Troisième jour de Motocultor qui s’annonce flamboyant ! La pluie a disparu, on nous annonce une journée complète avec près de 16 000 personnes pour un très bon programme puisqu’on retrouve Fange, Pothamus, Lysistrata, Sorcerer, Kalandra, RüYYn, Villagers of Ioannina City, Les Sheriff, Emmure, Jinjer, Sierra, Architects et Aborted.

Report par Victor BRUNERIE et Marye DAVENNE

Photos par Marye DAVENNE

English version below

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Fange (Dave Mustage)

Quoi de mieux pour commencer la journée qu’une bonne dose de sludge indus bien gras offerte par Fange. Les bretons sont ici chez eux et nous livrent une prestation dont ils ont le secret. C’est simple Matthias Jungbluth bouge dans tous les sens et vit chacun des titres joués en ce début de journée. Alors oui comme toujours on est pas sur le groupe le plus accessible de la journée, mais les plus téméraires ne perdront pas une miette d’un set d’anthologie! On a beau voir le groupe souvent on ne s’en lasse pas! Les musiciens ne sont pas en reste et balancent leurs meilleurs riffs et lignes de basse soutenus par la boite à rythmes dévastatrice qui les accompagne. La musique des bretons se vit et ce set au Motocultor a une fois de plus livré toutes ses promesses. On a qu’une hâte, c’est de le retrouver au plus vite par chez nous pour une nouvelle déferlante prête à résonner dans nos tympans.

Pothamus (Massey Ferguscène)

Même scène, même pays, même créneau! On va commencer à croire que le début d’après midi est destiné au post belge puisque Pothamus arrivent sur scène en lieu et place d’Hippotraktor la veille. Le groupe de Mechelen, que nous avions découvert en ouverture de Psychonaut à Eke-Nazareth en fin d’année dernière, va nous proposer son mix de sludge tribal et de post rock des plus réussis. Les morceaux longs nous laissent profiter des talents des trois musiciens et on nous emportent vers des contrées qu’on adore retrouver. Le chant de Sam Coussens est envoutant à souhait et son alternance entre clair et parties hurlées est juste incroyable dans nos oreilles. Son jeu de guitare est lui aussi très étonnant, car on le voit régulièrement s’abaisser et jouer la guitare posée à plat sur les genoux pour des sonorités toujours plus variées. La partie rythmique servie par Michael Lombarts à la basse et Mattias M. Van Hulle à la batterie renforce le côté tribal de la musique du trio belge. Et évidemment on oublie pas les sons très drones qui percement leurs compositions et qui vont voyager toujours plus loin. Les trois musiciens cueillent tout le public avec leurs compositions magistrales. Lorsqu’ils quittent la scène les applaudissements résonnent longtemps tant le public est resté médusé par ce set. Encore une fois Pothamus ont conquis nos cœurs, et on vous encourage vivement à aller les découvrir au plus vite.

Lysistrata (Bruce Dickinscène)

Après leur concert inoubliable à l’Aéronef de Lille en avril dernier il nous était impossible de manquer la prestation de Lysistrata de ce samedi après midi. Petite incursion très rock sur une journée très métal, mais le public est bel et bien présent pour ce set du groupe de Saintes. Ben Amos Cooper toujours en grande forme derrière ses fûts nous chante le meilleur de leur discographie, avec évidemment une place de choix accordée à Veil, le dernier album en date. Comme toujours l’envie de danser s’empare de nous et c’est parti pour le meilleur d’un rock tinté de post punk très anglais. Le public ne s’y trompe pas et ne manque pas une miette du show du trio. La force du groupe réside toujours dans le côté très très catchy des morceaux qui gardent pourtant une composition très travaillée et jamais simpliste. Un pur plaisir dont on ne se lasse pas et qui semble avoir fait mouche sur le public présent sous la tente de la Bruce.

