Il y a des dates qui résonnent plus que d’autres dans le milieu punk antifasciste. Et le 13/12 en fait clairement partie ! C’est pour cette occasion spéciale que nous avons fait le déplacement depuis Lille à Vitry-le-François, dans la Marne. La soirée s’annonçait d’ores et déjà exceptionnelle avec au programme King Kong Meuf en ouverture, suivies de Krav Boca et Poésie Zéro. Du punk, du punk et encore du punk ! La soirée était organisée par Bords2scènes. 

Article par Mégane

English version below

---

Comme il semble en être de coutume, la soirée démarre assez tard avec une ouverture à 20h30 et un premier concert à 21h. C’est King Kong Meuf qui démarre les hostilités. Le groupe de Montreuil a justement sorti son premier album la veille. Le set démarre par “BoN APP” et la colère est présente d’entrée de jeu. C’est exactement ce qu’on vient chercher en allant voir la formation : un exutoire, une critique virulente de la société patriarcale tenue par des vieilles générations. Le son est d’une excellente qualité et nous permet de profiter des riffs de guitare de Yanis autant que de la basse bien présente de Jack. Les deux participent d’ailleurs aux chœurs sur certains titres, hurlant de toute leur force mais avec maîtrise, pour compléter les textes scandés par BeBe. Les titres comme “APoCALYPSE BEBE” ou “KAMiKAZE ETiNCELLE” déchainent le public. On chante en chœur avec plaisir. Le débit de parole est rapide, avec parfois un côté technique de rap pour enchaîner toutes les phrases énervées qui caractérisent le groupe. Sur scène, les corps des quatre musicien.nes parlent également, activement engagés dans la lutte contestataire. La reprise de “C’est Comme ça” des Rita Mitsouko est remarquable. Le timbre assez grave de BeBe colle totalement, et la formation arrive à amener ce titre magistral dans son registre plus punk Grr. Sur “CHiFFoNs”, Jack nous cloue sur place avec sa voix gutturale. Les torches font leur entrée sur “FEU” et tandis que démarre “KASS1TETE / MoN AMoUR” et que DiDi (batterie) joue avec ses baguettes enflammées, le bout de la torche tombe et menace de brûler certains éléments de la scène. Alors que chacun est occupé, il faut quelques secondes qui paraissent longues avant la réaction d’une personne en coulisse. Durant ce temps, le show continue comme si de rien était, signe d’un grand professionnalisme et du sang froid de la formation. A la fin de ce titre qui termine par “Siamo Tutti Antifascisti”, le public démarre et tape dans les mains, jusqu’à la reprise du morceau suivant. “APoCALYPSE BEBE” met tout le monde d’accord et le pogo commence à être bien puissant. King Kong Meuf interprète “REDFLAG”, normalement en feat avec Irracible, qui ne peut être présent ce soir. On termine ce set puissant par “PANiKABoRD” et des applaudissements nourris pour cette prestation électrique, énergique et évoquant parfaitement la colère face à cette société de domination et de jeux de pouvoirs. 

On continue la soirée avec les iconiques Krav Boca. On a beau les voir et les revoir, on sait qu’avec eux, chaque concert est différent. Après un Free Palestine qui met dans l’ambiance, on démarre avec “Mortier”, titre bourré de références aux Béruriers Noirs. Le groupe a d’ailleurs sorti un feat avec Loran des Béru la veille. On enchaîne avec “Panik” qui est loin de calmer les ardeurs dans un pogo qui grossit de plus en plus. Le son de la mandoline côtoie celui des riffs de guitare, des rythmes effrénés et du chant rap. Les effets pyrotechniques géré par des performers impressionnants font leur entrée sur “Tercian”. Le show est visuellement impressionnant sur un titre profond qui traite de la santé mentale avec brio. Les étincelles prennent le dessus sur “Brasero” dans une forme de lutte festive. Une transition mystérieuse précède “Heretic”, avec un côté électro au début sur lequel le rap punk reprend vite ses droits. Les deux performers sont dans une sorte de cocon et se meuvent de manière artistique, telle une bête à 8 membres. Le groupe, originaire du Maroc, de la France et de la Grèce, nous fait découvrir une tradition de ce dernier pays avec “Canettes”. Ils demandent au public de lancer les gobelets sur scène et s’adonnent alors à une bataille géante d’écocups. Ceux-ci n’étant, pour une fois, pas consignés, tout le monde s’y donne à coeur joie. Même les King Kong Meuf, sur le côté, s’y mettent ! Le public reprend un “Siamo Tutti Antifascisti” puissant avant que ne résonne “Fumigènes”, sur laquelle plusieurs spectateurs montent sur scène. Le show pyrotechnique revient alors que la santé mentale est à nouveau abordée. Les titres continuent de s’enchaîner et on sent arriver la fin en apothéose. Yanis (King Kong Meuf) vient prendre la guitare et se fait un kiff pour notre plus grand plaisir ! La fête est totale. Lorsque le concert se termine, Krav Boca lance un gros son électro qui fait danser le public. Sur scène, les King Kong Meuf entament une Macarena suivie par le groupe. Bref, on s’éclate tous ensemble ! 

