Le deuxième jour des Chariots Furieux s’annonce costaud, avec l’ouverture d’une deuxième scène et une ouverture avec une amplitude horaire bien plus large. L’après-midi fait la part belle aux groupes locaux avec Dear Liars, One More Slave, Dadabovic ou encore la formation étonnante False Vs Gummo. Au programme également d’autres groupes français avec Akiavel, Rue de la Forge et Lofofora. March fait office de touche néerlandaise. Une bonne dose de Punk, Rock et Metal en tout genre a donc déferlé sur Caudry! 

Article par Mégane

Photos par Marye DAVENNE

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Nous retrouvons le site du festival après avoir passé notre nuit sur le camping des Furieux, peu fourni et donc plutôt tranquille. L’organisation a été aux petits soins avec café et viennoiseries, des attentions très appréciées, alors même que le camping est gratuit. 

C’est Dear Liars qui ouvre la journée sur la scène Vivat, ouverte exclusivement ce jour. La scène est couverte par une installation du centre sportif, et offre une place largement suffisante que ce soit pour le public ou pour les groupes. Un joli terrain de jeu rapidement investi par la formation qui offre une prestation énergique. Le groupe offre une hardcore original, teinté de rock, avec parfois des effets vocaux qui offre un autre dynamisme. Des two steps timides font leur apparition. Le public est au rendez-vous, et, le monde appelant le monde, la fosse se remplit de minute en minute. Le set se teinte également d’influences metal, piochant parfois dans les styles extrêmes, avec parcimonie. “The Ying and The Yang” est jouée en exclusivité ce jour. On espère voir ce titre bientôt sur un album (ou un EP!), Ouroboros, le dernier du groupe, datant de 2020. L’énergie positive et agressive de Dear Liars met en jambe pour la journée, et on verra même un wall of death ponctuer ce set. Une très belle entrée en matière! 

On enchaine avec un style différent, mais toujours dans le local. Les lillois de One More Slave viennent ambiancer le festival avec leur rap metal. L’association des deux chants est d’une efficacité redoutable. Le groupe ne nous laisse aucun répit. Le public répond instantanément à l’énergie véhiculée sur scène. Quelques samples aux allures de hip-hop old school viennent renforcer l’univers de One More Slave. Mégaphone et drapeau palestinien offrent un aspect revendicatif. Le public donne tout, et encore plus lorsque le groupe annonce qu’un possible clip pourrait sortir, filmé à ce moment même. “Sommeil” a ce côté bien énervé, revendicatif, signe d’une culture alternative qui veut tout faire péter. Le groupe parle peu, et communique principalement via ses compositions. Ils enchainent afin de respecter le timing, tout en nous offrant un maximum de titres. Cela faisait un moment que je ne les avais pas vus, et force est de constater que One More Slave a pris en ampleur et a réellement travaillé son projet. Un groupe à suivre et à (re)voir! 

On retrouve la scène de Vivat. Au fond de celle-ci, des skateurs sont accueillis et se mettent au défi de réaliser figure sur figure devant un public de festival admiratif. Sans que cela ne soit énormément mis en avant, ce genre de détail offre un plus à l’évènement, mettant une ambiance sympathique. Rue de la Forge vient fouler la scène et attirer tous les regards. Et là encore on sent l’éclectisme du festival, qui a à cœur de nous faire découvrir tout un panel de groupes, tout en prouvant que le metal / rock / punk est particulièrement varié. Ici, Rue de la Forge nous amène un métal celtique tout droit venu de Vendée. Le chant est souvent parlé, presque slamé, à la manière d’un Manau, mais sur une musique plus métal, avec des riffs qui nous ambiance. Des samples viennent également agrémenter leurs compositions. Celles-ci sont à la gloire des celtes, ancêtres gaulois, des combattants de jadis, dans une ambiance d’ode à la bière. Le violon apporte une ambiance taverne. On avoue être plus attiré par les messages festifs que par la promotion des guerriers, mais il en faut pour tous les goûts! Et on doit reconnaître un vrai univers à Rue de la Forge. Le groupe lance un circle pit des guerriers de la fosse, particulièrement suivi. Ils finissent leur show en adéquation avec leur univers, épées plantées dans le sol. 