Sorcerer (Supositor Stage)

Sorcerer ont pris la place numéro une des mes groupes de hardcore français (Marye) et il était hors de question de louper leur set. Alors c’est arborant mon plus beau t-shirt à l’effigie de leur dernier album, que nous sommes aux premières loges pour ce concert, et il y a du monde prêt à continuer les mosh incessant de Jesus Piece quelques minutes avant. Leur set est millimétré et on peut dire bravo à l’équipe son à la vue de la qualité sonore. On se croirait sur album sur certaines chansons. Les guitares grondent tel un rouleau compresseur, accompagné du chant de Dom, bien crié comme il faut, sans jamais être brouillon. Grande scène du festival, le public est séparé de la scène par des crash barrière et un grand couloir de sécurité. On sent que cela empêche l’ambiance hardcore de décoller à son apogée, comme lors de leur passage à Petit Bain, mais même si il n’y aura pas de stage dive aujourd’hui, les moulinets seront de sortie. Une prestation impeccable qui ne fait que souligner tout le talent de la formation parisienne.

Kalandra (Dave Mustage)

Vous dire qu’on attendait avec impatience le set de Kalandra est un doux euphémiste tant leur set avec Leprous l’an dernier au Splendid de Lille nous a marqué. C’est donc avec un grand plaisir que nous retrouvons l’univers des norvégiens et la douce voix de Katrine Stenbekk, toujours à cheval entre douceur et émotion brute. Le groupe nous présente les quelques morceaux déjà disponibles de A Frame Of Mind à venir le 13 septembre prochain, ainsi qu’une magnifique sélection de leur discographie passée. Le folk pop du groupe nous plonge dans les terres norvégiennes et dans les légendes que les peuples de ces régions se content depuis la nuit des temps. On ne décroche pas une seconde de leur performance magistrale, et lorsque Jogeir Daae Maeland lâche sa guitare pour son gemshorn on aura clairement les plus gros frissons de la journée. La musique de Kalandra fait du bien à nos âmes et à celles du public du Motocultor. On a clairement hâte de les retrouver en septembre prochain dans nos contrées lilloises pour un concert qui promet d’être une fois de plus inoubliable!

RüYYn (Supositor Stage)

Direction la Supositor pour assister à notre première rencontre live avec le black métal de RüYYn. Le groupe d’Angers vient nous présenter aujourd’hui des titres de son album Chapter II: The Flames, The Fallen, The Fury sorti en décembre dernier. En quelques secondes nous sommes frappés par la qualité de la prestation du groupe, qui aurait cependant mérité d’évoluer dans un endroit un peu plus sombre que la Supositor. Romain Paulet et ses acolytes nous livrent un show de haute volée qui nous fait rentrer sans effort dans leur univers. Leurs visages recouverts de de noir et de dorures nous plongent encore plus dans ce set clairement très réussi. Chaque morceau montre le talent de compositeur et d’interprète de Romain, créateur et tête pensante du projet. Une vraie belle découverte qu’on a hâte de retrouver très vite à Lille dans l’espace plus intimiste de La Brat Cave! On vous encourage vivement à aller les découvrir! 

Villagers Of Ioannina City (Massey Ferguscène)

Sur conseils de notre ami et confrère Gauvin nous nous rendons sous la Massey pour le concert des grecs de Villagers of Ioannina City, que l’on découvrira totalement en cette fin d’après midi. Le public présent en nombre semble attendre de pied ferme le groupe, et on comprendra très vite pourquoi! Leur prog rock boosté à la clarinette et à la cornemuse, toutes deux jouées de main de maître par Konstantis. Totalement subjugués par l’univers du groupe grec on se plonge avec joie dans ces compositions très travaillées où la voix d’Alex vient nous enchanter un peu plus. L’avantage du prog rock c’est que les musiciens ont la part belle, et les parties instrumentales proposées par le groupe sont clairement à tomber. Impossible de ne pas être dithyrambique devant un concert aussi qualitatif! On en vient même à se demander qu’est ce qu’on a fait toutes ces années à manquer les précédents passages de la formation, une erreur qu’on ne commettra clairement plus jamais. Le public est aux anges et l’ambiance sous la tente est clairement au beau fixe, on sent d’ailleurs le groupe ravi par cet accueil du public du Motoc. Après un set qui nous a fait découvrir de belles pépites de la discographie des grecs, dans laquelle on va vite se plonger, ils nous quittent sur une dernier titre qui résume parfaitement ce set d’anthologie. On tiens clairement là notre coup de cœur ultime du festival et on espère vraiment leur retour en France très rapidement pour aller profiter d’un concert plus long. Un mot résume parfaitement cette prestation: inoubliable!

