Ca faisait bien longtemps qu’on avait pas eu la chance d’assister à une date aussi unique que celle-ci, avec un show qui s’annonçait complètement fou et excentrique. Samedi 13 décembre, pour la dernière de l’année au Grand Mix, un groupe de haute valeur et de grande renommée dans la scène Post Rock internationale étaient parmi nous : Dirty Three. Ils ont posé leurs bagages remplies de sonorités intenses et touchantes, prêt à nous emporter pour un magnifique voyage.
Article par Oreÿ
Photos par Marye DAVENNE
English version below
Seul et unique groupe de la soirée, Dirty Three étaient venus rien que pour nous en cette belle soirée, prêt à nous offrir une balade céleste pour toucher les étoiles. Alors oui, certes lorsqu’on a appris la nouvelle qu’un seul groupe serait présent ce soir, ça a forcément été la surprise pour tout le monde, l’étonnement même, mais au final, on a très rapidement compris le pourquoi du comment. Le fait est que notre trio de joyeux drilles ont l’art et la manière d’occuper l’espace scénique ainsi que le paysage musical comme de véritables maîtres en la matière. Dirty Three nous viennent de Melbourne et se sont formés en 1992. Ils nous livrent un sublime Post-rock, couplé à une Folk contemporaine flirtant par moment avec le Noise rock. Pour fêter leur trente-trois ans de carrière, ils nous avaient préparé un show légendaire qui restera forcément dans les annales, avec une tonne de cadeaux à venir. Avec le multi-instrumentiste Warren Ellis ici au violon et au clavier, mais jouant aussi de nombreux autres instruments comme la viole, la mandoline, le bouzouki, l’accordéon et la basse, Mick Turner à la guitare, jouant lui aussi d’autres instruments comme la basse, le clavier, et le mélodica, et pour finir Jim White à la batterie et aux percussions, le show de cette soirée magistrale allait forcément envoyer du lourd, voir du très lourd. Une file de fans du groupe s’était formée après l’ouverture des portes de 19h au Grand Mix, attendant sagement, espérant leur place au premier rang histoire de ne rien louper de la claque musicale qui allait arriver dans pas longtemps. 19H30 pile, les portes s’ouvrent enfin, entraînant la première vague de public en bord de scène. On retrouve les copains, on refait le monde rapidement en racontant les dernières anecdotes de concerts et autres, puis arrive la fameuse heure où nos australiens adorés montent sur scène, 20h20. Dans les films d’horreur, minuit est l’heure du crime. Mais pour nous, 20h20 fût l’heure du spleen. C’était parti pour un show incommensurable bardé de cris de violon déchiré, de mélodies de guitare langoureuse à nous faire planer, posées sur une intensité rythmique entre douceur et poigne sèche de toute beauté. Les lumières du Grand Mix se coupent, nous plongeant dans une obscurité des plus totale. Même pas une petite veilleuse histoire de veiller sur les âmes fragiles. Pas besoin, Dirty Three étaient là pour nous faire oublier un tas de tracas du quotidien, en nous crachant littéralement leur cafard crasseux en plein visage. Nos trois mélomanes montent sur scène, sous les applaudissements d’un public plus que ravi d’avoir l’opportunité de les voir, après cette nouvelle venue en Europe. De suite, Warren Ellis et sa bande y vont fort, en nous entamant leur set par une sublime trilogie, celle des trois premiers titres de leur dernier album Love Changes Everything, “Love Changes Everything I, II, et III”. Et c’était parti pour une excursion interne remarquable entre une multitude d’émotions délivrées par notre trio infernal. Passant d’une quiétude absolue à des moments acharnés, Dirty Three nous ont aisément contaminé par leur douce folie bourrée d’émotion en tout genre, toujours plus puissantes les unes que les autres, passant d’un pessimisme des plus deep à l’espoir des plus pur dans une abondance de palette sonore. Après le calme vient la tempête comme on dit, et c’est justement là qu’est toute l’essence même de Dirty Three. Toujours nous faire languir pour mieux rebondir. Et cerise sur le gâteau, entre chaque morceau, on avait droit au vannes loufoques et autres anecdotes captivantes de Warren Ellis, personnage excentrique et attachant dans toute sa splendeur, entraînant avec lui le public du Grand Mix, dans des tourbillons de rire, autant que les torrents émotionnels que nous donne la faveur de ressentir Dirty Three. Allant même jusqu’à prendre quelques minutes pour nous parler, comme-ci ce grand monsieur était juste le bon vieux pote de chacun d’entre nous, tant on se sentait tous un peu lié à ses histoires de vie, ou même de réussir à mettre accroupi l’entièreté du public du Grand Mix pendant quelques minutes. Puis Warren Ellis, accompagné de ses fidèles acolytes Mike Turner et Jim White, étaient repartis de plus belle, et s’en suivait alors une nouvelle série d’émotions musicales à la chaîne. On pouvait même voir certaines personnes du public fermer les yeux, se laissant porter ici et là dans une multitudes de contrées personnelles, prouvant ainsi sans l’ombre d’un doute, la force émotionnelle de ce groupe légendaire du Post-Rock, ce qui en fait toute sa grandeur, autant musicalement qu’humainement. Avec quelques singles, EPs, un live album et 10 albums studios, dont le dernier en date Love Changes Everything (paru en 2024 chez Drag City, Anchor & Hope Records et Bella Union), Dirty Three nous ont offert un live absolument magistral de 2h45 en nous régalant avec des titres tel que “Indian Love Song”, “Sea Above, Sky Below”, mais aussi avec le magnifique morceau “Hope” qui était une petite surprise non annoncée sur leur setlist. Tout en finissant cet incroyable show comme ils l’avaient commencé, histoire de célébrer leur tout dernier album à merveille, par “Love Changes Everything V” suivi de “Love Changes Everything VI”, tout dernier morceau de leur dernier album. Un énorme merci à Warren Ellis et sa bande de vieux loups de mer, de nous avoir offert un moment aussi magique qu’il fut éphémère, pour nous laisser en tête ce magnifique concert.
