Les compositions sont d’une richesse incroyable et instaurent une ambiance totalement prenante. Les chœurs de U.A ajoutent un dynamisme et une profondeur aux titres. Groza joue également avec les modulations et les contrastes, entre calme et déchainement. On passe ainsi de parties très rythmées, avec un chant crié et des blast, à des passages très doux avec un simple guitare-voix d’une très belle justesse comme dans “Dysthymian Dreams”. Les moments délicats sont telles une caresse douce-amère. Groza apporte un son à la fois brut et élaboré, dans un subtil équilibre dont ils ont le secret. Les allemands nous prouvent encore tout leur talent et leur capacité à véhiculer des émotions intenses.
Les 4D=Ecluses nous ont offert un magnifique plateau black métal, avec des univers parallèles mais bien divers. Le côté old school de Antikvlt, possédé et moderne de Nornir, spirituel et instrumental de The Spirit et émotionnel et ambiant de Groza ont magnifiquement cohabité. Les quatre groupes ont pu profiter d’un public attentif et passionné. Une belle réussite donc pour cette sombre soirée !
Un grand merci à Marie pour les accréditations, aux 4Ecluses pour l’organisation de cette belle soirée et à toute l’équipe de la salle pour l’accueil au top!
It was a fine black metal line-up that was on offer in Dunkirk on November 29th. German band Groza were joined by fellow Germans The Spirit and Nornír, as well as Antikvlt, made up of musicians from Austria and Sweden. Les 4Ecluses was certainly a dark place to be on that last weekend of November.
Review by Mégane Canis
Pictures by Marye DAVENNE
Antikvlt opens the evening. The audience is already in place when the sampled introduction, a deconstructed classical music version, resounds. The sound then explodes into the room. The band starts off strong, with fairly rhythmic compositions. The vocals are clear and sung, in a black metal style with slightly old school sounds. There is a real focus on the guitar riffs. The rhythm section is typical of the style. Chris Marrok (vocals) dramatises the possessed side. His voice can become deeper at times, very deep, bringing a certain vibration. All this modulation and amplitude can be felt in ‘In Darkness They Trust’, which really brings us back to that typical black metal sound. Antikvlt offers powerful and assertive sounds that immerse us completely in the theme of the evening.
[Editor’s note: Due to a memory card issue, we are unable to provide photos of Antikvlt. We apologise for any inconvenience.]
Dark crows herald Nornír‘s arrival on stage. The bass is cranked up to the max in the intro, making our bones vibrate. The musicians are adorned with imposing studded bracelets and black and white make-up. We’re still in black metal territory, but the identity has changed. The band’s style is very distinctive. Right from the start, you can feel the power in the riffs, the rhythms and Lethian’s voice. Nornír packs a punch. There’s a certain modernity to their compositions. ‘Krigsrop’ delights the audience who know the band well. The instrumental work is meticulous. In fact, there are two 7-string guitars and a 5-string bass on stage. The long tracks create a real atmosphere, and Lethian’s possessed screams completely captivate us. The transitions are sometimes a little long. Mysterious samples fill in the gaps, but you can sense that the audience is losing focus and talking a lot between songs. ‘Ere the World Falls’ is a masterful track that brings the setlist to a beautiful close. The spoken passages are profound and gut-wrenching. It was our first time seeing Nornír live, and we are completely blown away!
The evening is in full swing when The Spirit take to the stage. The Germans hit the ground running. They kick off with a powerful track, “Against Humanity”. They immediately engage with the audience, who are already well warmed up. Instrumental passages play an important role in the band’s compositions. Officially a two-piece, the band is reinforced by live musicians who put on a great show. Here too, the important work on the rhythm section is noticeable. The songs are quite long and constructed in several acts. Their sound is reminiscent of Vorga. Without speaking, the band communicates with the audience through gestures and music. The audience is more dynamic during their performance. The sometimes frenzied tempo makes some people want to move. The riffs can be as powerful as they are melodic and ambient. At times, there is even a slightly epic feel to it, which is very catchy. Their compositions are imbued with spiritual and cosmic elements. The finale with ‘The Clouds of Damnation’ is absolutely masterful, with this long, rich track.
We end this black metal evening with the German band Groza. Their stage design is more impressive than that of the previous bands. The musicians arrive on stage, all dressed alike, wearing hoods and veils covering their faces. They draw us in with very ambient sounds before launching into black metal that is as melodic as it is powerful. Between atmospheric riffs and a very grounded rhythm section, Groza distils sounds full of emotion, as melancholic as they are angry. The blasted parts give a sense of urgency that completely absorbs us. There is something very profound in the band’s songs. Smoke effects accompany the performance. P.G.’s voice (vocals, bass) is like a storm of complex and intertwined emotions. The sound of T.H.Z.’s cymbals (drums) also adds a touch of originality. The compositions are incredibly rich and create a totally captivating atmosphere. U.A.’s backing vocals add dynamism and depth to the tracks. Groza also plays with modulations and contrasts, between calm and fury. We thus move from very rhythmic parts, with shouted vocals and blasts, to very soft passages with simple guitar and vocals of beautiful accuracy, as in ‘Dysthymian Dreams’. The delicate moments are like a bittersweet caress. Groza brings a sound that is both raw and elaborate, in a subtle balance that only they know how to achieve. The Germans once again prove their talent and ability to convey intense emotions.
Les 4Ecluses offered us a magnificent black metal line-up, with parallel but very diverse universes. The old school side of Antikvlt, the possessed and modern side of Nornir, the spiritual and instrumental side of The Spirit and the emotional and ambient side of Groza coexisted beautifully. The four bands were able to enjoy an attentive and passionate audience. A great success for this dark evening!
A lire aussi/Also to be read :
Sounding Shivers 