On revient sur la scène Leavers mais aussi dans le Nord avec Dadabovic. Le groupe est bien connu dans la région, tournant un peu partout. Si vous les avez vus sur une affiche, vous vous en souvenez forcément. En effet, ils ont un univers très travaillé et original. La folie est présente dans leurs textes, leurs costumes et leur énergie. Le Professeur Dadabovic nous emmène dans les tréfonds de la psyché avec la violence de l’esprit torturé. Oraneshka, infirmière au bras dans la plâtre, apporte cette folie totale par son regard et son attitude scénique incroyablement possédée. Dadabovic a également intégré l’univers de Star Wars dans celui du médical, et étonnamment, ça fonctionne à merveille! Une armée de combattants, sabres lasers à la main, vient donc envahir la scène pour une battle épique. Entre hôpital psychiatrique et convention geek, le show est total. Ainsi “Dark Father” ou “Sith and Destroy” viennent faire fusionner ces deux univers. Le public est totalement embarqué. Bref une réussite totale pour ce groupe unique ! 

Il est 20h, et visiblement c’est l’heure de la bagarre. False et GUMMO s’associent ce soir pour un set démentiel. Le hardcore puissant des premiers vient se joindre au Grindcore/powerviolence de l’autre. Et ils ne sont pas venus pour enfiler des perles… Le dispositif est exceptionnel, et la scène semble totalement envahie. Ça bouge dans tous les sens, ça saute, ça assène un chant ultra violent sur un rythme survolté et des riffs d’une agressivité totale. On observe même un fan se lancer de la scène avec son skate directement dans le pit. Le projet False vs GUMMO auquel nous assistons est le résultat d’une résidence commune, qui a totalement porté ses fruits. L’esprit acab est présent et nous va droit au cœur. Les titres sont évidemment très rapides, avec une efficacité redoutable. Les musiciens se clashent amicalement, alors que le public a ouvert un pit endiablé. Le two step et les moulinets sont de sortie ! On ne voit pas le temps passer en compagnie de ce double groupe qui nous met une gifle musicale totalement plaisante. Le set se finit par “La Bagarre”, totalement à propos et qui ne résume on ne peut mieux ce moment. 

On quitte les groupes locaux, qui ont occupé la majeure partie de la journée et le début de la soirée, pour arriver au moment des têtes d’affiche du festival. C’est Akiavel qui ouvre le bal sur la scène Leavers. On retrouve le côté folie possédée de Dadabovic dans l’attitude de Aurélie Gérard. Son chant est incroyablement puissant et elle montre à merveille l’aspect torturé de l’esprit humain. Sur une base de death mélodique, le groupe vient distiller des éléments de trash notamment. Leur sonorité est d’une lourdeur tout à propos. Leur gestuelle nous embarque dans leur univers. On sent un côté exutoire à la violence dans leurs compositions travaillées. La setlist fait la part belle à InVictus, paru en avril dernier. C’est par exemple le cas de “Violet” titre d’une richesse folle. Le public réagit aux différents morceaux et aux ambiances, beaucoup connaissant déjà le groupe. Akiavel nous hypnotise durant presque une heure, sans jamais nous lâcher. Un concert comme on les aime sur les festivals ! 