Les Sheriff (Bruce Dickinscène)

Peu de punk à l’affiche cette année, mais une pointure du genre en France vient fêter ses 40 ans sous la tente de la Bruce, Les Sheriff. Après les avoir vu de nombreuses fois cette année, on avait hâte de les retrouver. Beaucoup beaucoup d’enfants ont pris place dans les premiers rangs, signe que la relève est bien là. L’énergie Olivier arrive toujours aussi en forme et avec son accent du sud toujours aussi agréable à retrouver. La force du groupe est de toujours proposer une setlist différente, ce qui fait qu’on ne se lasse pas de leur punk énergique. Les morceaux cultes du groupe sont repris en chœur par un public prêt pour un beau pogo bien punk! Les musiciens ne manquent pas d’énergie également et l’ambiance est vite électrique! Les morceaux cultes comme « A Coup De Batte » ou « Je Veux Savoir Pourquoi » côtoient les plus récents comme « A Montpellier » qu’on adore toujours autant chanter. Le show est parfait de bout en bout et on aime retrouver cette ambiance qui aurait mérité plus de présence sur l’affiche cette année. Un show immanquable qui a confirmé notre amour pour le groupe Montpellierain.

Emmure (Supositor Stage)

Depuis 2003, Emmure ont une place prédominante dans la scène metalcore américaine et c’est avec un enthousiasme non dissimulé que nous nous rendons sur la Supositor Stage pour enfin découvrir le groupe, où du moins la nouvelle formation où Frankie Palmeri au chant est le seul membre original. Dès les premières notes, leur metalcore est bien lourd et fait bouger les têtes de l’assemblée. Y’a pas à dire, ça déboite bien Emmure ! Alors que plus tôt dans la journée, les groupes de hxc se sont enchaînés, montrant les plus beaux sauts dans les airs, chez Emmure, ça ne saute pas mais ça fait des squats. Ca a l’honneur de nous faire sourire ! On est ici sur des morceaux très efficaces, qui savent taper là où il faut. Des textes qui nous parlent de relation amoureuse, de mal-être et tous ces maux, le metalcore est l’un des parfaits vecteurs pour expulser toutes nos émotions négatives et les morceaux d’Emmure un bel exemple. On remarque de nombreuses personnes qui connaissent les titres sur le bout des doigts, et ce fût signe d’un show maîtrisé de bout en bout.

Jinjer (Dave Mustage)

Lors de leur passage Lillois en juin 2023, nous avions à titre personnel loupé le concert de Jinjer, vacances oblige, mais notre reporter Orey nous avait compté un show assez dantesque. Nous avions hâte de découvrir les ukrainiens sur scène et nous sommes légèrement déçu. Est-ce la faute au problème de son de Tatiana Shmayluk pendant les quatre premiers morceaux, ou juste l’ambiance générale qui se dégage ? Je ne sais pas, mais nous n’arrivons pas du tout à nous mettre dans le concert. Scéniquement, on sent que le groupe prends l’espace, et chaque déplacement semble prévu à l’avance. On ressent clairement un manque de spontanéité. Un gros dommage pour la prestation de ce jour, et nous quittons Jinjer sur les deux derniers morceaux pour jeter un œil à l’infatigable Bernard Minet qui joue sur l’autre scène.

Sierra (Massey Ferguscène)

Remplaçant au pied levé Riverside, Sierra vient nous proposer sa darkwave devant un public qui semble impatient de découvrir ou retrouver l’artiste. Son stage design nous annonce clairement un show à ne pas manquer et on va vite comprendre pourquoi! La musicienne chante, frappe sur ses pads et fait résonner ses claviers avec brio. C’est clairement une pure claque visuelle et musicale qu’on reçoit, sachant que l’album A Story Of Anger nous avait déjà conquis! Le public danse sans s’arrêter et profite à fond de ce set qui confirme que la scène wave française regorge d’artistes impressionnant.e.s, et Sierra ne déroge pas à la règle! Le show est prenant et mis en valeur par un light show magnifique! L’heure de la tête d’affiche de cette soirée approchant on manquera la fin de la prestation mais on ressort de la tente avec la ferme intention de ne manquer aucun des prochains passages lillois de Sierra! Une confirmation totale du coup de cœur qu’on avait eu sur album, et un des tous meilleurs concerts du festival!