Changement de plateau pour accueillir Poésie Zéro ! Le public est hyper chaud (et hyper punk!). On démarre au son de “C4EST NOUS LES PUNKS”. Les musiciens entrent sur scène avec des costumes de rats, tandis que FX (chant) arbore la grosse tête blanche à crête verte qui est le logo du groupe. Les étincelles sont de sortie dès le début du concert et c’est parti pour la fête des punks ! Comme à son habitude, FX s’époumone dans le micro, tandis que Julius assure la partie mix. Il vient également asséner sa voix sur certains passages. On hurle avec le groupe les paroles qui nous permettent un certain exutoire. “TOUT 9A BRÜLE TR7S BIEN” déchaîne tout le monde. On saute, on danse, on crie… Le pogo est bien présent à l’avant. Le groupe reprend d’ailleurs les mecs torse nu qui se pavanent en son sein, sans forcément prendre en compte les personnes autour. A ce sujet, Julius n’hésite pas à utiliser le bouton pour le sample de la voix de FX qui hurle “Pov’merde”, ce qui ne semble pas avoir d’effet sur le public car les torses nus sont de plus en plus nombreux… Public peu concentré d’ailleurs, puisqu’ils hurlent positivement à tout ce que dit le groupe, y compris quand il demande si on aime le capitalisme et autres joyeusetés sociétales. On huera tout de même tous ensemble le gyrophare de la police, qui fait son entrée sur scène sous forme de bonhommes gonflables géants armés de matraques. Poésie Zéro lance alors “IL Y A DES FLICS PARTOUT”, collant parfaitement au thème de la journée. La formation a sorti un double album cette année : ALBUM BLEU, Pt 1 et ALBUM BLEU, Pt 3. Ceux-ci sont assez représentés ce soir avec notamment “AH OUAI SI J4AVAIS UN MILLIARD DE MILLIARDS”, “NON” ou encore “SABOTAGE”. L’air du “Pudding à l’Arsenic” résonne alors que démarre “C4EST VRAIMENT DE LA DROGUE” et que les lumières se font assez psychédéliques. “HYPERPUNK”, titre phare du double opus sorti il y a peu, est super (méga ultra giga hyper) efficace ! Le groupe enchaîne avec “POGOTER” histoire de continuer à faire flamber la salle ! Le wall of death voit s’affronter la partie gauche du public avec la partie à gauche du Julius, histoire que tout le monde soit bien placé à gauche ! “TON PAYS C4EST DE LA MERDE” est une ôde à l’anticolonialisme, qui finit par un nouveau “Siamo Tutti Antifascisti” puis “Nous sommes tous des enfants de Gaza”, ponctué par un lancer de confettis en forme de coeurs. Le nombre de titres joués est impressionnant. On passe par “PLUS PERSONNE N42COUTE DE SKA” ou “INVINCIBLE”. Arrive enfin “FUMIG7NES”, reprise approximative de Katy Perry, qui est à titre personnel, le morceau que j’ai le plus écouté cette année! Alors, évidemment, la fête est toujours plus grande, tout comme la chaleur dans la salle. Et enfin arrive le moment qu’on attendait tous.tes depuis le début de ce concert : “1312” en featuring avec Krav Boca ! Après cela, le groupe reprend la scène seul avec notamment “CAFARD” sur laquelle le public ne peut s’empêcher quelques références à Sarkozy. Julius porte le costume adapté au titre. Les étincelles nous accompagnent jusqu’au bout de la prestation. On repart à la fois vidés et pleins de combativité !