Le seul groupe étranger vient faire son apparition sur la scène Vivat. Il s’agit de March, groupe néerlandais que l’on découvre pour notre part. La formation fait la part belle aux femmes sur scène avec notamment le chant de Fleur van Zuilen. Celui-ci est très punk dans l’esprit. Musicalement on est sur la même influence, avec des passages plus rock’n roll et même quelques notes de hard rock. La journée a déjà été bien mouvementée mais la fatigue n’empêche pas les stage dive qui s’élancent rapidement. Leurs compositions sont hyper entrainantes et l’esprit riot punk’n roll est incroyablement prenant et original. On se demande comment on a pu passer à côté du groupe. Nous ne sommes visiblement pas les seuls, car lorsque la formation demande à main levée qui est là pour la première fois, il semblerait que nous soyons à l’unanimité dans la découverte. Leur présence scénique est sans conteste, ils habitent la scène de manière naturelle. Leur maîtrise embarque tout le monde, et on se plonge totalement dans leur musique aux rythmes endiablés. Le wall of death atteint la console. On est pleinement conquis par la prestation des néerlandais, et on se promet de se plonger dans la discographie au plus vite. 

La soirée est bien avancée et le moment tant attendu arrive : Lofofora vient fouler la scène des Chariots Furieux. Je vous avoue en avoir fait mon thème de l’été puisque j’en suis à ma troisième prestation du groupe en moins de mois (et une quatrième est déjà prévue). En effet, le groupe tourne absolument partout. Sauf lorsque des auteurs de VSS sont présents sur scène. Lofofora est engagé et tient à ce que ces événements restent des safe place. C’est ainsi que le concert est précédé par des consignes de respect de chacun. Reuno débarque ensuite avec son charisme légendaire. On est toujours aussi ravi de retrouver l’énergie si positive et revendicative à la fois que procure le groupe. Leurs messages nous vont droit au coeur et leurs titres agressifs viennent faire exutoire face à toute la violence de la société. Lofofora est un groupe unique, engagé et d’une humanité totale. D’ailleurs un des photographes accrédité est en fauteuil roulant, et les crashs barrières ne lui sont pas accessibles. Qu’à cela ne tienne, Lofofora organise les choses pour que chacun puisse avoir sa place, bénéficier du concert, faire son travail dans les meilleures conditions possibles. Malgré le back drop à l’image de Coeur de cible, dernier album sorti en 2024, le groupe va piocher dans sa discographie riche et nous interprète par exemple “La Chute”, datant de 1996. Les prises de paroles de Reuno font vraiment du bien, et sont totalement en adéquation avec ce que défend également Sounding Shivers. “A toutes les victimes on vous croit, à tous les agresseurs on vous voit et on vous aura” est un mantra qui va droit au coeur lorsque Reuno l’assène avec une vraie authenticité. De manière plus imagée, après “Macho Blues”, titre sur l’emprise et les VSS, le groupe propose de séparer l’homme de l’artiste… au sécateur. Leur énergie est un carburant incroyable qui donne envie d’avancer, et qui permet de se sentir moins seul face à une société toujours plus méprisante et violente. Leurs compositions, récentes comme anciennes, gardent leur efficacité. Lofofora clôt ce festival avec “Buvez du cul” titre phare de leur discographie qui rend le public euphorique. Lofofora est un groupe que l’on prend toujours autant de plaisir à voir. Nous aurons d’ailleurs l’occasion de vous en reparler à l’occasion de leur passage au Kilowatt (Vitry sur Seine) le 19 juillet en compagnie de Moscow Death Brigade, Darcy, et Rotofil Khonaar et Train Fantôme. 

 

Notre première venue au festival des Chariots Furieux a donc été un franc succès. Nous avons pris beaucoup de plaisir durant ce week-end riche. Que ce soit côté programmation à la fois cohérente et éclectique ou côté organisation et site, nous avons été totalement convaincus! On attend la prochaine édition avec hâte! 

Un grand merci à Pauline pour les accréditations, à toute l’équipe des Chariots Furieux pour l’organisation au top et pour leur confiance et à tous les bénévoles et aux équipes du festival pour ce week-end des plus réussis!