Merci à Vincent pour l’accréditation ainsi qu’au Grand Mix et toute son équipe pour l’organisation de cette magnifique soirée !
It had been a long time since we had the chance to attend such a unique event, with a show that promised to be completely crazy and eccentric. On Saturday, December 13, for the last show of the year at Le Grand Mix, a highly acclaimed and renowned band on the international post-rock scene was among us: Dirty Three. They brought their intense and moving sounds, ready to take us on a magnificent journey.
Review by Oreÿ
Pictures by Marye DAVENNE
The only band performing that evening, Dirty Three had come just for us on this beautiful night, ready to take us on a heavenly journey to touch the stars. So yes, when we heard the news that only one band would be performing that evening, it was certainly a surprise for everyone, even a shock, but in the end, we quickly understood why. The fact is that our trio of merry men have the art and manner of occupying the stage and the musical landscape like true masters of their craft. Dirty Three hail from Melbourne and formed in 1992. They deliver sublime post-rock, coupled with contemporary folk that at times flirts with noise rock. To celebrate their thirty-three-year career, they had prepared a legendary show that will surely go down in history, with a ton of gifts to come. With multi-instrumentalist Warren Ellis on violin and keyboard, but also playing many other instruments such as the viola, mandolin, bouzouki, accordion, and bass, Mick Turner on guitar, also playing other instruments such as bass, keyboard, and melodica, and finally Jim White on drums and percussion, the show on this masterful evening was bound to be heavy, even very heavy. A line of fans had formed after the doors opened at 7 p.m. at the Grand Mix, waiting patiently, hoping for a spot in the front row so they wouldn’t miss a thing of the musical extravaganza that was about to begin. At 7:30 p.m. sharp, the doors finally opened, bringing the first wave of audience members to the front of the stage. We met up with friends, quickly caught up on the latest concert anecdotes and other news, and then came the moment we had all been waiting for: 8:20 p.m., when our beloved Australians took to the stage. In horror movies, midnight is the hour of crime. But for us, 8:20 p.m. was the hour of melancholy. We were in for an incredible show filled with the screams of a torn violin and languid guitar melodies that made us float away, set to a rhythmic intensity that was both gentle and powerful in all its beauty. The lights at the Grand Mix went out, plunging us into total darkness. Not even a small night light to watch over fragile souls. No need, Dirty Three were there to make us forget a bunch of everyday worries, literally spitting their filthy melancholy right in our faces. Our three music lovers took to the stage to the applause of an audience more than delighted to have the opportunity to see them after their return to Europe. Right away, Warren Ellis and his band hit the ground running, kicking off their set with a sublime trilogy: the first three tracks from their latest album, Love Changes Everything, “Love Changes Everything I, II, and III.” And so began a remarkable inner journey through a multitude of emotions delivered by our infernal trio. Moving from absolute tranquility to moments of fury, Dirty Three easily infected us with their sweet madness, brimming with emotions of all kinds, each more powerful than the last, shifting from the deepest pessimism to the purest hope in an abundance of sound. After the calm comes the storm, as they say, and that is precisely the essence of Dirty Three. Always making us yearn for more so that we can bounce back even better. And the icing on the cake was that between each song, we were treated to Warren Ellis’s zany jokes and captivating anecdotes. An eccentric and endearing character in all his glory, he swept Le Grand Mix audience along in a whirlwind of laughter, as well as the emotional torrents that Dirty Three gave us the privilege of feeling. He even took a few minutes to talk to us, as if this great man were just an old friend of each and every one of us, so much so that we all felt a little connected to his life stories, or even managed to get the entire Grand Mix audience to crouch down for a few minutes. Then Warren Ellis, accompanied by his faithful sidekicks Mike Turner and Jim White, kicked back into gear, and a new series of musical emotions followed in quick succession. Some members of the audience could even be seen closing their eyes, allowing themselves to be carried away to a multitude of personal realms, proving beyond a shadow of a doubt the emotional power of this legendary post-rock band, which is what makes them so great, both musically and humanly. With several singles, EPs, a live album, and 10 studio albums, including their latest, Love Changes Everything (released in 2024 on Drag City, Anchor & Hope Records, and Bella Union), Dirty Three gave us an absolutely masterful 2 hour and 45 minute live performance, treating us to songs such as “Indian Love Song,” “Sea Above, Sky Below,” and the magnificent “Hope,” which was a little surprise not announced on their set list. They ended this incredible show as they had begun it, celebrating their latest album in style with “Love Changes Everything V” followed by “Love Changes Everything VI,” the last track on their latest album. A huge thank you to Warren Ellis and his band of old sea dogs for giving us such a magical, if fleeting, moment and leaving us with memories of this magnificent concert.
Sounding Shivers 