Cette soirée festive et engagée a fait un bien fou au moral. Alors que le monde part en vrille, réunir ces trois groupes est un véritable soin de santé mentale. Une soirée sous le signe de l’union, du collectif, du respect de chacun… Un moment qui fait du bien !  Merci encore à King Kong Meuf, Krav Boca et Poésie Zéro de partager cette énergie, et de produire des titres aussi parlants et qualitatifs ! On se dit à très vite ! 

Un grand merci à Elsa pour les accréditations, à Bords2Scènes pour l’organisation de la soirée et à toute l’équipe de l’Orange Bleue pour l’accueil.

---

There are certain dates that resonate more than others in the anti-fascist punk scene. And 13/12 is definitely one of them! It was for this special occasion that we made the trip from Lille to Vitry-le-François, in the Marne region. The evening was already shaping up to be exceptional, with King Kong Meuf opening, followed by Krav Boca and Poésie Zéro. Punk, punk and more punk! The evening was organised by Bords2scènes.

Review by Mégane

As seems to be customary, the evening kicks off fairly late, with doors opening at 8:30 p.m. and the first concert starting at 9 p.m. King Kong Meuf gets things underway. The band from Montreuil released their first album the day before. The set begins with ‘BoN APP’ and the anger is palpable from the outset. This is exactly what we come to see when we go to see the band: an outlet, a virulent critique of the patriarchal society maintained by older generations. The sound is excellent, allowing us to enjoy Yanis‘ guitar riffs as well as Jack‘s powerful bass. The two also participate in the backing vocals on certain tracks, screaming with all their might but with control, to complement the lyrics chanted by BeBe. Tracks such as ‘APoCALYPSE BEBE’ and ‘KAMiKAZE ETiNCELLE’ whip the audience into a frenzy. We sing along with pleasure. The delivery is fast, sometimes with a technical rap style to link together all the angry phrases that characterise the band. On stage, the bodies of the four musicians also speak, actively engaged in the protest struggle. The cover of ‘C’est Comme ça’ by Les Rita Mitsouko is remarkable. BeBe’s rather deep tone fits perfectly, and the band manages to bring this masterful track into its more punk Grr register. On ‘CHiFFoNs’, Jack nails us to the spot with her guttural voice. The torches make their entrance on ‘FEU’ and as ‘KASS1TETE / MoN AMoUR’ starts and DiDi (drums) plays with her flaming drumsticks, the tip of the torch falls and threatens to burn parts of the stage. While everyone is busy, it takes a few seconds, which seem like an eternity, before someone backstage reacts. During this time, the show continues as if nothing had happened, a sign of the band’s great professionalism and composure. At the end of this track, which ends with ‘Siamo Tutti Antifascisti’, the audience starts clapping until the next song begins. ‘APoCALYPSE BEBE’ gets everyone on the same page and the pogo starts to get really powerful. King Kong Meuf performs ‘REDFLAG’, normally featuring Irracible, who is unable to be present tonight. The powerful set ends with ‘PANiKABoRD’ and loud applause for this electric, energetic performance, which perfectly evokes anger at this society of domination and power games.