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The second day of Les Chariots Furieux promises to be a strong one, with the opening of a second stage and a much wider opening schedule. The afternoon is all about local bands with Dear Liars, One More Slave, Dadabovic and False Vs Gummo. Other French bands on the programme include Akiavel, Rue de la Forge and Lofofora. March provides the Dutch touch. A good dose of punk, rock and metal of all kinds hit Caudry!

Review by Mégane

Pictures by Marye DAVENNE

We arrived back at the festival site after spending the night at the Les Furieux campsite, which wasn’t overcrowded and was therefore rather quiet. The organisers had taken great care to provide us with coffee and pastries, which were much appreciated, even though the campsite was free.

Dear Liars opened the day on the Vivat stage, which was open exclusively on this day. The stage is covered by a sports centre facility, and offers ample space for both the audience and the bands. The band quickly took over the stage and put in an energetic performance. The band’s original hardcore sound is tinged with rock, with the occasional vocal effect adding another dynamic touch. Some timid two-steps made an appearance. The crowd was in for a treat, and with the world calling the world, the pit filled up by the minute. The set was also tinged with metal influences, occasionally dipping into extreme styles, albeit sparingly. ‘The Ying and The Yang’ was played exclusively today. We hope to see this track on an album (or EP!) soon, as Ouroboros was the band’s last, back in 2020. The positive, aggressive energy of Dear Liars gets you in the mood for the day, and there’s even a wall of death to punctuate the set. A great start to the day!

Next up: a different style, but still local. Lille’s One More Slave set the festival alight with their rap metal. The combination of the two vocals is frighteningly effective. The band leave us no respite. The audience responds instantly to the energy on stage. A few samples of old school hip-hop reinforce the One More Slave universe. A megaphone and a Palestinian flag add to the protest aspect. The audience gave their all, and even more so when the band announced that a possible video clip might be released, filmed at this very moment. ‘Sommeil’ has an edgy, protesting feel to it, a sign of an alternative culture that wants to blow things up. The band say very little, communicating mainly through their compositions. They follow on from each other in order to respect the timing, while offering us as many tracks as possible. It’s been a while since I’ve seen them, and it’s clear that One More Slave have grown in stature and really worked on their project. A band to follow and (re)see!

The Vivat stage is back. At the back of the stage, skateboarders are welcomed and challenged to perform figure after figure in front of an admiring festival audience. Although it’s not given much prominence, this kind of detail adds to the atmosphere of the event. Rue de la Forge took to the stage to attract all eyes. Once again, the eclecticism of the festival is evident, as it is keen to showcase a whole range of bands, while proving that metal/rock/punk is a particularly varied genre. Here, Rue de la Forge bring us Celtic metal straight from the Vendée. The vocals are often spoken, almost slamming, in the manner of Manau, but on a more metal soundtrack, with atmospheric riffs. Samples are also used to embellish their compositions. These are to the glory of the Celts, the Gallic ancestors, the fighters of yesteryear, in an ode to beer. The violin adds to the tavern atmosphere. We admit to being more attracted by the festive messages than by the promotion of warriors, but there’s something for everyone! And Rue de la Forge have a real world of their own. The band launch a circle pit of warriors from the pit, which is particularly well attended. They finish their show in keeping with their universe, swords planted in the ground.

We’re back on the Leavers scene, but also in the North with Dadabovic. The band are well known in the region, touring just about everywhere. If you’ve seen them on a bill, you’ll remember them. Indeed, they have a very elaborate and original universe. The madness is present in their lyrics, their costumes and their energy. Professor Dadabovic takes us into the depths of the psyche with the violence of a tortured mind. Oraneshka, a nurse with her arm in plaster, brings this total madness with her incredibly possessed look and attitude on stage. Dadabovic has also integrated the Star Wars universe into the medical one, and surprisingly, it works wonderfully! An army of fighters, lightsabers in hand, invade the stage for an epic battle. Somewhere between a psychiatric hospital and a geek convention, the show is total. Dark Father‘ and ’Sith and Destroy » bring these two worlds together. The audience is totally engrossed. In short, a total success for this unique band!