Architects (Dave Mustage)

Après avoir retourné le Jera On Air en début d’été, il était temps pour nous de retrouver Architects en tête d’affiche du Motocultor! Suivant le groupe depuis de nombreuses années nous sommes ravis de les voir être le groupe le plus attendu de cette journée du samedi, qui affiche d’ailleurs complet. C’est sur « Seeing Red » un de leurs derniers singles en date que les anglais arrivent sur scène et mettent tout le monde d’accord. Le metalcore d’Architects à clairement atteint sa forme la plus accessible, et ça n’est pas du tout une critique. Le public soutient un Sam Carter ravi d’être là et qui donne tout vocalement. Sur la setlist c’est toujours For Those That Wish To Exist qui a la part belle avec pas moins de cinq titres joués, dont l’excellent « Impermanence » qu’on hésitera pas à reprendre en chœur. Les slams et moshpits se multiplient et Dan Searle marque le pas avec son jeu de batterie toujours aussi énergique. Sam quittera sa veste blanche pour dévoiler un maillot de l’équipe de France de football et remerciera de nombreuses fois le public pour l’accueil qui leur est réservé. La surprise viendra de la présence de « These Colors Don’t Run », morceau clairement le plus ancien de la setlist qui enchantera les fans de longue date. Impossible de passer à côté des pépites que sont « Gravedigger » et ses fameux Bleghs ou encore « Royal Beggars » qui nous émeut à chaque fois. Mais le plus gros moment d’émotion du set reste « Doomsday » morceau hommage à Tom Searle disparu il y a déjà huit ans! Le public n’hésitera pas à s’époumoner sur ce titre majeur de leur discographie. La fin approche lorsque « Meteor » arrive et la scène s’éclaire une fois de plus pour le désormais culte « When We Were Young ». Le groupe nous remercie une dernière fois pour cet accueil chaleureux et lance « Animals » en véirtable apothéose d’un set qui ne cesse d’émerveiller avec cette magnifique scénographie et des performances toujours uniques d’un groupe qui marque nos vies depuis de longues années.

Aborted (Supositor Stage)

Pour terminer la journée en beauté, on part retrouver les belges d’Aborted sur la Supositor. Habitués du festival, le groupe qui nous en avait mis plein la vue à La Machine Du Moulin Rouge en mars dernier, retrouve un public prêt à tout donner pour faire de ce concert un moment inoubliable. Le horror brutal death des belges a toujours cette capacité à nous accrocher dès les premières minutes, et la prestation vocale et scénique de Sven De Caluwé n’y est pas étrangère. Les titres s’enchaînent à grande vitesse et les blast beats viennent achever nos tympans déjà bien éprouvés à la fin de cette troisième journée. Le musicien s’adresse au public assez régulièrement en incitant à plus de mosh et surtout à faire des jumping jacks dans la fosse! Car oui Aborted c’est aussi du sport! Les morceaux de Vault Of Horrors se mêlent aux classiques de la discographie et donnent au public une belle vision de ce dont les belges sont capables. C’est sur le dernier titre que nous commenceront à rejoindre le camping pour une nuit de repos bien méritée, totalement satisfaits de terminer sur ce set destructeur d’un groupe qui n’a de cesse de nous proposer le meilleur à chacun de ses passages.

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The third day of Motocultor promises to be a flamboyant one! The rain has disappeared, and we’re told it’s going to be a full day with almost 16,000 people and a great line-up, including Fange, Pothamus, Lysistrata, Sorcerer, Kalandra, RüYYn, Villagers of Ioannina City, Les Sheriff, Emmure, Jinjer, Sierra, Architects and Aborted.

Review by Victor BRUNERIE et Marye DAVENNE

Pictures by Marye DAVENNE

Fange (Dave Mustage)

What better way to start the day than with a good dose of greasy indus sludge from Fange. The band from brittany are right at home here, delivering a performance that’s right up their alley. Matthias Jungbluth moves in all directions and lives each track played at the start of the day. So, yes, as always, this isn’t the most accessible band of the day, but the more adventurous won’t miss a minute of this anthology set! No matter how often you see the band, you just can’t get enough of them! The musicians are not to be outdone, throwing down their best riffs and bass lines, backed up by the devastating drum machine that accompanies them. The Breton band’s music is something to be experienced, and this set at Motocultor once again lived up to all its promises. We can’t wait to see them back in our neck of the woods for a new wave of music ready to echo in our eardrums.