The evening continues with the iconic Krav Boca. No matter how many times we see them, we know that with them, every concert is different. After a rousing rendition of Free Palestine, they kick off with Mortier, a song packed with references to Les Béruriers Noirs. The band also released a collaboration with Loran from Les Béru the day before. We move on to ‘Panik’, which does nothing to calm the crowd as the mosh pit grows bigger and bigger. The sound of the mandolin rubs shoulders with guitar riffs, frenzied rhythms and rap vocals. Pyrotechnic effects managed by impressive performers make their entrance on ‘Tercian’. The show is visually impressive on a profound track that brilliantly tackles mental health. Sparks fly on ‘Brasero’ in a kind of festive struggle. A mysterious transition precedes ‘Heretic’, with an electro feel at the beginning, quickly giving way to punk rap. The two performers are in a kind of cocoon and move artistically, like an eight-limbed beast. The band, originally from Morocco, France and Greece, introduces us to a tradition from the latter country with ‘Canettes’. They ask the audience to throw their cups onto the stage and then engage in a giant battle of eco-cups. For once, these are not returnable, so everyone has a great time. Even King Kong Meuf, on the sidelines, join in! The audience sings along to a powerful rendition of ‘Siamo Tutti Antifascisti’ before ‘Fumigènes’ begins, during which several spectators climb onto the stage. The pyrotechnic show returns as mental health is addressed once again. The songs continue to flow and we sense that the finale is approaching. Yanis (King Kong Meuf) picks up the guitar and has a blast, much to our delight! The party is in full swing. When the concert ends, Krav Boca launches into a big electro track that gets the audience dancing. On stage, King Kong Meuf start a Macarena, followed by the band. In short, we’re all having a great time together!

Change of stage to welcome Poésie Zéro! The audience is super excited (and super punk!). We kick off to the sound of ‘C4EST NOUS LES PUNKS’. The musicians take to the stage dressed in rat costumes, while FX (vocals) sports the big white head with a green crest that is the band’s logo. Sparks fly from the start of the concert and the punk party is on! As usual, FX screams into the microphone, while Julius takes care of the mixing. He also lends his voice to certain passages. We scream along with the band, letting out our pent-up energy. ‘TOUT 9A BRÜLE TR7S BIEN’ gets everyone going. We jump, we dance, we scream… There’s a mosh pit at the front. The band picks up on the shirtless guys strutting around in front of them, without necessarily taking into account the people around them. On this subject, Julius doesn’t hesitate to use the button to sample FX’s voice shouting ‘Pov’merde’ (poor shit), which doesn’t seem to have any effect on the audience as the number of shirtless guys increases… The audience is not very focused, as they cheer enthusiastically at everything the band says, including when they ask if we like capitalism and other societal joys. Nevertheless, everyone boos the police siren, which makes its entrance on stage in the form of giant inflatable figures armed with batons. Poésie Zéro then launches into ‘IL Y A DES FLICS PARTOUT’, which fits perfectly with the theme of the day. The band released a double album this year: ALBUM BLEU, Pt 1 and ALBUM BLEU, Pt 3. These are well represented tonight, notably with ‘AH OUAI SI J4AVAIS UN MILLIARD DE MILLIARDS’, “NON” and ‘SABOTAGE’. The tune of ‘Pudding à l’Arsenic’ resonates as ‘C4EST VRAIMENT DE LA DROGUE’ kicks off and the lights become quite psychedelic. ‘HYPERPUNK’, the flagship track from the recently released double album, is super (mega ultra giga hyper) effective! The band follows up with ‘POGOTER’ to keep the crowd going wild! The wall of death sees the left side of the audience clash with the left side of the Julius, so that everyone is on the left! ‘TON PAYS C4EST DE LA MERDE’ is an ode to anti-colonialism, ending with another rendition of ‘Siamo Tutti Antifascisti’ followed by ‘We are all Children of Gaza’, punctuated by a shower of heart-shaped confetti. The number of songs played is impressive. We go through ‘PLUS PERSONNE N42COUTE DE SKA’ and “INVINCIBLE”. Finally, ‘FUMIG7NES’ arrives, a rough cover of Katy Perry, which is personally the song I’ve listened to the most this year! So, of course, the party gets bigger and bigger, as does the heat in the room. And finally, the moment we’ve all been waiting for since the beginning of the concert arrives: ‘1312’ featuring Krav Boca! After that, the band takes the stage alone, notably with ‘CAFARD’, during which the audience can’t help but make a few references to Sarkozy and his coakroach friend in jail. Julius wears a costume appropriate for the song. The sparks fly until the very end of the performance. We leave feeling both drained and full of fighting spirit!